Chronique Asie, CFNEWS
L'actualité des deals, des investisseurs et conseils en Asie compilée par nos analystes... Quoi de neuf dans le Private Equity et le M&A en Asie cette semaine?
- Les Deals -
Distribution : Carrefour China / Tencent, Yonghui (France / Chine)
Le groupe coté de distribution Carrefour s’engage dans un plan choc pour sortir de la crise avec 2400 suppressions de postes au sein de son siège français, via un plan de départs volontaires et un virage bio et numérique. Il souhaite renforcer sa présence dans l’empire du milieu en nouant un partenariat avec le géant des services internet local Tencent et son homologue Yonghui. Un protocole d’accord a été signé pour céder une part minoritaire de ses activités chinoises à ces deux nouveaux partenaires. Coté à Hong Kong, Tencent est notamment propriétaire de réseaux sociaux mobiles comme QQ et WeChat, et de la plateforme de paiement numérique Wexin Pay. Fondé en 1995 et coté aujourd’hui à Shanghai, Yonghui est, quant à lui, spécialisé dans les produits frais et compte plus de 590 magasins dans 23 provinces chinoises.
Cette opération fait suite à celle réalisée par Auchan en novembre dernier. Ce dernier a, pour rappel, remplacé son partenaire taïwanais Ruentex par le géant d’e-commerce chinois Alibaba, qui avait pris une participation significative de 36,16 % dans Sun Art Retail Group, cotée à Hong-Kong pour environ 2,88 Md$ (lire aussi notre bulletin précédent).
Paiement électrique : Ingenico / Fosun (France / Chine)
Le groupe coté Ingenico rachète la participation de 20 % détenue depuis mai 2015 par Imperial Orchid Ltd - structure gérée par Fosun - dans Ingenico Holding Asia Limited, pour 104,6 M$. Basée à Hong Kong, la cible détient les activités chinoises d’Ingenico. Suite à cette opération, le groupe français monte à 97 % du capital d'Ingenico Holding Asia Limited.
Mode : C&A (Belgique)
Selon le journal allemand Der Spiegel, la famille Brenninkmeijer, propriétaire de C&A, pourrait vendre la société fondée en 1841 à des investisseurs chinois dont l'identité n'est pas dévoilée. La famille aux origines germano-néerlandaises Brenninkmeijer, avec une fortune estimée à plus de 20 Md€, a regroupé ses actions dans Cofra Holding, basée en Suisse. Sise à Düsseldorf et à Bruxelles, C&A Group coiffe l’enseigne éponyme mais aussi plusieurs marques telles Clockhouse, Yessica, Angelo Litrico, Palomino, BabyClub. Regroupant 60 000 salariés dans 2 000 magasins à travers 21 pays, elle a vu ses ventes reculer de 3,1 Md€ en 2011 à 2,62 Md€ l'an dernier, du fait de la montée en puissance du e-commerce et de la concurrence d'enseignes à bas prix comme l'irlandaise Primark.
Biotech : Biotest / Creat Group (Allemagne / Chine)
Le spécialiste allemand du plasma sanguin Biotest, coté à Francfort, va céder ses activités américaines, représentant environ 20 % de ses revenus. Il n’a pas encore communiqué l’identité de l’acquéreur ni le montant de la transaction. Il compte sur cette cession pour obtenir le feu vert des autorités américaines pour l’OPA dont il fait l'objet de la part du conglomérat privé chinois Creat Group pour une valorisation de 1,3 Md€ (lire notre bulletin précédent). En novembre dernier, le CFIUS (Comité pour l'investissement étranger aux États-Unis) avait manifesté son inquiétude quant à cette transaction « menaçant » la sécurité des États-Unis.
Semi-conducteur : Toshiba Memory (Japon)
Toshiba pourrait introduire en Bourse sa division de semi-conducteurs si le projet de cession de 2 000 milliards de yens (18 Md$) conclu avec un consortium mené par Bain Capital n'obtient pas le feu vert des autorités de la concurrence d'ici la fin du mois de mars, a rapporté le Financial Times. Toshiba, deuxième producteur de mémoires NAND derrière Samsung Electronics, a signé en septembre dernier un accord avec un consortium emmené par Bain Capital pour la cession de cette division, en vue de couvrir les dettes évaluées à plusieurs milliards de dollars de sa filiale nucléaire américaine Westinghouse, en dépôt de bilan. Mais entre temps, la pression s'est amoindrie, le conglomérat japonais étant parvenu à la fin de l'année dernière à lever 600 milliards de yens (5,4 Md$) auprès d'investisseurs étrangers via une augmentation de capital lui permettant d'éponger son passif. Si le projet de cession n'obtient pas l'approbation réglementaire avant le 31 mars, Toshiba est libre d'y renoncer, d’après Reuters.
Hôtellerie : HNA Group / NH Hotel (Chine / Espagne)
Le conglomérat chinois aérien et du tourisme HNA Group a mandaté JP Morgan et Benedetto, Gartland & Company pour vendre sa participation (29,5 %) dans le groupe hôtelier NH Hotel Group, coté à Madrid. D’après la capitalisation boursière, les titres détenus par le chinois vaudraient presque 700 M€. Après une série d’acquisitions internationales audacieuses, le groupe chinois s'est retrouvé lourdement endetté et cherche aujourd'hui à s’alléger. Par ailleurs, la relation entre HNA et NH Hotel est très tendue depuis l’investissement du groupe chinois en 2016 dans Carlston-Rezidor, qui est considéré comme un concurrent de NH Hotel. L’hôtelier espagnol n’avait d'ailleurs pas hésité à expulser le représentant du groupe chinois de son conseil d’administration pour des raisons de conflit d’intérêt. En novembre dernier, le groupe hôtelier espagnol Grupo Barcelo a, pour mémoire, approché NH Hotel Group. Si son offre a été refusée, cette tentative a néanmoins fait grimper le cours de NH Hotel Group de 20 %.
Fintech : Dianrong (Chine)
Née en 2012 à Shanghai, la fintech chinoise Dianrong, dédiée au crédits en ligne pour particuliers et entreprises, réalise son quatrième tour de table avec une levée de 70 M$ auprès d'Orix Asia Capital - fonds corporate du groupe financier japonais Orix - et de Citic CLSA. Le premier a apporté 60 M$ et le second le solde. L’opération porte le montant total des fonds levés par Dianrong depuis sa création à 290 M$. Fondée par Soul Htite (cofondateur de l'américain Lending Club) et Kevin Guo Yuhang, la jeune société chinoise dispose d'un groupe d’investisseurs prestigieux, constitué notamment du fonds souverain de Singapour GIC Private, et du groupe coréen Simone etc. D’après le Cambridge Centre for Alternative Finance (CCAF), les crédits en ligne à la consommation sans garantie atteignaient 140 Md$ en Chine l’année dernière.
Internet : Snow / SoftBank, Sequoia China (Corée du Sud / Japon, Chine)
Spin-off du géant d’internet sud-coréen Naver, Snow lève 50 M$ auprès de Softbank et de Sequoia China, en échange de 20 % de son capital. Lancé en septembre 2015, Snow, qui revendique 200 millions de téléchargements, proposait jusqu’ici d’envoyer des photos ou des vidéos éphémères agrémentées de filtres et d'autocollants, tout comme Snapchat. La dernière mise à jour majeure permet à l’application sud-coréenne de se distinguer de son ancien concurrent par plusieurs fonctionnalités, comme la réalité augmentée et la reconnaissance faciale. Ses utilisateurs peuvent désormais exporter leurs autocollants personnalisés pour les publier sur les réseaux sociaux de leur choix. Snow collabore avec la licorne chinoise de l'intelligence artificielle Sense Time pour la reconnaissance faciale.
- Statistiques -
IDE et M&A chinois en 2017
D’après le rapport « China Foreign Direct Investment » (rédigé par Baker McKenzie et Rhodium Group), les investissements directs à l’étranger (IDE) des entreprises chinoises en Europe et en Amérique du Nord s’élevaient à 111 Md$ l’an dernier. Les IDE chinois en Europe ont augmenté de 76 % pour atteindre 81 Md$. La Suisse, le Royaume-Uni et les Pays-Bas sont les destinations les plus prisées. En Suisse, le montant record est principalement dû à la finalisation reportée du méga-deal de 43 Md$ conclu entre le conglomérat public de chimie ChemChina et Syngenta. Sur le continent européen, la France arrive en cinquième position avec 1 Md$ investis en 2017 (contre 2,4 milliards en 2016). Le marché nord-américain affiche un recul de 35 % des IDE chinois avec seulement 30 Md$. Par ailleurs, l’initiative du gouvernement chinois de la « nouvelle route de la soie » (One Belt One Road) a dopé les IDE chinois en Europe dans le secteur des transports, logistique et infrastructure. Son montant est, en effet, passé d’1 Md$ en 2015 à plus de 16 milliards en 2017, notamment grâce à l'acquisition par le fonds souverain China Investment Corp (CIC) auprès de Blackstone de Logicor Europe pour 12,5 Md$ (lire l’article du site CFNEWS IMMO & INFRA).
Selon le rapport « M&A 2017 review and 2018 outlook » publié par PwC, le montant des transactions M&A conduites par les entreprises chinoises a enregistré une baisse de 11 % pour atteindre 671 Md$ l’an dernier, contre 753,3 Md$ en 2016. Et ce, en raison du recul du nombre d’opérations. Le nombre des deals supérieurs à 1 Md$ est, en effet, passé de 103 en 2016 à 89 l’an dernier. Il faut dire que les autorités chinoises serrent les vannes dans certains secteurs tels que les clubs sportifs, l’hôtellerie, les cinémas, l’immobilier et le divertissement. De plus, plusieurs puissances européennes - l’Allemagne, la France et l’Italie - souhaitent également renforcer les prérogatives de l’Europe permettant de bloquer l'achat d'entreprises européennes détenant des technologies de pointe par des prétendants étrangers ou, au moins, d’imposer des conditions. La Chine est souvent évoquée pour cette préoccupation.
Bonne semaine à tous.
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