Le marché du M&A de la zone euro fléchit. L’indice Argos des transactions des PME et ETI européennes marque une baisse significative à 9,1 fois l’Ebitda, en recul de 0,8 % au troisième trimestre 2023, signant la fin d’une période de stabilité autour d’un multiple de 10. « Cette évolution correspond à la prise en compte par le marché de l’installation d’un environnement de taux hauts et nous ramène aux niveaux que nous connaissions en 2017 et 2018. C’est intéressant de voir des niveaux de valorisation d’il y a six ans dans un contexte de taux similaire à cette même période », indique Louis Godron, président d’Argos Wityu. Ce multiple s’explique par une baisse des prix payés par les fonds d’investissement comme les acquéreurs stratégiques dans des conditions économiques défavorables entre incertitudes, risques géopolitiques, inflation et hausse des taux, ainsi que des volumes en baisse.
Le retour des acquéreurs stratégiques
Si les transactions s’amenuisent de 40 % en valeur sur les neuf premiers mois de l’année, les volumes diminuent de seulement 9 % par rapport à la moyenne 2022 de l’Argos Index. « Cette légère érosion montre que le bas du mid-market continue d’être liquide, analyse Louis Godron. Là où il manque de la valeur c’est sur le haut du mid-market et une grande pénurie d’opérations au-delà de 500 M€ de valorisation. » Les entreprises continuent néanmoins d’être à la recherche d’opportunités de croissance et représentent 85 % des transactions. Près d’une opération sur quatre est réalisée à un multiple inférieur à 7 fois l’Ebitda, reflétant le recul des acquéreurs financiers du marché.
Un ajustement des prix
Les multiples payés par les fonds d’investissement continuent de baisser, à 9,4 x, dans un contexte de hausse des taux d’intérêts qui pèse sur le prix de l’endettement, pour se rapprocher de ceux des acquéreurs stratégiques de 9,1 x. « L’ajustement des prix est de nature à relancer les volumes et à réamorcer la pompe de la liquidité, en déficit depuis plusieurs trimestres », estime Louis Godron, qui note une réduction des transactions dans les secteurs les plus recherchés que sont la tech et la santé, du fait des écarts importants entre les attentes des vendeurs et des acheteurs.