Retour vers le futur. Les prix des entreprises européennes ont légèrement baissé au premier trimestre de 2024, revenant à son niveau d’il y a sept ans. L’Argos Index, qui mesure le prix moyen des transactions majoritaires de la zone euro entre 15 et 500 M€, s’établit à 8,9 fois l’Ebitda, contre 9x au trimestre précédent. « Depuis 2017, la tendance s’est établie entre 9 et 10,5 fois l’Ebitda, suivie d’une forte inflation des valeurs post Covid avant de tomber rapidement à 9,1 fois au troisième trimestre 2023 », rappelle Louis Godron, président d’Argos Wityu. Cette érosion nette est liée à la hausse des taux d’intérêt, qui augmente les coûts d’acquisition avec effet de levier pour les fonds d’investissement et modifie l’arbitrage entre placement et croissance externe des acquéreurs stratégiques. Malgré un recul à 9,1x des prix payés par les investisseurs financiers, ceux-ci ont accru leur activité et les LBO affichent un niveau record de 32 % des transactions en valeur.
Des transactions valorisées aux extrêmes
« Pour la première fois depuis sa création, l’étude n’a recensé aucune opération réalisée à plus de 20 fois l’Ebitda », relève Louis Godron qui dresse un parallèle avec la baisse du poids des secteurs tech et pharma, tombé autour de 30 % contre plus de 60 % en 2021. Pour autant, la part des multiples supérieurs à 15 fois l’Ebitda demeure stable à 13 %. « À l’inverse, la hausse des prix inférieurs à 7x l’Ebitda, qui représentent 34 % des deals, un record, traduit la place prise par des secteurs plus traditionnels, structurellement valorisés à des multiples plus faibles, comme les services, ou le retour de l’industrie après les années Covid », analyse l’investisseur. Deux tiers de ces opérations ont été réalisées par des acquéreurs stratégiques. « Les volumes totaux demeurent stables, car il n’y a pas eu de ralentissement brutal dans le mid-market », souligne-t-il. Avec le redémarrage de leur activité, les fonds d’investissement se rapprochent progressivement du cinquième des opérations, avec 18 % des volumes.