Unither s’apprête à démarrer un 5ème LBO, sous l'égide de son président Eric Goupil. Le leader mondial de la fabrication d'unidoses stériles à base de technologie Blow-Fill-Seal, avec 380 M€ de chiffre d'affaires et 1 600 collaborateurs, vient d’entrer en exclusivité avec un consortium de fonds mené par le fonds souverain singapourien GIC et IK Partners. Les nouveaux entrants bénéficient du soutien renouvelé du management et des deux investisseurs entrés lors de précédente opération en 2017, Keensight et Parquest (lire ci-dessous). Signant la sortie du majoritaire Ardian, l'opération valoriserait le groupe 1,5 Md€ (soit 17,3 fois l’Ebitda 2022), selon nos informations, contre 675 M€ il y a cinq ans.
Une alternative à la cotation
La transaction a été provoquée par une approche de de gré-à-gré par GIC et IK, lequel connait bien l’actif pour avoir perdu en dernière ligne droite face à Ardian il y a cinq ans. Depuis lors, le fonds, également familier du secteur de la santé pour avoir notamment été actionnaire de Ceva Santé Animale et être présent au capital de Vivalto (lire ci-dessous), était toutefois resté en contact avec le management. Alors que ce dernier pensait il y a cinq ans réaliser son dernier LBO, il a finalement opté pour une nouvelle opération de buyout « sur mesure », lui évitant de tomber dans le portefeuille d'un géant anglo-saxon. « L’opération constitue une véritable alternative à une IPO : le Management restera un actionnaire de référence, alignant ses intérêts avec ceux du consortium d’investisseurs financiers, tout en s’évitant les contraintes de la Bourse », explique Magdalena Svensson, associée chez IK. Cette configuration amène d'ailleurs le fonds à sortir de son scope traditionnel d'actionnaire majoritaire en recourant à un outil dédié à ce type de situation lancé il y a quelques mois : le véhicule Partnership II, qui investirait dans le haut de sa fourchette (50 à 300 M€). Bien que minoritaire, il garantit pour autant à ses participations « les mêmes services que les autres stratégies de la plateforme », rappelle Magdalena Svensson. Une offre qui inclut notamment l’aide à la levée de la dette complétant le montage, qui prendra ici la forme d’un financement unitranche. Une équipe opérationnelle viendra par ailleurs épauler le groupe sur des sujets industriels et commerciaux.
Appliquer le BFS aux vaccins
Autant de soutiens qui seront précieux à Unither, sorti pour mémoire en 1993 de la cuisse de Sanofi, au vu de son ambition insolente. « Actuellement leader en Europe, le groupe à l’ambition de capitaliser sur son savoir-faire pour devenir un acteur de premier plan aux Etats-Unis », projette l'associée d'IK. En plus de prendre des parts de marché sur ce continent où les nombreuses nouvelles molécules arrivant sur le marché constituent autant d’opportunités, le façonnier installé dans quatre pays (France, USA, Brésil et Chine) avec sept usines de fabrication et un centre de R&D souhaite aussi avancer sur un projet de taille : le développement de vaccins basés sur la technologie BFS. Une innovation à la portée mondiale, qui permettrait de fabriquer des vaccins plus rapidement et à plus faible coût. Le groupe amiénois entend également élargir son offre aux produits multidoses sans conservateurs, et ne craint décidément pas la crise. « Les produits d’Unither bénéficient d’une demande très forte, à la fois en Europe et aux Etats-Unis, et ont une forte valeur ajoutée pour les entreprises pharmaceutiques. Les fondamentaux de l’activité et du marché sont excellents, et cela se démontre à travers la grande résilience historique d’Unither », souligne Magdalena Svensson.