Chronique Asie, CFNEWS
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Quoi de neuf dans le Private Equity en Asie cette semaine ?
- Les Deals -
Services & Conseil aux entreprises : Bureau Veritas - Sievert Group (France/Inde)
Bureau Veritas, le groupe de certification et d’évaluation de conformité (lauréat des Grands Prix CFnews 2012 de la croissance externe), acquiert Sievert Group, un leader indien dans le contrôle non destructif et l’inspection industrielle. Basée à Mumbai en Inde, la cible est présente en Inde, en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient. Employant 1 400 collaborateurs, elle a réalisé un chiffre d'affaires d'environ 33 M$ en 2012. La transaction devrait être finalisée en mai, sous réserve de l'approbation des autorités et des conditions de clôture usuelles. Le contrôle non destructif est un ensemble de méthodes permettant de caractériser l'état d'intégrité de structures ou de matériaux, sans les dégrader. Selon Didier Michaud-Daniel (photo ci-contre), le directeur général de l’acquéreur, ce secteur représente un chiffre d’affaires mondial de 3,5 Md$, avec une croissance de l'ordre de 9 % annuelle.
Pétrole : Eni - CNPC (Italie/Chine/Afrique de l’Est)
La compagnie pétrolière italienne Eni va céder une part de 20 % de sa licence des gisements de gaz sur Offstore Area 4 au Mozambique au pétrolier public chinois CNPC (China National Petroleum Corporation) pour 4,21 Md$. Elle conservera 50 % de participations, tandis que ses trois autres partenaires détiendront 30 %, le pétrolier public du Mozambique Empresa Nacional de Hidrocarbonetos de Mozambique, le sud-coréen Kogas et le portugais Galp Energia, chacun des trois garde une part de 10 %. Ce projet des gisements de gaz représente un investissement total de 50 Md$ selon Eni. Ce dernier souhaite construire un terminal méthaniers, destiné au marché asiatique, dont la Chine est un important client potentiel. Pour mémoire, un autre grand gisement gazier mozambicain Offstore Area 1 est exploité par l’américain Anadarko, qui partage sa licence avec son homologue thaïlandais PTT (20%).
Parallèlement, Eni et CNPC ont annoncé également une coopération pour le développement des gisements de gaz à Rongchang (à la municipalité autonome Chongqing, dans le bassin du Sichuan, au Sud-Ouest de Chine), avec des réserves de 2 000 kilomètres cube.
Agriculture : Vilmorin - Bisco Bio Sciences (France/Inde)
Le semencier Vilmorin, qui avait pris en mars 2012 une participation majoritaire à 61 % dans Bisco Bio Sciences, a obtenu le 39 % restant, qui était détenu par les actionnaires familiaux. La cible, producteur indien de germes de maïs, est ainsi devenue une filiale à 100 % de Vilmorin. Cette transaction permet au semencier français d’accélérer le déploiement de ses activités sur le marché des grandes cultures en Inde (lire aussi l’article CFnews : Vilmorin pousse en Inde, Vilmorin récolte encore en Inde). Coté à Paris, l’acquéreur a réalisé un chiffre d’affaires de 1,2 Md€, en comptant 4870 salariés.
Automobile hybrid: Qoros Auto (Chine/Israël)
Qoros, une vedette de le salon de Genève cette anné, devrait commercialiser sa berline hybrid Qoros 3 fin 2013, facturée entre 15 000 et 20 000 €. Cette co-entreprise a été créée en 2007 par le constructeur chinois Chery et Israel Corporation, dirigé par le plus riche homme d’affaires israélien Idan Ofer. La nouvelle marque sino-israélienne souhaite produire 150 000 véhicules par an dans son site de production à Changshu (la province du Jiangsu, à proximité de Shanghai), avec une possibilité d’augmenter à 250 000. Équipé d’un management et d’ingénieurs quasiment 100 % européens, elle ambitionne de réaliser 10 % de ses ventes sur le marché de l’Europe. Qoros Auto représente un investissement total de 2,7 Md€, dont une enveloppe de 1,2 Md€ par ses deux actionnaires, le reste devrait être réuni par du prêt ainsi que par des dettes. Outre un site de production à Changshu, il dispose de trois centres R&D en Allemagne, Autriche et Suède, il pourrait également bénéficier d’un réseau de distribution solide de Chery en Chine.
Le constructeur chinois Chery est le leader de la petite voiture sur le marché du pays avec sa marque QQ. Né en 1997 dans la province de l’Anhui (à l’Est de Chine), il avait, pour rappel, créé, en octobre dernier, une joint-venture chinoise avec son homologue indien Tata Motors, dédiée à la fabrication et à la distribution de véhicules des marques Jaguar et Land Rover ainsi qu'à la R&D (lire notre bulletin précédent : Chery et Tata crée une joint-venture en Chine).
Équipements de santé : Panasonic (Japon)
Selon Nikkei, le journal économique nippon, KKR pourrait s’intéresser à faire une offre sur l’unité de santé de Panasonic, qui fabrique par exemple des prothèses auditives et des capteurs de glycémie, pour 100 milliards de yens japonais (820 M€). La firme du private equity n’a pas souhaité commenter sur cette information. Cette unité a réalisé un chiffre d’affaires de 133,6 milliards de yens (1 Md€) sur l’exercice fiscal 2011-2012, avec une perte d’exploitation de 8,8 milliards de yens (70 M€). Panasonic souhaite générer un cash flow de 200 milliards de yens pour son exercice annuel 2012-2013. Pour rappel, il avait, en janvier dernier, cédé les activités de l’imagerie de Sanyo (les appareils photo et caméras numériques) au fonds de private equity nippon Advantage Partners (lire aussi notre bulletin précédent : Panasonic cède l’imagerie de Sanyo à Advantage Partners).
Infrastructure : ACO Investment (Birmanie)
Selon Bloomberg, ACO Investment, basé à New York et fondé par Rononjoy Dutta, ex-président de l’United Airlines, ainsi que par Hari Achuthan, un ancien banquier chez Credit Suisse, souhaite investir 700 M$ en Birmanie. Le groupe va engager 200 M$ dans l’aéroport de Yangon, et faire une offre de 500 M$ pour obtenir deux licences d’exploitation télécom du pays. Ces deux licences ont déjà attiré environ 90 prétendants potentiels, tels que Singapore Telecommunications et le malaisien Axiata. Pour rappel, ACO Investment avait, au cours des deux années dernières, investi entre 1,5 et 2 Md$ dans un projet d’énergie solaire à Mandalay, la deuxième plus grande ville de la Birmanie.
Consommation : Lego (Danemark/Chine)
Le fabricant de jouets danois Lego va construire une usine en Chine, qui devrait employer 2 000 personnes, pour consolider sa présence sur le marché asiatique. La construction, qui s’étend sur une superficie de 120 000 mètres carrés à Jiaxing (à une centaine de kilomètres de Shanghai), devrait être commencée début 2014, représentant un investissement de « trois chiffres en millions d'euros ». Le fabricant danois souhaite fournir environ 70 à 80 % de ses produits dans la région asiatique en 2017 via cette usine. En regroupant 10 000 salariés, il a réalisé un chiffre d’affaires de 2,5 Md€ en 2011. L’année dernière, le groupe danois a obtenu une forte croissance, grâce à la croissance de ses parts de marché (8,6% en 2012 contre 7,1% en 2011), avec un bénéfice net d'environ 750 M€.
Automobile : Volkswagen China (Chine)
Volkswagen China construit actuellement au moins sept usines en Chine pour y produire 4 millions de véhicules. Il y disposera de douze usines, sur une centaine à travers le monde. Comme un des pionniers sur le marché chinois avec la marque française Peugeot dans les années 1980, le constructeur allemand a livré 2,81 millions de véhicules en Chine en 2012, soit une hausse de 24,5 %, dont 2,6 millions sont produites localement. Il a enregistré l’an passé un bénéfice colossal de 21,9 Md€, dont 3,7 Md€ provient de ses deux co-entreprises chinoises, représente une progression de 42 %. Volkswagen souhaite investir d’ici à 2018 plus de 50 Md€ pour devenir leader mondial, dont au moins 10 Md€ sur le marché chinois (lire aussi notre bulletin précédent : Volkswagen renforce sa capacité de production en Chine).
Urbanisation & Infrastructure : CDB Capital (Chine)
Selon Yicai, un journal économique chinois, CDB Capital, filiale de China Development Bank, souhaite acquérir une part de 40% dans China New Town Development, coté à Singapour et Hong Kong, dédié à l’urbanisation chinoise, pour 738 millions de dollars hongkongais (73 M€). Ce dernier, fondé en 2002, a réalisé trois projets d’urbanisation dans les banlieues de Shanghai, de Wuxi (Est de Chine) et de Shenyang (Nord-Est de Chine), soit des travaux sur une superficie totale de 36 kilomètres carrés. CDB Capital, le premier fonds de fonds chinois, dispose aujourd’hui d’un véhicule avec une levée initiale de 10 Md¥ (1,23 Md€).
Pour rappel, en septembre dernier, il s’est associé à CDC Entreprises pour lancer un FCPR de 150 M€ : Sino French Fund, ciblant le mid cap dans les deux pays. Récemment, Flexitallic a finalisé la syndication d'une part du capital auprès de ce véhicule franco-chinois (lire aussi l’article CFnews : Flexitallic vise le marché chinois).
- Enquêtes -
Export-Import des armes
Selon le rapport 2008-2012 du SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute), la Chine a remplacé l’Angleterre, en devenant le cinquième exportateur d'armes avec 5% du commerce mondial du secteur derrière les Etats-Unis (30 %), la Russie (26 %), l’Allemagne (7 %) et la France (6 %). Les premières cinq destinations d’exports d’armes chinois sont respectivement le Pakistan (55 %), la Birmanie (8 %), le Bangladesh (7 %), le Venezuela (5%) et l’Iran (4%). Concernant les imports des armes, la Chine se positionne en deuxième place avec 6% des commandes mondiales, loin derrière l’Inde (12%).
Femmes du Private Equity en Asie
Selon une étude de Preqin, une agence dédiée au classement des actifs alternatifs et basée à Londres, la proportion des femmes en Asie aux postes de direction dans les firmes du private equity est plus élevée, avec 12,8 %, par rapports à celles de l’Amérique du Nord (10,3 %), de l’Europe (9,9 %) et du reste du monde (9,8 %). Ce chiffre en Aise en 2011 n’était que 8,7%, il représente donc également une croissance plus remarquable. Les sénior managers féminins mondiaux sont plus actifs dans l’immobilier avec un pourcentage moyen de 11,3 %, puis dans VC (11,2 %) et l’infrastructure (10,5 %). Les échantillons en Asie de l’étude recouvrent 1024 GPs en Chine, au Japon, à Singapour et en Inde, notamment, 258 firmes du private équity chinoises ont été interrogées.
Lire aussi l’étude publiée par Women Equity et CFnews pour la France : Les entreprises women-led sous-représentées dans les portefeuilles des fonds
- Nouveaux Fonds -
Fonds capital-risque libellé en RMB: Siemens Financial Services (SFS VC)
La branche d’investissement capital-risque du géant allemand Siemens Financial Services (SFS VC) a lancé son premier véhicule venture libellé en Renminbi, dont l’objectif de levée n’est pas divulgué. Ce dernier se focalisera sur quatre secteurs : l’énergie, la santé, l’industrie et l’infrastructure. Fondé en 1999, le fonds allemand avait installé sa première antenne chinoise à Beijing en 2006. Sous la direction de Madeline Song, l’équipe asiatique-pacifique regroupe aujourd’hui quatre collaborateurs.
- Nominations -
Nouvelle équipe économique du gouvernement chinois
Premier Ministre, LI Keqiang
Li Keqiang a été désigné le premier ministre du nouveau gouvernement chinois. Âgé de 57 ans, il est titulaire d’un master en droit ainsi que d'un doctorat en économie obtenus à l’université de Pékin. Différant de son prédécesseur technocrate, Wen Jiabao, il est le premier chef du gouvernement formé en droit et économie (Wen Jiabao est diplômé de la faculté de géologie structurale de l’Institut de géologie de Pékin). Parlant couramment l’anglais, il avait confié à l’ambassadeur américain en 2007 lors d’une rencontre - il était encore le gouverneur de l’époque de la province du Liaoning (au Nord-Est de Chine) : "je préfère mes propres trois indicateur aux statistiques officielles pour diagnostiquer la macro-économie de la province : le volume de fret des chemins de fer, la consommation d'électricité et les prêts des banques". Le magazine anglais The Economist avait baptisé ces trois indicateurs, en 2010, "Keqiang Index".
Ministre des Finances, LOU Jiwei
Lou Jiwei, actuellement encore au poste du P-dg du fonds souverain chinois China Investment Corp, revient au ministère des Finances, en prenant la direction. Il avait été vice-ministre des finances entre 1998 et 2007. Avant cela, il a participé à la conception de la réforme fiscale de 1994, ce qui permettait au gouvernement central chinois de réunir de grandes recettes fiscales. Titulaire d’une licence en Informatique et d’un master en Econométrie, il devrait concevoir à nouveau une réforme fiscale, qui sera plus ciblée sur les recettes fiscales des gouvernements régionaux ainsi que sur les entreprises privées.
Gouverneur de la Banque Populaire de Chine, ZHOU Xiaochuan
Zhou Xiaochuan est la seule personne de l'ancien groupe de dirigeants chinois, qui n’a pas pu prendre sa retraite via ce changement politique. Selon des médias chinois, cette nomination permettra une continuité de la réforme financière en Chine ainsi que de l’internationalisation du RMB.
China Securities Regulatory Commission (CSRC), XIAO Gang
Xiao Gang, ex président de Bank of China, prend la direction de la China Securities Regulatory Commission (CSRC). Avant une expérience de huit ans au sein de la Bank of China, il avait exercé pendant une quinzaine d’années chez Banque Populaire de Chine. Son prédécesseur Guo Shuqing avait davantage travaillé sur l’ouverture du marché des capitaux aux investisseurs étrangers, ainsi que sur la reforme des organismes de réglementation. Selon des médias chinois, ce nouveau ministre devrait réévaluer le risque de shadow banking en Chine.
Ministre du Commerce, GAO Hucheng
Gao Hucheng, qui avait travaillé à Paris dans les années 1980, a été nommé le ministre du commerce. Avant cela, il était vice-ministre du commerce depuis 2009. Titulaire d’un doctorat en sociologie économique obtenu à l’université de Paris Diderot 7 en 1985, il connaît notamment la France et l’Afrique.
- Ouvrage -
Comment la Chine change le monde
Auteur : Charles-Edouard Bouée
Editeur : Editions Dialogues
Date de parution : le 7 mai 2013
Prix : 17,90 €
224 pages
Comment va se traduire pour le reste de la planète, l’ascension de la Chine au rang de première puissance économique mondiale ? Les mécanismes qui ont rendu possible cette révolution économique et politique gardent encore leur part de mystère. Le mariage entre les valeurs traditionnelles, les objectifs du Parti communiste et les lois de l’économie de marché est en train de produire un modèle inédit. Comment ce modèle fait-il tourner la machine chinoise ? Comment fonctionnent réellement les entreprises ? Comment confucianisme et taoïsme participent-ils au style de management des patrons chinois ? Enfin, compte tenu des forces et des faiblesses de la Chine actuelle, comment l’Empire du milieu va-t-il se projeter dans la mondialisation de l’économie, avec quels appétits et quelles ambitions ?
C’est à ces questions que tente de répondre ce livre, qui apporte un éclairage complet sur les coulisses de la puissance économique de la Chine.
Charles-Édouard Bouée (photo ci-contre et lire aussi sa fiche bottin) est membre du Comité exécutif de Roland Berger Strategy Consultants, dont il dirige l’ensemble des activités en Chine et en Asie. Il réside et travaille en Chine depuis plusieurs années, où il conseille des grandes entreprises internationales et chinoises. Il avait notamment publié China’s Management Revolution : Spirit, Land, Energy, New York, Palgrave Macmillan, 2010.
Bonne semaine, à la semaine prochaine! 下(xià) 周(zhōu) 见(jiàn) !
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