Connaitre la législation du pays, anticiper les problèmes sociaux et culturels, gérer le cash de la cible dès le premier jour.. autant de points clés pour réussir la reprise d'entreprise en difficulté ,
Racheter une entreprise en difficulté n'est pas un challenge insurmontable si ce n'est pas improvisé. De surcroit en période de crise cela peut même s'avérer une bonne opportunité afin de renforcer une part de marché, acquérir un concurrent ou encore se positionner à l'international. Mais si les opportunités existent il y a aussi des risques - beaucoup d'entreprises rachetées se recassent la figure- qu'il faut maitriser. C’était l'objet du débat lors du dernier petit-déjeuner organisé par Norton Rose et Objectif Cash avec CFnews. En préambule, Philippe Mangeard, vice-président du conseil d'administration d’UbiFrance a rappelé que les sociétés souhaitant s'installer à l'étranger devaient compter sur les services de l'établissement public.« Le réseau Ubifrance met à disposition ses moyens et conseils à toutes les entreprises désireuses de mettre le cap à l’international », résume t-il.
Etat des lieux complets
S’entourer des professionnels et redoubler de vigilance ont été les maîtres mots de ce débat. « Un audit compilant un état des lieux complet sur l’entreprise qu’elle soit encore in bonis ou déjà en cessation de paiement est nécessaire », rappelle Anne-Sylvie Vassenaix-Paxton (photo ci-contre), associée au sein du département corporate finance de Norton Rose. La vérification du cash, de l’endettement, des régimes sociaux et juridiques en place font donc parti des nombreux points à examiner. La vigilance redouble en cas de sociétés déficitaires.
Sécuriser la liquidité et les marges
« Il est déjà compliqué de racheter des entreprises saines puisqu’en moyenne 50 % des acquisitions se soldent par un échec et dans le cas d’entreprises en difficulté, l’analyse des difficultés managériales demande une très forte implication de l’acquéreur qui doit y consacrer ses meilleurs salariés », résume David Brault (photo ci-contre), fondateur et directeur associé du conseil opérationnel Objectif Cash. Or, dans l'ensemble, à part des grands groupes structurés pour, les entreprises ne sont pas équipées, d'où l'intervention de managers de transition fort d'une longue expérience de situations délicates. « Il faut très vite sécuriser la liquidité et les marges, relève Jean-François Dhoury, manager de transition oeuvrant depuis deux ans chez Objectif Cash et fort d'une longue expérience de DAF ayant acquis plusieurs dizaines de sociétés en difficulté. "En moyenne, l’intégration se fait en 100 jours. Mais c'est dès le premier jour que l'on doit avoir une vision claire sur cinq points, les clients, les fournisseurs, les stocks, la capacité du management à gérer le changement, et les représentants du personnel pour le volet social", complète-t-il.
Gestion de l’endettement et des pratiques internationales
Acquérir une société demande aussi d'avoir du cash ou d'obtenir un prêt. Pas facile de jouer sur ce registre comme l'oberve Erwan Héricotte, associé au département financement d'acquisition de Norton Rose (photo ci-contre). « Dans le contexte actuel, obtenir de la dette d’acquisition reste difficile mais un prêt corporate demeure envisageable si l’entreprise a instauré un climat de confiance avec son banquier en l’informant et en établissant de bonnes relations », souligne Erwan Héricotte, associé au département financement d'acquisition de Norton Rose (photo ci-contre).
Autre point clé : les réglementations d'un pays à l'autre, qui ne sont pas harmonisées et qui engendrent des coûts divers. "En Grande Bretagne, la préservation de l'emploi n'a pas un caractère primordial et la législation anglaise protège en priorité les créanciers a contrario de la France qui se focalise sur la pérennité du tissu industriel et donc des emplois. A l'identique, la notion de cessation de paiements ne s'interprète pas de la même manière et la définition s'avère très hétérogène en fonction des juridictions. Ainsi, une entreprise en cessation de paiement peut l'être dans certains pays et pas dans d'autres, rajoute Anne-Sylvie Vassenaix-Paxton, qui met donc en garde sur ces points.