De nombreux investisseurs croient en la capacité de The Exploration Company à devenir le constructeur européen de référence des capsules de transport spatial. La société germano-française créée par des anciens d'Airbus et ArianeGroup, dont la présidente Hélène Huby, parvient à finaliser l'une des plus grosses levées dans l'industrie du newspace européen avec une série B de 150 M€. Un montant qui ne détrône toutefois pas le concepteur allemand de lanceurs spatiaux Isar Aerospace avec sa série C de 155 M€ l'année dernière, alors que la figure de proue américaine SpaceX, présente sur les lanceurs et les capsules, s'envole loin devant avec son tour de 850 M$ (pour une capitalisation de 74 Md$) en 2021. La valorisation de The Exploration Company avoisinerait 450 M€ d'après le média Sifted, un ordre de grandeur ayant été confirmé par nos sources. L'opération permettra de financer la deeptech basée à Merignac et Munich, de 150 salariés jusqu'au lancement de la première capsule à taille réelle, prévu en décembre 2027 par le business plan. De nouvelles opérations sont toutefois envisagées d'ici là par les parties prenantes, selon la montée en compétitivité du secteur ou si la société a l'opportunité de commercialiser indépendamment certaines de ses technologies (notamment son moteur plus écologique, carburant à l'hydrogène concentré).
Une promesse européenne
Les meneurs du tour sont le VC britannique Balderton Capital et Plural, un fonds de droit luxembourgeois dont le deuxième véhicule closé en début d'année a atteint 500 M€, grâce à une thèse visant les jeunes sociétés industrielles pouvant devenir des moteurs de la reprise de la croissance du Vieux Continent, du seed à la série B (voire série C) avec des tickets de 500 K€ à 40 M€. Les deux fonds apportent presque la moitié du montant. « Le conflit entre la Russie et l'Ukraine a démontré la nécessité pour l'Europe de disposer d'acteurs locaux et compétitifs dans l'industrie spatiale. The Exploration Company a su valider les attentes de l'Esa et de la Nasa en très peu de temps et sans avoir eu besoin d'importants financements, ce qui témoigne d'un haut niveau d'exécution et de développement », juge Khaled Heliou, partner de Plural. La spacetech a remporté un contrat d’étude de 25 M€ concernant des services de retour de fret avec l'Esa, et serait la première entreprise européenne à avoir signé le « Space Act Agreement », nécessaire pour travailler avec l'agence spatiale américaine.
Tous les historiques participent
Parmi les nouveaux investisseurs figurent aussi le fonds californien Bessemer Venture Partners, Bpifrance à travers French Tech Souveraineté, ainsi que les allemands NGP Capital et DeepTech & Climate Fonds. Alors que tous les historiques injectent à nouveau : EQT Ventures, Red River West, Cherry Ventures, Promus Ventures et Omnes. « Il s'agit de la société dans laquelle nous nous sommes le plus engagés avec notre premier fonds deeptech (bouclé à 130 M€ à la fin de 2020, ndlr). Nous sommes entrés lors de la série A et nous injectons désormais un ticket d'environ 2,5 fois cette taille », indique Hugo Hubert, associate chez Omnes Capital, dont le ticket d'entrée moyen visé se situe autour de 4 M€. La prochaine grande étape de The Exploration Company est le lancement l'année prochaine d'une capsule de 2,5 mètres de diamètre pour 1,6 tonne, représentant la moitié de la taille du véhicule final. Cette étape était envisagée cette année lors du précédent tour de 40,5 M€ de début 2023.