Chronique Asie, CFNEWS
L'actualité des deals, des investisseurs et conseils en Asie compilée par nos analystes... Quoi de neuf dans le Private Equity et le M&A en Asie cette semaine?
- Les Deals -
Energies & Utilities : CGN / EDF (Chine / France / Angleterre)
Le premier opérateur de centrales nucléaires publiques chinois CGN (China General Nuclear Power Corporation) va racheter auprès d’EDF trois parcs éoliens terrestres en Angleterre, selon le Financial Times. Le quotidien économique anglais a indiqué que CGN dépenserait plus de 100 M£ (126 M€) contre les 80 % du capital détenus par EDF dans ces parcs éoliens, situé à proximité de Newcastle (Nord), York (Nord) et Peterborough (centre), représentant une capacité cumulée d’environ 75 Mégawatts. Quant à l’électricien français EDF, il conservera les 20% restants, et continuera à exploiter les turbines et achètera l'électricité produite par ces parcs. Au début du mois, le groupe public chinois avait, pour rappel, levé 3,2 Md$ (2,59 Md€) à la bourse de Hong Kong, réalisant ainsi la deuxième plus grande IPO à Hong Kong derrière l’introduction en cours du premier opérateur immobilier commercial chinois Dalian Wanda Commercial Properties pour 3,7 Md$. CGN, partenaire d’Aréva et d’EDF, construit et exploite onze centrales nucléaires en Chine, sa production représente 55 % du volume d’électricité nucléaire chinoise. Il s’est également lancé dans l’énergie renouvelable, et particulièrement dans l’éolien. Le groupe chinois a notamment installé l’une des plus grandes fermes éoliennes au monde, en Mongolie intérieure, d’une capacité de 3 000 Mégawatts.
Pour rappel, le groupe français s'est notamment associé au chinois CGN, qui avait remplacé l’anglais Centrica (lire aussi notre bulletin précédant) pour financer la construction d'une centrale nucléaire au Royaume-Uni sur le site d'Hinkley Point. Ce projet, estimé à 16 Md£ (20 Md€), a reçu début octobre le feu vert de la Commission européenne.
Mode : Roberta di Camerino / United Trademark Group (UTG) (Italie / Chine)
La marque italienne de maroquinerie Roberta di Camerino, fondée en 1945 par Giuliana Coen, bat pavillon chinois. Le fonds d’investissement dédié à la distribution de maroquinerie United Trademark Group (UTG) la rachète auprès du groupe italien Sixty, propriétaire depuis 2008. Les dirigeants du fonds chinois, Yuexi Pan et Cedric Devroye, devraient collaborer étroitement avec le CEO de la marque italienne Ercole de Cesare pour son expansion sur le marché chinois. Le cédant Sixty, propriétaire des marques telles que Miss Sixty, Energie, Killa, Murphy&Nye et RefrigiWear, avait été acquis en 2012 par un fonds de private equity pan-asiatique, Crescent HydePark, basé à Shanghai et Singapour, mais la transaction de l'époque excluait Roberta di Camerino.
Matériels médicaux: Péters Surgical / Eurazeo / Stericat (France / Inde)
Péters Surgical, en LBO avec Eurazeo, acquiert le spécialiste indien de la sutur chirurgicale Stericat auprès de son dirigeant-fondateur (lire aussi l'article CFNEWS : Péters Surgical suture en Inde). Cette opération permet au groupe français de passer de 60 à 64 M€ de chiffre d'affaires consolidé. Née en 1985 de l'initiative de Vikram Kapahi, la cible, située à Manesar (Haryana), emploie 64 personnes sur un site de fabrication de 8 000 mètres carrés. Elle génère 40 % de son chiffre d'affaires sur le marché domestique en participant aux appels d'offres publics et en s'appuyant sur 25 agents.
Electronique : Midea / Xiaomi (Chine / Chine)
Le « petit grain de riz » chinois Xiaomi se lance dans l’électroménager connecté, à travers l’entrée au capital du fabricant d'électroménager chinois Midea, coté à Shenzhen. La transaction capitalistique reste modeste, Xiaomi débourse environ 200 M$ pour environ 1,3 % du capital du groupe Midea, parmi les top 5 du secteur en Chine, mais le projet de coopération stratégique dans les équipements de la "maison connectée" est ambitieux pour les deux groupes chinois.
Midea, marque réputée sur le marché chinois, a fabriqué l’an dernier 250 millions de "produits blancs" et petit électroménager. Elle équipe 500 millions de foyers avec 2 milliards produits vendus. Avec une part de 5 % du marché mondial (mais peu présente en Europe), Xiaomi se positionne en troisième place derrière Samsung, iPhone et Huawei et devant son compatriote Lenovo. Selon le Wallstreet Journal, Xiaomi avait enregistré un chiffre d’affaires de 4,4 Md$ l’an dernier pour un résultat net de 566 M$, soit un taux bénéficiaire de 12,8 % - supérieur à celui du leader mondial Samsung -, et, selon le journal américain, son résultat net de cette année pourrait atteindre 1 Md$. Néanmoins, le résultat net n’est pas l’actuel objectif de Xiaomi. Son fondateur Lei Jun, business angel de renom en Chine avait déclaré que Xiaomi devrait partager son succès avec 100 sociétés de secteurs différents, en construisant un "écosystème Xiaomi". Jusqu’ici, Xiaomi avait déjà investi dans 25 entreprises tant chinoises que étrangères, dont les américains Misfit (bracelet connecté) et iHealth Labs (e-santé). Par ailleurs, ses investissements se concrétisent déjà par ses propres nouveaux produits tels que la Mi TV, la Mi Power Bank (re-chargeur mobile pour batterie), et le Mi Air Purifier.
Levée de Fonds : Sino French (Midcap) Fund (France / Chine)
Le fonds dédié aux ETI françaises, chinoises et allemandes, Sino French (Midcap) Fund, connu également sous le nom de Cathay Midcap Growth Fund III, a atteint comme prévu son hard cap de 500 M€ (lire aussi l’article CFNEWS : Cathay Capital boucle son fonds franco-chinois). Six mois après un closing à 460 M€ (lire l’article CFNEWS : Un nouveau fonds pour les ETI européennes et chinoises), Cathay Capital a trouvé les 40 M€ nécessaires pour atteindre son hard cap. Cathay Capital, cofondé par le chinois Mingpo Cai et le français Edouard Moinet, gère désormais quatre véhicules, avec environ 900 M€ sous gestion. Il a déjà investi dans 36 sociétés chinoises et européennes, les secteurs couvrant la consommation, les services de consommation, la santé, les cleantechs, l’agroalimentaire ainsi que la technologie (voir sa fiche CFNEWS).
Services & Conseils aux Entreprises : Dagong Europe / Mandarin Capital (Chine / Europe / Italie)
Le fonds sino-italien Mandarin Capital cède ses 40 % de Dagong Europe Credit Rating, une agence de notation, à la société mère chinoise Dagong Global Credit Ratings, basé à Beijing, pour un montant confidentiel. Pour rappel, le groupe chinois Dagong et Mandarin ont créé une joint-venture européenne en mars 2012, dont 60 % pour le chinois et le solde pour Mandarin. Le fonds sino-italien, basé à Milan et Luxembourg, avait aidé la filiale européenne à obtenir l’accréditation pour exercer en Europe auprès de l’ESMA (European Securities and Markets Authority) en juin 2013. L’associé gérant de Mandarin Alberto Forchielli a expliqué que le chinois Dagong est amitieux et confiant sur l’internationalisation de ses activités, et souhaite donc se développer plus librement.
Fondé en 2007, Mandarin Capital dispose de deux véhicules, dont le premier de 328 M€, le deuxième ayant annoncé un premier closing à 110,5 M€ en juin 2013, visant 500 M€ à terme. Quant à l’agence chinoise Dagong, elle a été créée à Beijing en 1994 au moment de la restructuration des entreprises publiques chinoises, dirigée par l’ancien premier ministre Zhu Rongji. Fin 2010, elle s’est fait connaître en Europe en étant la première à dégrader la note de la France, soit un an avant les trois grandes agences, Moody's, Fitch et Standard & Poor’s. L’agence publique chinoise estime que ces trois agences font la part trop belle à des critères comme la privatisation et la libéralisation des marchés, au détriment de la capacité d'un pays à créer de la valeur et de la croissance potentielle.
Services Financiers : Anbang / Delta Lloyd Bank Belgique (Chine / Belgique)
L’assureur privé chinois Anbang rachète la branche belge de Delta Lloyd auprès de sa société mère néerlandaise Delta Lloyd NV pour 219 M€. La transaction devrait être finalisée au cours de l’an prochain. Présente en Belgique depuis 260 ans, la cible gère aujourd’hui 7,7 Md€ d’actifs pour ses 170 000 clients. Disposant des 55 agences en Belgique, elle se focalise principalement sur le moyen haut de gamme.Pour cette opération, BNP Paribas a conseillé le groupe chinois et le cédant s'est appuyé sur Moelis & Company.
C'est est la deuxième acquisition annoncée par l’assureur chinois en Belgique. En octobre dernier, Anbang avait déjà acquis l’assureur belge Fidea, qui distribue ses produits par l’intermédiaire de Crelan et Delta Lloyd Bank Belgique. Par ailleurs, ce mois-ci, le groupe chinois s’était emparé du prestigieux hôtel new-yorkais Waldorf Astoria, pour 1,95 Md$, auprès de Hilton Worldwide Holdings, société dans le portefeuille de Blackstone (lire notre bulletin précédent).
Avec un effectif de 30 000 personnes reparties entre 3000 agences en Chine, le groupe chinois Anbang se revendique aujourd’hui 70 milliards de yuans sous gestion (11,4 Md$) pour 20 millions de clients. Il a été fondé en 2004 par Xiaohui Wu, mari de la petite fille de Deng Xiaoping, qui a de facto dirigé la Chine de 1978 à 1992. Grâce à un assouplissement de la réglementation sur les investissements des assureurs chinois, Anbang commence à déployer ses placements à l’international et à réaliser sa croissance externe à l’étranger.
Agroalimentaire : Bright Food / Salov (Chine / Italie)
Basé à Shanghai, le conglomérat agroalimentaire public chinois Bright Food finalise son acquisition en Italie des 90 % du capital du producteur d’huile d’olive Salov, localisé en Toscane, pour un montant confidentiel. Forte de 330 M€ de revenus, la société italienne est le propriétaire des deux marques Sagra et Filippo Berio, distribuées dans une soixantaine de pays et reconnues notamment sur les marchés américain, italien et anglais. Bright Food souhaite introduire cette marque prestigieuse italienne sur le marché chinois, en conservant toujours sa production en Toscane.
Pour rappel, le groupe public chinois dispose déjà de plusieurs sociétés agroalimentaires étrangères dans son portefeuille : le leader de l'agroalimentaire israélien Tnuva (lire dans notre bulletin précédant), l’australien Manassen et l’anglais Weetabix Food ainsi que le néo-zélandais Synlait. L’an dernier il avait déjà réalisé, avec succès, l’IPO de Synlait à la bourse de Wellington pour une levée de 60 M$. Le groupe chinois détient 39,12 % du laitier néo-zélandais après l’IPO, restant toujours le premier grand actionnaire (lire aussi notre bulletin précédent). Par ailleurs, il travaille actuellement sur les IPOs de ses deux filiales : Manassen et Weetabix Food.
E-service : Baidu / Uber (Chine / USA)
Le moteur de recherche chinois Baidu s’invite au capital de l'opérateur de VTC américain Uber, aucun détail financier n’a été communiqué. Cette transaction permet à Uber de se développer sur le marché chinois, ainsi qu’à Baidu de concurrencer Alibaba et Tencent, qui offrent le même service respectivement à travers leurs sociétés affiliées : Kuaidi Dache et Didi Daiche. Ces deux acteurs dominent aujourd'hui le marché chinois des VTC.
Les « trois royaumes d’internet chinois » Baidu, Alibaba et Tencent se font concurrence dans plusieurs secteurs en ligne : l’e-commerce, la vidéo en ligne, ainsi que la cartographie en ligne (lire aussi notre bulletin précédent).
Immobilier : Dalian Wanda (Chine)
Le premier opérateur immobilier commercial chinois Dalian Wanda Commercial Properties devrait collecter 3,7 Md$ à la bourse de Hong Kong avec une base de valorisation de 24 Md$. La société chinoise, désormais numéro deux mondial du secteur en terme de capitalisation boursière derrière l’américain Simon Property Group (56 Md$), devrait se coter à compter de la semaine prochaine. Bien que le secteur immobilier chinois se trouve toujours dans une position délicate, l’IPO de Dalian Wanda a réussi à séduire des souscripteurs puisque 2 Md$ sur ses 3,7 Md$ levés ont été déjà réunis avant son « Road Show », dont 1,2 Md$ ont été souscrits par quatre investisseurs principaux, le fonds souverain Kuwait Investment Authority, deux assureurs chinois : China Life et Ping An, et le hedge fund new-yorkais Och-Ziff.
Après cette IPO, la bourse de Hong Kong se hisse en deuxième place mondiale en terme de valeur d’IPOs avec 27 Md$ levés derrière la place boursière de New York avec 73 Md$, dont 25 Md$ ont été contribués par l’IPO inédite du groupe chinois Alibaba. La bourse hongkongaise a dépassé le Nasdaq (24 Md$) et Londres avec 23 (Md$).
Bonne semaine à tous.
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