Immobilier: Tikehau Capital, City Developments / Ireit Global (France, Singapour / Singapour)
Tikehau Capital signe un nouveau partenariat stratégique à Singapour, où il dispose d’une antenne depuis 2014. La société de gestion qui gère 22 Md€ renforce son empreinte à Singapour en s’associant à City Developments Limited (CDL), l’une des sociétés immobilières cotées de la cité-État. Cette dernière acquiert une participation de 50 % au capital de la société de gestion Ireit Global Group, et de 12,4 % dans sa maison mère Ireit Global, une foncière cotée de Singapour. Le GP français, qui détenait respectivement 86,4 % et 8,4 % d’Ireit Global Group et d'Ireit Global depuis 2016, voit ainsi ses participations respectives fluctuer pour désormais s’établir à 50 % et 16,4 %. Cette opération capitalistique devrait permettre à la cible singapourienne de poursuivre sereinement son développement en s’appuyant sur CDL, alors que Tikehau Capital renforce son ancrage économique en Asie. La société de gestion complète d’ailleurs les équipes de son bureau de Séoul et en ouvre un nouveau à Tokyo (lire aussi l’article CFNEWS IMMO : Tikehau Capital renforce son immobilier singapourien).
Pour mémoire, au début de l’année, le fonds Tikehau a réalisé sa première cession de l’année JustCo. Cette dernière offre des espaces partagés aux indépendants, entrepreneurs, startups et petites et grandes entreprises dans de nombreuses villes en Asie-Pacifique. L’opération a rapporté une plus-value nette de 27,7 millions de dollars singapouriens (18,6 M€) (lire aussi notre chronique précédente).
Soins : Etvos / L Catterton Asia (Japon / France)
Etvos, marque japonaise de cosmétiques naturels, reçoit un investissement important du véhicule asiatique de L Catterton, bras d’investissement de LVMH et du Groupe Arnault. Le montant du ticket et d'autres détails financiers restent confidentiels. L’opération représente le deuxième investissement de L Catterton, gérant 20 Md$, au Japon (après celui Owndays, spécialisé dans les lunettes de prescription) et de son premier investissement dans une marque de cosmétiques japonaise. Fondée à Osaka en 2007, la marque revendique un pionnier dans l'introduction de produits de maquillage à base minérale 100 % fabriqués au Japon, avec une large gamme de produits de soin, de maquillage et de soins capillaires naturels, en particulier un maquillage à base de minéraux qui ne nécessite pas de nettoyage après application. Pour mémoire, L Catterton avait ouvert son bureau de Tokyo en novembre 2018 pour avoir un réseau de 17 antennes dans le monde. Le fonds, dédié à la consommation du « growing middle market », investit activement dans des marques de cosmétiques à l'échelle mondiale, son portefeuille comprenant la britannique ELEMIS, les américaines Bliss, COVER FX et The Honest Company, l’italienne Intercos, ou encore la chinoise Marubi (coté à Shanghai).
Automobile : Donfeng / Groupe PSA (Chine / France)
Dongfeng examinerait sa participation dans PSA après la chute des cours en Bourse, selon le Reuters, qui a cité un responsable anonyme du groupe chinois. Le constructeur PSA et son homologue italo-américain Fiat-Chrysler Automobiles (FCA) ont signé en décembre dernier un accord de fusion d'environ 50 Md$ pour donner naissance au quatrième groupe automobile mondial. Dongfeng, qui détient actuellement 12,2 % du capital de PSA, devrait réduire sa part dans le groupe français en cédant 30,7 millions d'actions, pour détenir environ 4,5 % du capital du nouvel ensemble PSA-FCA. En raison de la chute de cours en Bourse du PSA, l’actionnaire chinois pourrait souhaiter changer le projet de cession de cette participation en prenant en compte de l’impact sur les marchés financiers lié au covid-19. En prenant le cours du 18 décembre dernier (jour de signature de fusion), le titre du Groupe PSA a chuté de 39,13 % par rapport à celui d’hier. PSA et FCA ont déclaré en décembre dernier mettre 12 à 15 mois pour finaliser leur projet de fusion, pour l'instant, aucun report du projet n’est annoncé (lire aussi l’article : PSA et Fiat Chrysler publient leur bans).
Pharma : Novartis (Suisse)
Le groupe pharma suisse Novartis ne cédera finalement pas les portefeuilles étasuniens de sa filiale américaine Sandoz dans les domaines des génériques et de la dermatologie au groupe indien Aurobindo Pharma. Les deux entreprises ont conclu un nouvel accord pour renoncer à cette transaction faute de l’approbation américaine dans les délais. Pour mémoire, l’opération avait été annoncé en septembre 2018. Le prix de vente devait atteindre 900 M$, avec un complément potentiel de 100 millions. L'accord portait sur environ 300 produits, qui avaient généré des ventes de 600 M$ au premier semestre 2018. Il incluait également des projets en cours de développement ainsi que le centre de recherche dermatologique, les sites de production de Wilson en Caroline du Nord ainsi que ceux de Hickswille et Melville dans l'État de New-York, pour un effectif d’environ 750 salariés.
Corporate Finance : Nomura / Greentech Capital (Japon / États-Unis)
Le groupe banquier japonais Nomura a finalisé l'acquisition de Greentech Capital Advisors. La cible, banque d'investissement rebaptisée Nomura Greentech, a intégré la franchise Global Investment Banking de Nomura. Fondée en 2009 par Jeff McDermott, avec des bureaux à New York, San Francisco, Chicago et Zurich, la cible offre ses services financiers et stratégiques dans les technologies et infrastructures durables.
Logiciel : Aveva / MESEnter (Royaume-Uni, France / Corée du Sud)
Filiale à 60 % du groupe tricolore Schneider Electric depuis 2018, l’éditeur britannique de logiciels industriels et d’ingénierie Aveva, coté à Londres, s’empare du logiciel de comptabilité de production de la société sud-coréenne MESEnter. L’opération a pour objectif de compléter ses solutions d’optimisation de chaîne de valeur. Les termes financiers ne sont pas communiqués. Précédemment connue sous le nom de MESEnter ErrorSolver, l’offre logicielle est désormais renommée Aveva Production Accounting, disposant d’une interface simple d’utilisation avec un affichage sous forme de schémas pour la création et le suivi des modèles de bilan de l’usine. Ce logiciel donne une possibilité d’améliorer la précision des modèles de planification, de gérer les performances, d’identifier les pertes et les équipements défectueux et, enfin, de faciliter la réconciliation des opérations à l’échelle de l’ensemble de l’usine.
Edtech : EdTechX / Meten (Royaume-Uni / Chine)
Basé à Londres et dirigé par le Français Benjamin Vedrenne-Cloquet (CEO) et le Britannique Charles McIntyre, EdTechX Holdings, SPAC coté (Special Purpose Acquisition Company) au Nasdaq, a finalisé l’intégration de la société chinoise Meten International Education (Meten). L’entité combinée opérera sous le nom de Meten EdtechX Education (EdtechX) au Nasdaq. Dans le cadre de l’opération de fusion, EdtechX a réalisé un placement privé de 36 M$ auprès d’investisseurs institutionnels, dont Azimut, italien gérant plus de 60 Md$, et Xiamen ITG Holding Group, acteur majeur dans la formation. Ils rejoignent ainsi les actionnaires historiques comme China International Capital Corporation (CICC) et les fonds affiliés à l’Université de Tsinghua. Basée à Shenzhen, la société chinoise Meten Education se dote d’une plateforme numérique Likeshuo dédiée à la formation en anglais pour adultes (étudiants et professionnels) et dispose aujourd’hui d’un réseau de 149 centres d’apprentissage couvrant 32 villes chinoises dans 14 provinces. Elle réalisait en 2018 un chiffre d’affaires de 200 M$ (1,424 milliards de yuans) pour un Ebitda de 20,1 M$ (144 millions de yuans), contre un chiffre d’affaires de 113,9 M$ en 2016 pour un Ebitda de 2,4 M$ (lire aussi notre chronique précédente).
Pour cette opération, la banque d’affaires Chardan a agi en tant que conseiller financier et conseiller en marchés de capitaux d’EdtechX, Macquarie pour Meten. Dans les aspects juridiques Graubard Miller a conseillé EdtechX et Morgan Lewis pour Meten. Loeb & Loeb a agi en qualité de conseiller juridique spécial de Chardan.
Corporate Finance: CVC Asia V (Asie)
CVC Capital Partners a annoncé le closing final à 4,5 Md$ pour son cinquième fonds dédié à l’Asie-Pacifique, CVC Asia Pacific V, dépassant son objectif de levée de 4 Md$. L'Oregon Investment Council, qui gère le fonds de pension l’Oregon Public Employees Retirement Fund, gérant 79,1 Md$, Tigard, y figure comme souscripteur. Ce nouveau véhicule poursuit sa stratégie des quatre précédents : les investissements majoritaires et minoritaires dans les secteurs de consommation et de services, visant aux entreprises dont la valeur se situe entre 250 millions et 1,5 Md$. Pour rappel, son premier véhicule a clôturé sa collecte en 2000 pour 750 M$, et le deuxième en 2005 pour 1,975 Md$, le troisième en 2008 pour 4,12 Md$ et le quatrième en 2014 pour 3,495 Md$.
Les investissements chinois et japonais en France en 2019
Pour l’année 2019, CFNEWS a enregistré respectivement 20 et 12 investissements réalisées par des investisseurs chinois et japonais dans l’Hexagone, tous les deux représentant le niveau le plus bas depuis 2015. Comme on l'observe sur le graphique ci-dessous, depuis 2012, les investissements chinois et japonais ont atteint le pic respectivement en 2016 et 2017 pour 44 et 23 lignes. À compter de 2017, la tendance est repartie à la baisse pour revenir à niveau quasi-équivalent en 2012.
En été 2017, les autorités chinoises ont commencé à mettre en place de mesures restrictives pour serrer les vannes d’investissements des entreprises chinoises à l’international. Cette politique a pour l’objectif de lutter contre la bulle du crédit bancaire et la fuite des capitaux, en évitant une crise financière d’envergure du pays. Particulièrement, dans la liste négative, figurent-ils les clubs sportifs, l’hôtellerie, les cinémas, l’immobilier et le divertissement (lire aussi notre chronique précédente). L’affaiblissement d’investissement est également lié à la difficulté de liquidité de plusieurs groupes privés très actifs dans les M&A, comme l’assureur chinois An Bang, le conglomérat aérien HNA Group, le conglomérat privé immobilier Wanda, ou encore plus récemment Shandong Ruyi, à la tête de nombreuses marques comme SMCP, Aquascutum, Gieves & Hawkes, Cerruti 1881 et Lycra Group. Selon une enquête récente du Reuters, deux ans après l’annonce, le chinois Ruyi Group n’a toujours pas finalisé son acquisition du maroquinier d'origine suisse Bally, qui compte JAB Holding, la société d'investissement de la famille allemande Reimann, toujours comme actionnaire unique (lire aussi notre chronique précédente).
20 investissements chinois (télécharger le bilan complet en PDF)
La plus importante est l’acquisition de Asteelflash Group, sous-traitance électronique, par le chinois Universal Scientific Industrial auprès de ses actionnaires familiaux et du fonds Arkea Capital, qui a signé sa sortie du capital présent depuis 2005 lors d’un opération OBO, pour 404,1 M€. Fondé en 1961 et coté sur Euronext depuis 1999, le groupe Le Bélier, équipementier automobile des pièces en aluminium basé à Vérac en Gironde, a rejoint le chinois Wencan, qui a lancé une OPA le valorisant 251 M€. La marque IRO est enfin devenue filiale à 100 % du groupe Ellassay, coté à Shanghai. Ce dernier a acquis l’an dernier les deux dernière tranches détenues par les frères fondateurs Laurent et Arik Bitton, et Fosun auquel Ellassay s’était associé pour prendre une part majoritaire d’IRO (57 % du capital) en 2016.
Enfin, une petite acquisition de taille mais très significative : le groupe CSPM, coté à Shanghai et détenu à 74,4 % par l’Académie chinoise des sciences, a racheté l’Édition Diffusion Presse Sciences (EDP Sciences), pour 14,8 M€, auprès de quatre actionnaires des associations. Cofondée en 1920 par des savants et des lauréats du prix Nobel, tels que Marie Curie, Louis de Broglie et Jean Perrin, la cible est spécialisée dans l’édition de revues scientifiques en langue anglaise et dans la production et la distribution de revues scientifiques en langue française.
Quant au buy-out, l'ex-Fondations Capital, dirigé par Xavier Marin, s’est rebaptisé Trail en été 2018. Il a réuni 150 M€ pour le premier closing de Value Trail, une SLP dédiée aux sociétés européennes avec l'ambition de les aider à se développer en Asie et notamment en Chine. La société de gestion a signé un partenariat stratégique avec l'acteur financier chinois Silk Road Fund (gérant 48 Md€) et une des principales banques d'investissement de l'Empire du Milieu CICC. Ce véhicule s’est associé à la plateforme d'investissement chinoise China Synergy Fund pour mener une opération de LBO bis à Electropoli, fournisseur normand de services de traitement de surface pour le secteur automobile de 100 M€ de revenus.
Dans la catégorie de capital-innovation, deux grosses levées ont attiré les investisseurs chinois. Happiness Capital, family office de la famille fondatrice de Lee Kum Kee, producteur de sauces d'huitre, a participé à la méga-levée de 117 M€ au profit du producteur francilien d’insectes pour l’alimentation animale Ynsect. Le VC sino-américain Morningside Venture a mené un tour de 44 M€ pour la biotech française, Inotrem, qui cherche à maitriser les réactions inflammatoires excessives.
12 investissements japonais (télécharger le bilan complet en PDF)
Quant aux japonais, la plus importante acquisition est celle du distributeur et réparateur de matériels d'impression, Sequoïa, présent dans le Grand Est et à la Réunion, par Konica Minolta. Après l’acquisition de Vidal Group, éditeur du célèbre dictionnaire des médicaments en 2016, le groupe japonais coté M3 a renforcé sa présence en France avec l’acquisition de Weda. Basée à Montpellier, cette dernière propose une plateforme en ligne éponyme en mode SaaS (Soft as a Service) de dossiers patients en ligne pour les besoins des professionnels de santé libéraux, exerçant individuellement, en cabinets ou en maisons et pôles de santé pluridisciplinaires, rassemblant aujourd’hui plus de 10 000 utilisateurs.
Les investisseurs japonais sont également enthousiastes pour les FrenchTech avec cinq levées de fonds. Le conglomérat Itochu a participé à la levée de 20 M€ pour Traxens, fournisseur marseillais de capteurs associés, et à la levée de 5 M€ au profit de Dawex, opérateur et fournisseur de places de marché de données. Le fonds corporate de l’opérateur télécom NTT Docomo a, quant à lui, rejoint StatKraft Ventures et BNP Paribas PI dans un tour de 10 M€ pour Metron, éditeur parisien de logiciels d'IA dédiés à la réduction des factures énergétiques des usines.
Et aussi :
Le fonds allemand ThomasLloyd - principal actionnaire de la société indienne SolarArise, développeur indien des parcs solaires -, annonce la construction d’une nouvelle centrale solaire de 75 Mégawatts (MW) dans l’Uttar Pradesh, état du nord de l’Inde le plus peuplé avec environ 230 millions d’habitants. L’investissement de ce projet s’élève à 34,9 M€, dont un financement est accordé par Power Finance Corporation Limited, entreprise nationale indienne et leader des prêts dans le secteur de l’électricité.
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