Chronique Asie, CFNEWS
L'actualité des deals, des investisseurs et conseils en Asie compilée par nos analystes... Quoi de neuf dans le Private Equity et le M&A en Asie cette semaine?
- Les Deals -
Tourisme : Club Med (France)
La bataille "interminable" sur le fleuron français Club Med se poursuit avec une nouvelle offre du consortium franco-chinois, emmené par le conglomérat privé chinois Fosun. À travers la holding Gaillon II, Fosun relève désormais son offre à 23,5 € par titre, valorisant donc l’opérateur de villages de vacances à 897 M€. Le chinois et sa filiale portugaise à 80 % Fidelidade restent très majoritaires dans cette holding d’opération, à 81,3 %, aux côtés d'Ardian (6,2 %), et du management (2,5 %). Outre l'accès au marché chinois, le tandem franco-chinois cherche également à renforcer son accès au marché brésilien au travers d'un partenariat avec le brésilien Nelson Tanure. Le groupe brésilien envisage en effet de prendre une participation de 20 % dans Gaillon II.
Pour rappel, le mois dernier, l’homme d’affaires italien Andrea Bonomi avait fait une contre-offre de 23 € par titre en face de celle du consortium franco-chinois à 22 € en septembre dernier (lire notre bulletin précédent). Pour faire cette nouvelle offre, l’italien s’était associé au fonds américain KKR, à Serge Trigano, fils du fondateur du club, et au sud-africain Sol Kerzner ainsi qu'au fonds brésilien GP Investments. Les deux consortiums détiennent aujourd’hui chacun un peu plus de 18 % du capital, quasiment à parité. Le consortium emmené par l’italien devrait réagir avant le 17 décembre, 18 heures. Selon les Echos, « les Italiens semblent confiants dans leur capacité à mieux gérer le Club Med que son actuelle direction ».
Lancée en mai 2013, l’OPA sur le Club Med était initialement partie de 17 € par titre, valorisant la cible 541 M€, avec le tandem franco-chinois Ardian et Fosun. Depuis le début de cette année, le cours s’est hissé jusqu’à (hier) 23,8 €, soit une hausse de 36,7 %. Mais son bilan annuel n’est pas absolument satisfaisant. Malgré un chiffre d’affaires stabilisé de 1,438 Md€ pour l’exercice 2013 et 2014 (clôturé fin octobre), ses activités en Europe et en Afrique pénalisent les résultats avec une perte nette de 9 M€ et un recul de 4,8 % du résultat opérationnel des villages. Notamment, en raison des craintes liées au virus Ebola, le village de Cap Skirring, au Sénégal, accuse une chute de ses ventes de 50%.
Mode : L Capital / Seafolly (France / Australie)
L Capital, le fonds d'investissement affilié au leader mondial du luxe LVMH, prend une participation majoritaire dans le fabricant australien de maillots de bain Seafolly, à travers sa branche asiatique L Capital Asia. La transaction, dont le montant reste confidentiel, représente le quatrième investissement du fonds en Australie après ceux dans trois marques locales : RM Williams, 2XU et Jones the Grocer. Disposant de 33 boutiques dans ses partenaires de grands magasins parmi lesquels Myer, Selfridges, Nordstrom et Galeries Lafayette, la cible réalise plus de 100 millions de dollars australiens (68 M€). Créé en 2009, L Capital Asia investit via deux véhicules en Asie-Pacifique, dont le premier de 637 M$, a clôturé sa levée en 2010 et le deuxième avait closé à 950 M$ en août de l’année dernière.
Agroalimentaire : Danone / Yakult Honsha (France / Japon)
Danone étudie la possibilité de céder sa participation de 20% dans le laitier japonais Yakult Honsha, espérant encaisser environ 1,9 Md$ (1,6 Md€) pour réaliser d'autres opérations de croissance externe, rapporte l'agence Bloomberg. Aucun des deux groupes n’ont commenté cette information, qui avait provoqué une chute de 6,12 % du laitier nippon. Danone et le groupe japonais avaient décidé, l’année dernière, de mettre fin à leur alliance stratégique scellée il y a neuf ans mais de continuer à coopérer. Selon Reuters citant une source proche du dossier, les différences de culture d’entreprise et de stratégie marketing entre les deux groupes étaient très difficiles à rapprocher. Fondé en 1955, Yakult Honsha commercialise une boisson lactée préparée à partir de lait de vache fermenté, sous la marque Yakult.
Immobilier : Dalian Wanda (Chine)
Le conglomérat privé chinois Dalian Wanda devrait réaliser deux IPOs avant la fin d’années pour ses deux filiales chinoises : Dalian Wanda Cinema à Shenzhen et Dalian Wanda Commercial Properties à Hong Kong. Dalian Wanda Cinema souhaiterait lever 2 milliards de yuan (326 M$) à la bourse de Shenzhen, l’opération ayant déjà reçu l’approbation des autorités chinoises. Quant à la filiale immobilière, plus grosse, elle devrait collecter au moins 3 Md$ et jusqu’à 6 Md$ à Hong Kong, qui ferait l’une des plus grandes IPO de l’année sur la bourse hongkongaise. Le groupe Dalian Wanda est dirigé par le magnat chinois Wang Jianlin, à la tête d'une fortune de 13,2 Md$ selon Forbes. Le groupe chinois est notamment propriétaire de la deuxième chaîne américaine de cinémas AMC depuis 2012, pour lequel Dalian Wanda avait payé 2,6 Md$ (voir notre Bulletin Asie de l'époque).
Par ailleurs, Wang Jianjin avait déclaré, lors d’une interview accordée à Bloomberg, que Dalian Wanda entame des discussions préliminaires avec l’hollywoodien Lions Gate, producteur de the Hamger Games, en vue d’une prise de participation majoritaire. Mais le studio américain n’a pas souhaité faire de commentaire.
Avant ces IPO, Dalian Wanda a annoncé d’autres investissements d’envergure: dans l'immobilier pour 1,2 Md à Beverley Hills (USA), la construction d’un parc de divertissement de 50 milliard de yuans (6,6 Md$) à Qingdao (Chine), composé d’un musée de cinéma et de 20 studios, ainsi qu’un projet de ferme porcine de 163 M$ dans la province du Guizhou (Chine). Le Financial Times interprète cette série d’annonces comme un « publicity stunt » pour grimper à la une de chaque média au cours de la « quiet period» avant son IPO. Le journal anglais a rappelé que Alibaba avait dans le passé annoncé douze investissements juste avant son introduction en bourse de New York de 25 Md$. Mais la manoeuvre publicitaire pourrait ne pas masquer entièrement la crise que traverse le groupe Dalian Wanda : en effet le secteur immobilier se trouve toujours dans un position délicate. Le groupe chinois s’efforce d'effectuer à marche forcée un virage stratégique vers le divertissement comme la production et la distribution de films. Selon les Echos, son chiffre d’affaires est en baisse de 27 %, alors qu’il avait crû à 70 % par an en 2012 et 2013, et ses bénéfices ont diminué de 47 % sur un an au cours des six premiers mois de cette année, en raison du dégonflement de la bulle immobilière chinoise et à la forte concurrence du e-commerce sur ses activités de commerce traditionnel. Quant au dirigeant lui-même, aujourd'hui il n’est plus que quatrième sur la liste des hommes les plus fortunés, alors que le fondateur d’Alibaba Jack Ma Yun se positionne maintenant à la tête du classement.
Immobilier : Gic Private / IndCor / Blackstone (Singapour / USA)
Blackstone vend sa filiale d'immobilier industriel IndCor Properties à un consortium emmené par le fonds souverain de Singapour Gic Private pour 8,1 Md$, dette comprise. La firme américaine annule ainsi son projet d’IPO pour IndCor, initié en septembre dernier. Basée à Chicago et née en 2010, la IndCor est implanté dans 23 états américains avec au total environ 10 millions de mètres carrés de centres d'entreposage et de distribution. Gic Private gère aujourd’hui 320 Md$ - selon Sovereign Wealth Fund Institut -, le pourcentage du secteur immobilier s’élèvant seulement à 7 % dans son portefeuille. Il souhaite diversifier son portefeuille soit dans la gestion alternative, soit dans l’immobilier et le private equity.
Pour cette opération, Blackstone s’est appuyé sur les conseils de Wells Fargo, Citigroup, Barclays et RBC Capital Markets.
Eletronique : Xiaomi / JD.com / Misfit (Chine / USA)
La société de Silicon Valley Misfit, concepteur et fabricant de bracelets connectés de sport (dont le nom signifie "marginal" en anglais), boucle son troisième tour de table avec une enveloppe de 40 M$, apportée par plusieurs investisseurs chinois, Xiaomi ("petit grain de riz"), le fabricant de smartphones, JD.com, un site de e-commerce B2C, et le VC Shunwei. Horizons Ventures, contrôlé par le magnat hongkongais Li Ka-shing et Founders Fund de Peter Thiel, fondateur de PayPal, ont également participé à l’opération. Fondée en 2011 par Sonny Vu et l’ex-CEO d’Apple John Sculley, la cible commercialise ses produits sous deux marques Shine et Flash, disponibles sur la plateforme Apple Store au prix d’environ 100 $. A travers ses trois tours de table, la jeune entreprise californienne a déjà levé au total 63 M$ - dont, selon son CEO repris par le site Techcrunch, 15,2 M€ d'un tour précédent ne seraient pas encore employés. Misfit Wearables aurait cependant atteint son point mort financier, et recherche en priorité à travers cette levée à accéder au savoir-faire de ses nouveaux partenaires en matière de production de masse et à contrôler la concurrence, Xiaomi ayant lancé sur le marché chinois des équipements de "fitwear" autour de 13$).
Energie : E.ON (Allemagne / Italie / Chine)
En pleine restructuration, le groupe énergétique allemand coté E.ON, plombé par ses dettes de 31 Md€, entame des discussions préliminaires avec le groupe public chinois Shanghai Electric Power pour lui céder ses actifs en Italie estimés à 2 Md€. Edison, filiale italienne d'EDF, se présente également comme prétendant, selon Reuters.
Cotée à la bourse de Francfort, E.ON a été la plus grosse capitalisation boursière de l'indice DAX allemand avec 82 Md€ en mars 2007. Mais à cause d'une conjoncture difficile depuis la crise financière de 2008 et de la transition énergétique en Allemagne, son cours est descendu d’environ 50 % à aujourd’hui environ 15 € contre environ 30 € au début de 2010. L'énergéticien allemand devrait se scinder en deux pour se séparer de ses activités de production conventionnelle d'électricité et se recentrer sur les énergies renouvelables et les réseaux de distribution d'énergie. Par ailleurs, il cherche également à céder ses activités non stratégiques. Pour rappel, cette semaine, le groupe allemand avait déjà annoncé la vente de ses actifs de centrales en Espagne et au Portugal au conglomérat financier australien Macquarie, pour 2,5 Md€.
Pharmaceutique : Otsuka / Avanir (USA / Japon)
Le groupe pharmaceutique japonais Otsuka Pharmaceutical lance une OPA de 3,5 Md$ (2,8 Md€) sur son homologue californien Avanir Pharmaceuticals, spécialisé dans les traitements des désordres du système nerveux. L'opération est libellée à 17$ par titre en cash, soit une prime d'environ 13 % sur les cours de clôture de la veille sur le Nasdaq. Créé en 1988, le groupe américain a réalisé un chiffre d’affaires cette année de 75 M$ avec une perte nette de 71 M$ en comptant environ 500 salariés. Il s’adosse désormais au géant japonais Otsuka, déjà présent à l'international dans les pharmaceutiques et nutraceutiques ainsi que l’agroalimentaire etc. Le groupe japonais a généré pour l’année fiscale (close en mars 2013) un CA de 13 Md$ pour un résultat net de 1,3 Md$, dont 40% sont issus d'un médicament phare (Abilify) dont le brevet expire en avril 2015, ouvrant ainsi la concurrence aux médicaments génériques. Avec cette opération, Otsuka espère minimiser l'impact de ce "patent cliff".
Transports ferroviaires : Finmeccanica / AnsaldoBreda (Italie)
Selon le quotidien italien Corriere della Sera, un consortium chinois pourrait faire une offre sur les actifs ferroviaires du groupe italien Finmeccanica. Le consortium est emmené par Insigma Technology, société d’ingénierie informatique cotée à Shanghai, et suivi par Xinzhu, équipementier de construction, et par United Mechanical & Electrical (United M&E), équipementier pour les transports ferroviaires - filiale d’Insigma Technology. L’italien Finmeccanica cherche actuellement à céder sa filiale déficitaire AnsaldoBreda, constructeur des rames, ainsi que sa participation de 40 % dans Ansaldo (voir aussi notre Bulletin de mai dernier), fabricant de signalisation ferroviaire, afin de réduire son endettement et de se recentrer sur l'aérospatial et la défense. Pour rappel, le délai pour les offres expirait le 17 novembre, mais un seul prétendant, le japonais Hitachi, devrait formuler une offre aux alentours de 1,7 Md$ (1,17 Md€) selon l’agence nippone Nikkei. L’offre potentielle chinoise pourrait donc empêcher l’Italie et le Japonais d’entrer rapidement en négociations exclusives. Finmeccanica n'a pas confirmé l'intérêt des groupes chinois mais il a expliqué que l'administrateur délégué Mauro Moretti avait informé le conseil d'administration de l'état d'avancement du dossier, le conseil lui avait demandé de s'en tenir au calendrier initial des discussions, sans plus de précision. Le consortium chinois n’a pas encore souhaité faire de commentaire.
Le chinois Insigma Technology est contrôlé par Yuan Zheng Holdings, ce dernier appartenant à l’université de Zhengjiang, l’une des meilleures universités chinoises. L’an dernier, Insigma a enregistré un chiffre d’affaires de 5,2 milliards de yuans (682 M€) pour un résultat net de 5 M€.
- Evenement -
Quatrième Conférence annuelle du marché boursier d'Euronext
La quatrième édition conférence annuelle du marché boursier s'est déroulé aujourd'hui au Pavillon Cambon Capucines chez Euronext. Michel Sapin et Dominique Cerutti ont participé à cet évènement. Le grand prix spécial du jury a été remis à la Bank of China. La banque chinoise, ce jour même, le 3 décembre 2014, vient de déclencher son service de compensation pour RMB, devise chinoise, à Paris. Ce déclenchement est suite à la désignation à BOC Paris comme la seule banque compensatrice de RMB en France. Pour rappel, la banque avait, en septembre dernier, introduit une émission obligataire offshore en RMB de 2 milliards de yuans (250 M€) sur Euronext Paris, une émission emblématique pour la Place de Paris.
Bonne semaine à tous.
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