
© Novétude Santé
Novétude poursuit son parcours d’excellence, malgré le refroidissement des ardeurs du private equity pour le secteur de l’enseignement supérieur. Sur la verticale santé qui bénéficie à la fois d’une résilience endogène et d’une croissance embarquée portée par la pénurie de compétences dans le paramédical, le groupe d’enseignement supérieur et de formation professionnelle continue à bénéficier d’une attractivité intacte. C’est ce que vient d’illustrer le process mené par Lazard pour trouver des actionnaires minoritaires aux côtés de Charterhouse, qui rempile pour un deuxième cycle de LBO. Avec une valorisation comprise entre 700 et 750 M€, soit environ 15 fois son Ebitda, Novétude accueille à son capital et son board Peugeot Invest, qui mise 105 M€ pour plus de 19% du capital. « C’est la première fois que nous investissons en minoritaire significatif et influent auprès d’un sponsor majoritaire, ce qui illustre l’inflexion de notre stratégie d’investissement directe vers des partenariats stratégiques avec les fonds, plutôt que des co-investissements syndiqués par les GP », explique Sébastien Coquard, directeur général adjoint de Peugeot Invest.
Une acquisition de taille en Espagne
S’il a gagné deux tours d’Ebitda depuis son premier LBO avec Charterhouse en 2020, qui l’avait valorisé 200 M€ soit 13 fois son résultat d’exploitation, c’est que Novétude a depuis pris plusieurs tours de taille. Discrètement mais sûrement, le groupe dirigé par Sami Rifai a poursuivi sa diversification dans la formation des professionnels de santé, avec notamment l’acquisition du spécialiste de la formation en ligne des pharmaciens DMVP il y a trois ans, puis agrégé à son activité d’enseignement initial une école d’ostéopathie en 2023, Holistéa, puis l’Académie d’Art Dentaire spécialisée dans la formation de prothésistes la même année, avant de mettre la main sur Médéré au printemps 2024 afin de renforcer sa verticale « Développement Professionnel Continu » pour les médecins généralistes et les dentistes. En plus de cette patiente stratégie d’add-on, Novétude vient surtout de signer sa plus grosse acquisition, en jetant son dévolu sur l’espagnol Metrodora qui lui a permis de doubler son périmètre d’un coup. La cible, qui appartenait au portefeuille du fonds ibérique Magnum Partners, revendique plus de 20 000 étudiants dans les domaines de la santé et du sport en Espagne et en Amérique Latine.
Plus de 150 M€ de revenus, 50 M€ d’Ebitda
Le périmètre estimé de ce nouvel ensemble serait compris entre 150 et 170 M€ de revenus extériorisant quelque 50 M€ d’Ebitda, faisant du groupe la principale plateforme de consolidation européenne de l’enseignement dans le paramédical. « Novétude est un des principaux groupes de formation dédiés au secteur de la santé qui a réussi à atteindre une taille significative et devenir un consolidateur européen, avec des formations de qualité bénéficiant d’une demande forte liée aux pénuries dans le secteur paramédical », résume Sébastien Coquard. L’entreprise aura ainsi plus que quadruplé ses revenus depuis son premier LBO en 2020. Il faut dire que sa constitution a été pensée dès l’origine comme une plateforme de buy-and-build. L’acteur spécialisé dans les formations aux métiers de la santé a été créé en 2010 par BIM, la holding d'investissement de Robert Zolade, co-fondateur d'Elior. Une décennie plus tard, BIM a cédé sa participation au « usual suspect » de l’Upper-Mid et du Large Cap Charterhouse que le fondateur connaissait bien puisqu’il lui avait vendu Elior en 2006. Si Novétude était à l’époque bien trop petit par rapport à la stratégie de son sponsor, son changement de dimension depuis l’a rendu éligible à rester un cycle de plus dans le portefeuille de Charterhouse, qui a réussi à attirer à ses côtés un actionnaire de prestige.