Moins d'un an après une levée de 82 M€, Pigment enchaîne déjà avec une nouvelle opération capitalistique, purement primaire. « Ce tour n'était pas prévu non plus, mais nos investisseurs nous ont fait une proposition avec des conditions très intéressantes, motivés par le très grand nombre de fonds externes souhaitant faire leur entrée. L'attraction que nous connaissons s'explique notamment par les chiffres que nous avons rendus publics : nous avons triplé nos revenus l'année dernière et quadruplé aux États-Unis. Notre fonds IVP a aussi réalisé un benchmark de la croissance des sociétés Saas (non public, ndlr), et nous figurons dans le top 5 % mondial », rend compte Éléonore Crespo, la fondatrice avec Romain Niccoli. Le quatrième tour de table de la start-up mené par Iconiq Growth s'élève à 135 M€, et compte les autres historiques IVP, Meritech et Felix Capital alors que Sandberg Bernthal Venture Partners, la holding de Sheryl Sandberg (ex-COO de Facebook) et son mari, fait son entrée. La valorisation dépasserait 1 Md€ selon les Echos, mais la société ne souhaite pas commenter cette affirmation.
De 400 à 600 salariés en un an
Alors que « l'argent du dernier tour n'a pas été touché, ni même celui du précédent », les fondateurs de Pigment ont encore accepté de se diluer afin de profiter d'un contexte leur étant favorable. « L'expérience de Romain, qui est aussi à l'origine de Criteo, a entériné le fait qu'il est préférable de lever lorsque cela est possible, pour pouvoir contrôler la vitesse à laquelle nous réalisons nos investissements », indique la directrice générale. Comptant déjà 400 salariés dont une centaine mobilisée pour le développement du produit, presque tous situés en France, ainsi qu'un pôle commercial d'une centaine de personnes aux États-Unis, la société vise encore à réaliser 200 recrutements supplémentaires d'ici la fin de l'année, dont la moitié d'ingénieurs. Elle dispose aussi d'un bureau au Royaume-Uni, et un autre sera prochainement ouvert en Allemagne.
Plus de la moitié des revenus aux États-Unis
« Pigment compte deux gros concurrents, qui sont des acteurs historiques du secteur : Anaplan comptant aux alentours de 600 M€ d'ARR, et le géant Workday (71 Md$ de valorisation en Bourse, ndlr) à travers sa filiale Adaptative Planning. Toutefois, les fichiers excel sont encore particulièrement présents dans la planification financière des entreprises, ce qui fait que Pigment à potentiellement des centaines de millions voire milliards d'euros de revenus à aller chercher », considère Bruno Raillard partner de Frst, le seul fonds français entré au capital de la start-up fondée en 2019. Au-delà de poursuivre sa percée aux États-Unis, où figurent d'importantes nouvelles références comme Unilever, Merck, Snowflake et Newell Brands ou Keolis, et où la majorité du chiffre d'affaires non communiqué à ce jour est générée, devant la France, l'Allemagne puis le Royaume-Uni, la start-up souhaite encore étoffer son produit de planification financière en fonctionnalités. Elle travaille à intégrer les systèmes d'intelligence artificielle génératifs afin qu'à terme, la plateforme agisse en véritable co-pilote dans le processus de prise de décision.