Chronique Asie, CFNEWS
Chaque semaine, CFNEWS vous propose l'actualité des deals, des investisseurs et conseils en Asie et "cross-border" et les nominations... Quoi de neuf dans le Private Equity et le M&A en Asie cette semaine?
- Les Deals -
Internet & E-service : Jumei.com (Chine / USA / France)
Le site d'e-commerce chinois dédié aux produits cosmétiques Jumei.com viserait 400 M$ lors de son IPO au Nasdaq. Le détail de l’opération n’est pas encore divulgué. Selon des médias, le montant de la capitalisation boursière pourrait dépasser 3 Md$. Fondée en 2009 par Leo Chen Ou, la société chinoise revendique 10,5 millions utilisateurs actifs jusqu’à la fin 2013, contre seulement 1,3 millions en 2011. Elle a doublé l’an dernier le chiffre d’affaires de 2012 (223,2 M$) pour atteindre 482,9 M$ pour un résultat net de 25 M$, contre 8,1 M$ au cours de l’année précédente. Selon Frost & Sullivan, Jumei.com capte environ 22 % du marché chinois de cosmétiques en ligne. 49 % des revenus du groupe proviennent de son application mobile ce premier trimestre.
Pour rappel, en 2011, elle avait d'abord levé 7,2 M$ auprès du VC américain Sequoia et d’un fonds chinois K2, suivi, quelques mois après d'un deuxième tour de 6 M$ apporté par Ventech China et un investisseur hongkongais (lire aussi notre bulletin précédent : Ventech investit dans Zhenpu Education).
Agroalimentaire : Diageo - United Spirit (Angleterre / Inde)
Le leader mondial des alcools et spiritueux Diageo, coté à Londres, souhaite passer sa part de 28,8 % à 54,8 % dans son homologue indien United Spirits, coté à Bombay, moyennant le versement de l'équivalent de 1,9 Md$ (1,4 Md€). A l’issue de la transaction, United Spirits restera coté en Inde. Fort de 11,4 Md£ de revenus, Diageo, numéro un mondial- toujours devant son homologue Pernod Ricard- exploite des marques reconnues telles que la vodka Smirnoff, le whisky Johnnie Walker ou encore la bière Guiness. Exploitant un portefeuille de 140 marques au total, la cible, basée à Bangalore, se spécialise dans le whisky indien, disposant de quelques labels de scotch et de beaucoup de brandy. Pour rappel, l’anglais Diageo avait, en juillet dernier, racheté Sichuan Quanxing Group (Quanxing), propriétaire de l’une des plus célèbres marques d'alcools blancs chinois (Bai Jiu 白酒) Shui Jing Fang. Diageo détient ainsi aujourd’hui 39,71 % de cette marque prestigieuse chinoise, datant de 1408 (lire aussi notre bulletin précédent : Diageo détient indirectement 39,71 % de Shui Jing Fang).
Au début de cette année, les alcools et spiritueux ont déjà opéré leur mouvement de consolidation via une opération d’envergure. Le propriétaire d'Orangina Schweppes nippon Suntory avait lancé, en janvier dernier, une OPA de 16 Md$ (dette comprise), dont 13,6 Md$ en cash, sur le groupe américain de spiritueux Beam, coté à New York. Cette opération devrait donner naissance au numéro trois mondial derrière Diageo et Pernod Ricard, en remplaçant l'américain Bacardi (lire aussi notre bulletin précédent : Suntory rachète l’américain Beam). Deux mois plus tard, le groupe japonais a continué à remplir son panier avec une acquisition de 26 % de l’indien IMFL (Indian-made foreign liquor) auprès de l’indien Radico Khaitan, le troisième plus grand producteur d’alcool du pays, pour environ 97 M$ (lire aussi notre bulletin : Suntory acquiert IMFL).
Distribution : House of Fraser - Sanpower (Angleterre / Chine)
Les magasins britanniques House of Fraser passent sous pavillon chinois. Le conglomérat privé chinois Sanpower a acquis 89 % de cette institution, créée en 1849 à Glasgow en Ecosse, qui a été un temps convoitée par les Galeries Lafayette. Le groupe chinois devrait débourser 480 M£ (580 M€) pour cette transaction alors que Mike Ashley, fondateur du distributeur d'articles sportifs Sports Direct et propriétaire du club de football de Newcastle United, obtiendrait le solde de 11 %. Enregistrant un chiffre d’affaires de 1,15 Md£ pour l’exercice 2012-2013, l’enseigne anglaise dispose d’une soixantaine de grands magasins en Angleterre et en Irlande ou encore à Abu Dhabi, employant 19 000 salariés. Elle était entrée en négociations exclusives avec les Galeries Lafayette l'an dernier, mais ce dernier avait finalement jeté l'éponge en janvier dernier.
Pour rappel, le grand magasin britannique avait été racheté en 2006, par un consortium emmené par Baugur - contrôlé par des banques islandaises telle que Landsbanki, sur une base d’environ 350 M£. Parmi les actionnaires minoritaires figurent notamment le P-dg du magasin Don McCarthy avec ses 20 %.
Créé en 1993 par Yafei Yuan, le chinois Sanpower Group est notamment le propriétaire des deux enseignes chinoises cotées à Shanghai: Hiteker, spécialisée dans la vente d'électroménager et de matériels informatiques et Cenbest, un grand magasin chinois basé à Nanjing (265 km au nord-ouest de Shanghai). Avec 30 000 personnes, le groupe chinois a généré des revenus de 56 milliards de yuan (environ 7 Md€).
Agroalimentaire : WH Group (Chine)
Le chinois WH Group (ex Shuanghui International), propriétaire de la marque américaine de charcuterie Smithfield et de la chinoise Shuanghui, devrait réaliser la deuxième plus importante IPO dans l’agroalimentaire, après celle réalisée par Kraft Food à New York en 2001 (8,7 Md$ . Il souhaiterait lever jusqu’à 5,3 Md$ à la bourse de Hong Kong. Pour mémoire, en février dernier, le groupe chinois avait mandaté 17 banquiers pour cette méga IPO à Hong Kong et notamment les listing sponsors tels que BOC (Bank of China) International, Morgan Stanley, Citic Securities International, Goldman Sachs, Standard Chartered et UBS. Cette IPO devrait être la plus importante opération sur le marché hongkongais depuis octobre 2010, où l’assureur asiatique AIA s’y était coté pour 20,5 Md$ levés.
Pour mémoire, le chinois WH Group avait reçu un prêt de 7 Md$ accordé par Bank of China (4 Md$) et Morgan Stanley pour l’acquisition de l’américain Smithfield, coté à New York valorisé 7,1 Md$ (dette comprise)(lire les bulletins précédents : Le chinois Shuanghui avale l’américain Smithfield pour 7,1 Md$, L’autorité américaine CFIUS donne son feu vert à l’acquisition de Smithfield). Sa dette se situait à 236 % de la valeur des fonds propres à la fin décembre dernier, contre 7 % avant cette acquisition.
Matières premières : Minmetals - la mine de Las Bambas - Glencore et Xstrata (Chine / Pérou / Suisse)
L'an passé, la Chine avait donné le feu vert sur la fusion entre les deux négociants de matières premières, l’anglo-suisse Glencore et le suisse Xstrata, pour constituer le quatrième groupe minier mondial. Mais afin de protéger la position stratégique de la Chine dans le cuivre, les autorités chinoises avaient exigé que le nouvel ensemble cède sa participation dans le projet minier de Las Bambas, au Pérou, à des acquéreurs approuvés par les autorités chinoises avant le 30 septembre prochain. L'opération est désormais bien avancée. Un consortium chinois, composé des groupes publics chinois Minmetals, coté à Hong Kong, Guoxin International Investement ainsi que Citic Metal, en offrent 5,9 Md$. China Development Bank devrait accorder une ligne de financement pour cette acquisition.
La mine de Las Bambas, dont la mise en service est prévue en 2015, devrait produire de moins 400 000 tonnes de cuivre par an, soit environ 12,5 % des importations mondiales en 2013.
Services Financiers : Citic Securities - BTIG (Chine / USA)
Coté à Hong Kong, Citic Securities, filiale du groupe public chinois Citic pesant 40 Md$, prend une participation dans le courtier newyorkais Btig pour un montant inconnu. L'entreprise publique de renom fondée, à l’initiative de Deng Xiaoping, en 1979 par la famille de Shanghai Rong a fait récemment l'objet d’une opération boursière inédite à la bourse de Hong Kong (lire aussi notre bulletin précédent). Sa filiale cotée à Hong Kong Citic Pacific a fait une offre de rachat au terme duquel Citic Pacific devrait être rebaptisé China Citic et se classerait parmi les premiers groupe cotés à Hong Kong en terme de chiffre d’affaires, résultat d’exploitation et d’actifs sous gestion.
Par ailleurs, en août dernier, sa filiale de courtage Citic Securities, avait finalisé le rachat de 100 % de CLSA, très actif en Asie Pacifique, auprès de Crédit Agricole CIB (lire aussi notre bulletin précédent et l’article CFNEWS : Nouveau sponsor pour CLSA).
Télécom : Vodafone (Angleterre / Inde)
L’opérateur télécom britannique Vodafone contrôle désormais la totalité du capital de sa filiale indienne Vodafone India, numéro deux du pays. Actionnaire majoritaire à 89 %, le groupe anglais rachète la dernière tranche de 11 % de Vodafone India, détenu par un groupe indien, Piramal Enterprises, présent dans l’immobilier, la fabrication pharmaceutique et la finance, pour 1,48 Md$. Par ailleurs, Vodafone a annoncé la finalisation de l’acquisition de 4,5 % auprès des deux hommes d’affaires, Analjit Singh et Neelu Analjit Singh, la transaction a été annoncée en mars dernier pour un montant non précisé. Mais selon Vodafone, il débourse au total environ 1 Md£ (1,67 Md$) pour ces deux transactions.
Revendiquant environ 160 millions clients dans le pays, Vodafone India a enregistré un chiffre d’affaires de 4,3 Md£ pour un bénéfice d'exploitation ajusté d’environ 1 Md£. L’Inde devient ainsi l’un des plus importants marchés étrangers pour l’opérateur britannique aux côtés de l’Allemagne.
Internet : AutoNavi - Alibaba (Chine / USA)
Alibaba met son compatriote AutoNavi, coté au Nasdaq, dans sa caverne. Spécialisée dans la cartographie numérique, la cible approuve l’OPA de 1,5 Md$ lancée par le chinois Alibaba- lequel prépare son IPO à New York estimé entre 10 et 15 Md$. Déjà actionnaire à 28 % d’AutoNavi, le groupe d'e-commerce chinois a, pour mémoire, lancé l’OPA pour racheter le solde de 72 % en février dernier. Pour mémoire, en mai dernier, Alibaba avait déboursé 294 M$ pour obtenir 28 % d’AutoNavi sur une base de valorisation de 1,05 Md$ (lire aussi notre bulletin précédent : Alibaba rachète 28 % d’AutoNavi). Cette OPA représente la plus grande acquisition du groupe Alibaba avant son IPO. Si l’opération aboutit, les « Trois Royaumes d’Internet chinois » (Alibaba, Baidu, Tencent) se partageraient le marché de la carte numérique chinoise. Pour cette opération, Lazard représente AutoNavi alors que Alibaba s’appuie sur Deutsche Bank.
Fondé en 2006, le chinois AutoNavi avait levé 40 M$ lors d’un grand tour de table auprès des VC internationaux : le sino-américain Walden International, l'américain Sequoia Capital, le chinois Legend Capital etc. En 2010, il s’est introduit au Nasdaq avec 107 M$ levés. AutoNavi fournit ses services à Samsung, l’opérateur télécom public China Mobile ainsi qu’à Google. Revendiquant 171 utilisateurs jusqu’en septembre dernier, la cible détient une part de marché de 31,3 % devant son compatriote Baidu (26,6 %) dans la cartographie numérique.
La Chine facilite ses investissements à l’étranger (Chine)
La Chine mettra en place des mesures pour faciliter les investissements des entreprises chinoises à l'étranger, une nouvelle étape devrait alléger des procédures bureaucratiques afin de doper la croissance du secteur privé. A compter du 8 mai, les entreprises qui souhaitent investir moins d’1 Md$ (721 M€) hors de Chine devraient uniquement signaler leur projet aux autorités mais sans solliciter l’accord de la Commission nationale du développement et de la réforme. Cette dernière est une institution en charge de la macro-économie et sous la direction du gouvernement central chinois.
Cette mesure s'inscrit dans le cadre d'une série de réformes annoncées en novembre dernier dont l'objectif est de stimuler le marché en simplifiant les contrôles administratifs (lire aussi dans nos colonnes la tribune par André Loesekrug-Pietri , Associé-gérant d’A Capital : REVOLUTIONNAIRE !).
Bourses chinoises : Un pont connecte les Bourses de Hong Kong et Shanghai (Chine)
Les autorités chinoises mettent en place une nouvelle étape dans l'ouverture des marchés de capitaux chinois. Les régulateurs boursiers en Chine continentale et à Hong Kong autoriseront les investisseurs chinois à intervenir sur un certain nombre de titres cotés à Hong Kong et les intervenants de Hong Kong à traiter une sélection de titres cotés à Shanghai. Ce projet serait initialement limité à des entreprises déjà cotées sur les places de Shanghai et Hong Kong et à une sélection d'autres grandes valeurs.
Pendant la phase de test, qui sera lancée après six mois de préparatifs, les investissements en provenance de Hong Kong sur les actions chinoises seront limités à 300 milliards de yuan (35 Md€) au total et 13 milliards de yuan (1,5 Md€) par séance de Bourse. Les investissements chinois sur les valeurs cotées à Hong Kong seront plafonnés à 250 milliards de yuans (29 Md€) au total et 10,5 milliards (1,2 Md€) par séance. Cette initiative contribuera également à l'internationalisation de la devise chinoise et créera de nouvelles opportunités d'investissement pour les yuans détenus hors de Chine, ont souligné les deux régulateurs.
Matériel médical : Eos Imaging (France / Taïwan)
Le spécialiste de l'imagerie des os et des articulations en 3D Eos Imaging a reçu l’approbation de la commercialisation de son produit EOS à Taïwan, permettant la radiographie du corps entier, en 2D et en 3D à très faible dose d'irradiation, en position fonctionnelle. En amont de cette autorisation, EOS imaging a également conclu un accord de distribution avec la société taïwanaise Unison Co. Ltd.
Le groupe français a ainsi obtenu les autorisations de mise sur le marché dans plus de 30 pays. Présent premièrement à Singapour en Asie, le groupe français y a déjà commercialisé ses produits depuis mai dernier, la nouvelle autorisation délivrée par les autorités taïwanaises constitue une étape importante dans la stratégie de développement engagée en Asie-Pacifique.
Bonnes pâques !
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