Peu présentes sur le marché des fusions-acquisitions tech il y a encore quelques années, les pépites françaises du numérique n'hésitent plus désormais à faire leur marché. Dans ce domaine, plusieurs licornes se distinguent dont Contentsquare, Mirakl, BlaBlaCar, Doctolib mais aussi Swile. Le montpelliérain, émetteur d'une carte de paiement associée à une application destinée à l'engagement des salariés et la gestion de leurs dépenses, signe sa quatrième acquisition en deux ans en s'offrant Okarito. Cette agence de voyages d'affaires en ligne née en 2018 n'avait pas l'intention de se vendre si vite. D'abord financée par des business angels et Notus Technologies (Geoffroy Roux de Bézieux) à hauteur de 250 K€, elle avait relevé 1,3 M€ en mars 2022 (lire ci-dessous). « Juste avant la pandémie, nous avons eu la chance de relever mais aussi de lancer la réservation de train, qui nous a permis de résister alors que les vols d'avion s'arrêtaient. Nous aurions dû néanmoins relever des fonds - un tour de plusieurs dizaines de millions d'euros était envisageable -, mais participer au projet de Swile de construire une super app pour les employés nous a semblé beaucoup plus passionnant », confie Rémi Duvoux, co-fondateur avec Brice Huet.
56 % du capital valorisés 3,67 M€ en actions Swile
La cession comprend un volet en numéraire, à hauteur de 44 %, destiné au bloc d'investisseurs comprenant Axeleo Capital, via son véhicule et ceux de Hi Inov dont il gère la poche d'amorçage, The Family, Alexandre Berriche (Fleet), Grégoire Jarry (Quanteam), Bastien Moreau (Qilibri), Maxime Peribere (Accessite) et Élodie Goullin Peribere (Coca Cola). Le solde, soit 56 %, est vendu contre des titres Swile par les deux dirigeants, qui cèdent aussi une petite partie en cash. L'opération valorise 6,5 M€ le capital de l'agence de voyage d'affaires en ligne, dont la dette PGE (Prêt garanti par l'État) de 300 K€ est remboursée par anticipation.
Premier pas dans les dépenses professionnelles
La start-up de 20 salariés représente une nouvelle brique à l'édifice de Swile autour des services aux salariés. Après les restaurants et les cadeaux, Swile, couvrant la France et le Brésil, compte élargir encore les capacités de sa carte. C'est le sens des acquisitions en 2020 de Sweevana et Briq visant respectivement les comités sociaux et économiques (CSE, remplaçants des comités d'entreprise et des instances représentatives du personnel) et l'engagement des salariés. Quel rapport avec les voyages d'affaires ? « En facilitant la réservation et la gestion des déplacements, en particulier via un service voyageur accessible 24 heures sur 24, Okarito contribue à sécuriser les salariés et finalement à leur épanouissement », assure Rémi Duvoux, qui se projette vers un usage de la carte Swile pour payer les dépenses des salariés.
25 M€ de réservations par an
L'agence de voyage revendique plus de 25 M€ de volume de réservations annuelles mais garde pour elle son chiffre d'affaires provenant de 500 clients actifs dont PayFit, Society, Welcome to the Jungle, Babyzen, Arkose et Bio c' Bon. Elle se rémunère en touchant des commissions de la part des fournisseurs et via un abonnement fixe de ses clients calculé sur le nombre de voyageurs actifs par mois. Outre les concurrents bien installés comme Egencia et Selectour Affaires, Okarito fait face à de nouveaux acteurs comme son compatriote Supertripper, visant néanmoins les plus gros comptes, mais surtout l'américain TripActions, licorne soutenue par Andreessen Horowitz, Lightspeed et Greenoaks, et l'espagnol TravelPerk au portefeuille de General Catalyst, DST Global, Kinnevik et Felix Capital. Des acteurs jouant dans la catégorie de Swile, licorne depuis le tour de 175 M€ il y a sept mois auprès d'Hedosophia, SoftBank, Headline parmi d'autres (lire ci-dessous).