Chronique Asie, CFNEWS
L'actualité des deals, des investisseurs et conseils en Asie compilée par nos analystes... Quoi de neuf dans le Private Equity et le M&A en Asie cette semaine?
- Les Deals -
Transport & Logistique : ADP / ACV
Les autorités vietnamiennes ont autorisé Aéroports de Paris (ADP) à entrer dans le capital d'Airports Corporation of Vietnam (ACV) et à en devenir l'unique partenaire stratégique. Elles avaient, pour rappel, proposé en décembre dernier d'ouvrir son capital à hauteur de 20 % dans le cadre d'un programme de privatisation partielle. L'opération, qui valorise la cible à 1,2 Md$, devrait être finalisée au troisième trimestre de cette année. Le groupe français était seule en lice depuis la mise à l'écart de son concurrent singapourien Changi Airport International, dont la candidature n'a pas été retenue pour des raisons juridiques.
Construction : Bureau Veritas / Chongqing Liansheng
Quatrième acquisition pour le groupe coté de certification Bureau Veritas depuis 2015. Détenu par Wendel à 40,5 %, il acquiert 80 % de Chongqing Liansheng (lire aussi : Bureau Veritas contrôle en Chine). Fondée en 1994 et basée à Chongqing, la cible a généré environ 30 M€ de chiffre d'affaires pour 900 employés.
Santé, Beauté et services associés : Ceva / Polchem (France / Inde)
Le groupe vétérinaire mondial Ceva, en LBO avec le fonds souverain de Singapour Temasek Holdings et le fonds chinois CDH Investments, acquiert les laboratoires indiens Polchem, situés au sud-est de Bombay, générant environ 10 M$ de chiffre d'affaires (lire aussi: Ceva s'implante en Inde).
Distribution : Activités de Casino au Vietnam (France / Vietnam)
Après la tentative échouée du rachat de Big C Supercenter en Thaïlande, le conglomérat de distribution thaïlandais Central Group se penche sur le dossier de la cession des activités de Casino au Vietnam (lire aussi : Casino cède Big C au TCC Group). Il souhaite désormais se tourner vers les pays voisins en Asie du Sud-Est après avoir acquis trois importants grands magasins européens ces dernières années. Le Central Group ciblera tout particulièrement le Vietnam, où il emploie quelque 6 000 personnes dans la distribution et Casino va y céder ses activités, qui est exploitées via sa participation dans Big C Supercenter. Il pourrait faire une offre de 518 M€, dont les enchères s'ouvriront le 10 mars. Actif sur le vieux continent, le thaïlandais Central est propriétaire des trois enseignes européennes: l’allemande KaDeWe (50,1 %), l’italienne La Rinascente (100 %) et la danoise Illum (lire aussi : Central Group prend le contrôle de KaDeWe).
Cinéma : Wanda-AMC / Carmike (Chine / États-Unis)
Déjà numéro un mondial dans l’exploitation de salles de cinéma, le groupe chinois Dalian Wanda renforce encore son leadership en rachetant pour 1,1 Md$, dette comprise, l’américain Carmike Cinemas, coté au Nasdaq. L’opération se réalisera à travers sa filiale américaine AMC Entertainment - numéro deux aux États-Unis - que Wanda avait acheté en 2012 pour 2,6 Md$. AMC paie 30 $ par action en numéraire, soit une prime de près de 20 % comparé au cours de clôture de la veille (7 mars jeudi). La société mère chinoise ne débourse toutefois pour cette opération aucun centime. Après la finalisation de l’opération, la nouvelle entité AMC-Carmike, qui devrait devenir numéro un sur le marché américain, va exploiter au total environ 8380 écrans de cinéma dont 5426 actuellement pour AMC et 2 954 sous le contrôle de Carmike. Dalian Wanda est aujourd'hui le leader sur le marché chinois à travers sa filiale chinoise Wanda Cinemas, cotée à Shenzhen, également en Océanie grâce à l’acquisition de Hoyt's Group. Il ambitionne aussi d'étendre son périmètre dans la production de film avec l'acquisition du studio hollywoodien Legendary Entertainment, en déboursant 3,5 Md$.
Internet & E-commerce : FFDIF / Fancy Cellar (France / Chine)
Le sommelier digital Fancy Cellar, dédié au marché chinois, s’entoure d’un groupe d’investisseurs pour son premier tour de table de 250 000$. Les investisseurs comprennent Fred & Farid Digital Investment Fund (FFDIF), SOSV, et des VC chinois AngelVest, Chinaccelerator. Fondée en 2013 par deux français Sophie Benchimol et Bertrand Moreau, la cible est une plateforme de vente de vin en ligne destinée au marché chinois. Basée à Shanghai, elle accompagne tout le processus de choix d’un vin français ou d’autre boisson alcoolisée sur des canaux digitaux de distribution adaptés aux consommateurs chinois, tels que Wechat ou Taobao.
Agroalimentaire : CGR / Famille Huang (France / Chine)
Le propriétaire du groupe chinois de vente directe Yofoto, la famille Huang rachète via la holding Hongkong Fushare Life Group, les domaines CGR, comprenant trois propriétés bordelaises : Château la Cardonne, Château Ramafort et Château Grivière. Selon le Figaro, la transaction, conseillées par Benoit & Associés et Villey Girard Grolleaud & Associés, s’établit à plusieurs dizaines de millions d’euros. AOC médoc et classée Cru Bourgeois, la cible abrite au total 125 hectares de vignes, faisant la plus importante acquisition par des chinois dans le bordelais. Jusqu’à maintenant, la plus importante transaction en terme de la valeur est le château de La Rivière, qui avait été acquis il y a environ deux ans par le chinois Brilliant pour 30 M€ (lire aussi : le château de la Rivière bat pavillon chinois). Pour rappel, CGR avait été dans le portefeuille de la famille Laffite-Rothschild pendant près de quarante ans, il a ensuite été cédé aux Charloux dans les années 1990. Emmené par Yingzhi Huang, le nouveau propriétaire familial, qui dispose déjà du château de Lugagnac avec 100 hectares de vignoble, souhaite conserver l’équipe intégrale de 31 personnes et le réseau de distribution en Europe, il entend également exporter la production en Chine après environ un an. Depuis 2011, les Chinois sont les premiers importateurs de vins bordelais au monde, avec un volume de 55 millions de bouteilles.
Selon les média chinois, le Bordelais compte aujourd’hui 128 propriétaires chinois, y compris hongkongais, dont aucune propriété de renom. Soit environ 1,5 % de la surface du vignoble.
Agroalimentaire : Château Le Rey (Castillon) / Vignobles K (France / Chine)
Vignobles K met la main sur une propriété de 12 hectares en appellation Castillon, côtes de Bordeaux, le château Le Rey. L’acquéreur est contrôlé par un trio d’investisseurs passionnés de vin : Peter Kwok, banquier hongkongais, Jean-Christophe Meyrou, délégué de ce dernier en France, ainsi que Philippe Lambrecht, Belge possédant l’importateur Wijnhandel De Brabandere (Wielsbeke, Flandre) et la Bodega Mas Alta (Priorat, Catalogne). 67 ans, Peter Kwok, grand amoureux de la culture française, a été le premier Chinois, avant la vague des investissements chinois en Bordelais, à s’offre un château en 1997, le château Haut-Brisson avec 22 hectares, Saint Emilion grand cru. Le pionnier a ensuite acquis quatre propriétés françaises, le château Tour Saint Christophe (11 hectares, Saint Emilion Grand cru), le château la Patache (3,18 hectares, Pomerol), l’Enclos Tourmaline (1,75 hectares, Pomerol), l’Enclos de Viaud (2,48 hectares, Lalande de Pomerol). Il avait créé en 2014 la holding Vignobles K, dont le siège social à Saint Christophe des Bardes, pour détenir ces châteaux. Pour rappel, l’an dernier, il s’était emparé du château Tourans, Saint Emilion grand cru de 12,6 hectares. Cette propriété est absorbée par le château Tour Saint Christophe.
- Point de Vue -
Au cours des premiers deux mois passés de l’année, plusieurs investissements d’envergure ont déjà été menés par des groupes chinois en Europe : l’OPA envisagée de ChemChina sur le suisse Syngenta pour 43 Md$ (lire aussi : ChemChina s’offre à Syngenta), l’acquisition de l’allemand EEW par Beijing Entreprise, ou encore la montée surprenante à 11,7 % du capital du français AccorHotels de Jin Jiang (lire aussi l’article CFNEWS : Jin Jiang poursuit sa montée dans AccorHotels). Cyril Kammoun (photo ci-contre), CEO de Degroof Petercam Finance, interprète que cette lame d’acquisitions s’inscrit dans une dynamique de long terme, et elle n’aura pas de craintes de court termes. L’accès aux marques et technologies occidentales ne visera pas, selon lui, à prendre le contrôle des marchés européens mais davantage à développer le marché intérieur. Le prix élevé payé lors de certaines transactions témoigne d’une vision de long terme. La priorité pour les groupes chinois n’est pas le taux de retour sur investissement à court terme mais les éléments tels que la marque et la technologie, qui leur permettent de déployer le potentiel sur le marché chinois ou plus largement en Asie-Pacifique. Par ailleurs, grâce à ces actifs matures et établis acquis, les conglomérats chinois s’offrent une crédibilité, une signature pour financer leur développement, en redéployant les liquidités.
Bonne semaine à tous.
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