Chronique Asie, CFNEWS
L'actualité des deals, des investisseurs et conseils en Asie compilée par nos analystes... Quoi de neuf dans le Private Equity et le M&A en Asie cette semaine?
- Les Deals -
Environnement : Veolia (France / Chine)
Veolia Environnement a émis avec succès un Panda Bond d'1 milliard de yuans (135 M€) (Panda Bond signifie une obligation émise en devise chinoise sur le marché domestique chinois). Cette opération, la première d’un groupe français, a été émise dans le cadre d’un placement privé et porte un coupon de 3,50 % pour une maturité de 3 ans. L’émission fait partie d’un projet d’un montant de 15 milliards de yuans (soit 2 Md€) pour une durée de deux ans. Bank of China et Gide ont conseillé l’émetteur, Standard Chartered, BNP Paribas et Crédit Agricole CIB ont été conseils financiers. Présent en Chine depuis 20 ans, Veolia y a réalisé en 2015 un chiffre d’affaire de 1,25 Md€ (sur 24,9 Md€ de revenus mondiaux) au travers de 60 contrats répartis sur 40 villes. En parallèle, Veolia noue un partenariat avec l’équipementier télécom privé Huawei pour proposer des solutions objets connectés dans le domaine des villes intelligentes.
Semi-conducteur : EpiGaN / ACapital (Belgique / Chine)
Dirigé par André Loesekrug-Pietri, le fonds sino-européen A Capital s’invite au capital du belge EpiGaN pour financier l’expansion internationale notamment en Asie. Aucun détail financier de l’opération n’a été communiqué. Fondé en 2010 par Marianne Germain, Joff Derluyn et Stefan Degroote via un spin of de Imec - institut belge - , la cible fabrique des matériels GaN-on-Si et GaN-on-SiC (Silicon Carbide) pour des équipements de HEMT (High Electron Mobility Transistor) et de fréquence radio. Le nitrure de gallium (GaN) est un semi-conducteur révolutionnaire dans le secteur de l'énergie en permettant la réduction de la perte énergique. Il est appliqué dans de divers secteur, tels que le réseau de distribution d’électricité, les onduleurs photovoltaïques, capteurs industriels ou encore dans les objets connectés. Pour rappel, trois investisseurs ont, en 2011, apporté une enveloppe de 4 M€, parmi eux figurent Capricorn Cleantech Func, Limburgse Reconversie Maatschappij (LRM) et Robert Bosch Venture Capital.
Télécom : Wind et Tre (Italie / Chine / Russie)
Les autorités européennes ont donné le feu vert à la fusion entre Wind, marque du russe VimpelCom, et Tre, marque du chinois Hutchison. Le russe et le chinois détiennent à parité le nouvel ensemble, doté de 31 millions de clients mobiles et 28 millions fixes et 6,25 Md€ de chiffre d’affaires consolidé. En donnant son accord à la fusion, la Commission européenne permet en même temps à Free, un quatrième opérateur, d’étendre son périmètre en Italie. Elle confirme ainsi la ligne que dessinaient les précédents vetos : refus de passer de 4 à 3 opérateurs sur un marché national pour maintenir une concurrence effective. Pour rappel, contrôlé par le magnat hongkongais Li Ka-shing, Hutchison n’a pas obtenu l’accord pour le rapprochement au Royaume-Uni entre O2 (Telefonica) et Three (Hutchison), en raison du veto de la commission européenne.
Industries : Manoir Industries (Yantai Taihai) / Siderval (France / Chine / Italie)
L’industriel italien Calvi Holding ouvre le capital de sa filiale de la métallurgie Siderval au français Manoir Industries. Détenu par le groupe chinois Yantai Taihai, l’investisseur débourse 26,6 M€ contre 41,6 % du capital.
Construction navale : STX (France)
Le groupe sud-coréen STX Offshore & Shipbuilding se préparerait à céder sa filiale de construction navale française, les chantiers de Saint-Nazaire. Il a déjà mandaté la firme PwC pour l’audit. Depuis 2008, les chantiers de Saint-Nazaire sont détenus à deux-tiers par le sud-coréen et le solde pour l'Etat français. Placé en redressement judiciaire, le groupe coréen est tenu de présenter un plan de sauvegarde à la justice de son pays le 9 septembre prochain. La justice sud-coréenne pourrait placer le groupe STX en liquidation judiciaire. Pour sa filiale française, le gouvernement français dispose d'un droit de regard sur leur vente, la collectivité locale région des Pays de la Loire pourrait également entrer au capital.
Transports aériens : Lufthansa / Air China (Allemagne / Chine)
Lufthansa et Air China devrait finaliser un joint venture à la fin du mois. Après plus de deux ans de négociations, cette création de coentreprise devrait permettre à deux compagnies de partager leurs revenus et coordonner leurs routes. L’an dernier, Lufthansa a conclu un accord similaire avec Singapore Airlines, l’ajoutant à son noyau fort de partenaires qui comprend par ailleurs United Airlines, Air Canada et All Nippon Airways. Pour rappel, Lufthansa et Air China disposent déjà d’une co-entreprise chinoise Ameco Beijing (à 40/60), créée en 1989 et aujourd’hui le plus grand fournisseur en maintenance aéronautique en Chine.
Restauration : Yum China / Ant Financial (Chine / Etats-Unis)
Propriétaire de KFC, Yum Brands ouvre le capital de ses activités chinoises au fonds Primavera Capital et Ant Finantial, propriétaire de la plateforme de paiement numérique Alipay. Primavera et Ant Financial déboursent 460 M$ pour de 4,3% à 5,9% dans Yum China, au gré du cours de l'action. L'accord comporte une clause interdisant à Primavera et à Ant Financial de porter leur participation dans Yum China au-delà de 19,9 %.
Pour rappel, le propriétaire de KFC et Pizza Hut scindrait sa filiale chinoise, qui représente plus de la moitié de ses ventes totales, sous la pression de Corvex Management, société de l'actionnaire activiste Keith Meister. La scission doit intervenir le 31 octobre et la cotation de Yum China à New York débutera le lendemain.
Restauration : McDonald's China (Chine / Etats-Unis)
Frappé par une série de scandales d'approvisionnement en Chine, McDonald’s a mandaté la banque Morgan Stanley pour organiser la vente de ses 2 800 restaurants en Chine, à Hong Kong et en Corée du Sud. Il propose une franchise de vingt ans aux éventuels repreneurs. Les américains Carlyle et TPG Capital se sont, chacun de leur côté, associés respectivement à Citic et à Beijing Capital Agribusiness Group, pour présenter des offres sur les enseignes en Chine et à Hong Kong, dont la valeur est estimée entre 2 et 3 Md$. La cession en Chine, représentant plus de 85 % des enseignes mises en vente, a attiré au total 6 offres, dont China Cinda AM, et le tandem Beijing Tourism Group et Sanpower Group.
Aircraft Leasing : Avolon / CIT Leasing (Chine / Irelande / Etats Unis)
Avolon Holdings, filiale irlandaise de location d’avions du chinois HNA Group (lire aussi), pourrait conclure un accord pour acquérir les activités aircraft leasing de l’américain CIT Group. Le montant de la transaction devrait s’élever à 3 ou 4 Md$. Parmi les prétendants figurent également le japonais Century Tokyo Leasing et l’assureur chinois Ping An. Disposant d’une flotte de 330 d’appareils, la cible se positionne en top 10 des loueurs d’avions du monde.
Energie : State Grid Corporation of China / CPFL (Chine / Brésil)
Le gestionnaire public chinois de réseau, transporteur et distributeur d'électricité State Grid Corporation of China (SGCC) rachète 23,6 % du brésilien CPFL auprès du groupe privé Camargo Correa pour 1,87 Md$. Le troisième producteur d’électricité du pays, CPFL capte par ailleurs 13 % du marché local de distribution. Épinglé dans la scandale de corruption, le cédant Camargo Correa souffre de problèmes financiers et vend ainsi des actifs pour redresser son bilan. Par ailleurs, l’investisseur chinois SGCC souhaite également racheter les activités brésiliennes de l’espagnol Abengoa, dont la valeur est estimée à 305 M$ selon Bloomberg.
Pour rappel, le gestionnaire du réseau belge d’énergie Eandis avait, en juin dernier, sélectionné le chinois SGCC pour son augmentation de capital réservée. A l’issue de l’opération, SGCC en détiendra ainsi 14 % du capital. Néanmoins, les investissements chinois dans l'électricité ne sont pas toujours bienvenus. En Australie, le cession d'une part majoritaire de 50,4 % du plus grand réseau d’électricité du pays Ausgrid a déclenché un débat car deux seuls chinois : SGCC et CK Infrastructure sont en lice. Les autorités pourraient rejeter les investissements chinois dans les infrastructures "stratégiques" pour une préoccupation sur la sécurité d’état.
Chimie : ChemChina / Syngenta (Chine / Suisse)
L’autorité américaine CFIUS a donné le feu vert sur l’acquisition du chimiste et semencier bâlois Syngenta par le géant chimique public chinois ChemChina (lire aussi : ChemChina lance une OPA de 43 Md$ sur Syngenta). Cet accord donne l’espoir pour une autre méga acquisition dans le même secteur : le groupe chimique et pharmaceutique allemand Bayer propose plus de 65 Md$, soit environ 58 Md€, pour remporter l’américain Monsanto.
Internet : Tencent Holdings / Foxconn / Hike Messenger (Chine / Inde)
Deux chinois Tencent Holdings et Foxconn ont apporté une enveloppe de 175 M$ à la messagerie instantanée mobile indienne Hike Messenger sur la base de valorisation de 1,4 Md$. Concurrent direct de l’américain WhatsApp sur le marché indien, la cible a été fondé en 2012 par Kavin Bharti Mittal, fils de milliardaire Sunil Mittal. Revendiquant 100 millions d’utilisateurs, Hike avait déjà levé au total plus de 260 M$ depuis sa naissance.
Football : Liverpool FC (Grande Bretagne)
Le groupe financier chinois Everbright s’associe au fonds britannique PCP Capital Partners, dirigé par Amanda Staveley, pour investir dans le club britannique Liverpool FC. Le club est détenu aujourd’hui par l’américain Fenway Sports Group, présidé par John W Henry. Ce dernier a mandaté la banque d’affaires Allen & Co pour étudier le dossier (lire aussi l’article CFNEWS : OL Groupe fait entrer un chinois et la série d'investissements spectaculaires d'entreprises chinoises dans le football en Europe).
- Nominations -
Fonds : Unigestion Asie (Singapour)
Après deux années passées à la Caisse de Dépôt et Placement du Québec en tant que directeur général Asie-Pacifique, Edouard Merette (photo ci-contre) rejoint Unigestion Asie en tant que président non-exécutif du conseil d'administration. Basé à Singapour depuis plus de quinze ans, ce diplômé de l'université canadienne Laval, qui a notamment exercé durant sept ans chez Aon Hewitt comme président et chef de la direction en Asie-Pacifique, remplace à ce poste Bill Foo. Ce dernier, qui assurait la présidence d'Unigestion depuis cinq ans, demeure membre du conseil. Présent en Asie depuis l'ouverture de son bureau de Singapour en 2007, Unigestion, qui gère près de 18 Md€, regroupe plus de 200 employés dans le monde, dont 14 en Asie. Forte d'un peu plus de 2,9 Md€ d'actifs sous gestion en private equity, la société de gestion suisse vient tout juste de réunir 177 M€ pour le premier closing de son quatrième fonds de capital-investissement secondaire (lire aussi : Premier closing pour USO IV).
Bonne semaine à tous.
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