Mis à jour le 28/04/2023 -Au vu des performances de Delbert sur les deux derniers exercices, ses actionnaires ont choisi de faire entrer un nouvel investisseur. Lors du process concurrentiel lancé fin 2022 par Edmond de Rothschild et Neuflize OBC, Vivalto Partners a préempté le deal en début de phase 2, devant ses concurrents IK, Qualium, Ardian Croissance, Raise… Le fonds créé il y a deux ans par Daniel Caille, fondateur du groupe de cliniques Vivalto Santé, injecterait 35 M€ au capital du laboratoire qui maintient sur le marché des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur ou essentiel dont l’avenir est compromis. Les financiers entrés au capital de Delbert lors de son OBO primaire de 2020 - Sagard NewGen, Idia Capital Investissement, Socadif Capital investissement et la MACSF qui avaient injecté 20 M€ à l’époque - sortent et réinvestissent l'intégralité du produit leur vente dans la newco à l’occasion de cette opération qui permet à Marc Childs et Thierry Hoffmann, ses propriétaires depuis dix ans (et toujours majoritaires), de faire du cash out tandis qu’une poignée de managers emmenés par Eric Fidelin et Rohald Meyer se relue. Enfin, Delbert en profite pour revoir sa structure de financement avec une dette de quelque 70 M€, selon nos informations, souscrite par Caisse Régionale de Crédit Agricole Mutuel de Paris et d'Ile de France, CACIB, Artemid, Société Générale, Banque Populaire Rives de Paris et Neuflize OBC, assortie d’un PIK de l’ordre de 15 M€ négocié auprès de Bpifrance et CIC Private Debt. Selon notre confrère l’Informé, l'opération valoriserait le laboratoire quelque 270 M€.
35 M€ de chiffre d'affaires en 2022
Sur un marché du médicament régulièrement secoué par des pénuries ou des difficultés d’approvisionnement, Delbert enregistre une croissance soutenue. Son chiffre d’affaires a bondi de 12,75 M€ en 2020 à 35 M€ en 2022 avec un Ebitda (run rate) compris entre 15 et 20 M€. Présent dans trois grandes aires thérapeutiques -maladies infectieuses, système nerveux central et oncologie- l’entreprise acquiert des produits à forte valeur thérapeutique dont l’avenir est compromis (arrêt de commercialisation, rupture de stock…). Elle en revoit la formulation et relance la production en sélectionnant des fournisseurs d’actifs et des façonniers, principalement en Europe. Son portefeuille est ainsi constitué de plus de quinze produits à prescription hospitalière ou réservée aux spécialistes. Il y a quelques jours, Delbert a ainsi annoncé avoir remis sur le marché le Piportil, un neuroleptique en rupture de stock depuis 2022. Le laboratoire, qui a fourni l’Irlande en amoxicilline en début d’année, avait également repris à Sanofi l’an passé le Theralithe, utilisé notamment en traitement de fond des troubles bipolaires. Très présent sur le marché français où il enregistre les deux tiers de ses revenus, Delbert commence à se développer sur le marché européen en s'intéressant aux traitements des maladies rares à l'instar du Ceplene, indiqué chez les patients adultes atteints de leucémie myéloïde aiguë en phase de rémission, disparu de l'arsenal depuis plusieurs années . « A terme, l'Hexagone ne devrait plus concentrer que 30 % de notre chiffre d'affaires » prévient Marc Childs qui prévoit d'étoffer le portefeuille de Delbert avec quatre produits supplémentaires d'ici 2026 pour atteindre un chiffre d’affaires de l'ordre de 160 M€. Son positionnement sur les maladies rares devrait en outre lui permettre d'améliorer ses marges.
S’ils sont encore peu nombreux, Delbert n’est cependant pas le seul des laboratoires français à s’intéresser aux médicaments matures désormais soutenus par des financiers. A l’automne dernier, XO a ainsi régénéré son capital avec Stanley Capital Partners tandis que Mitem accueillait Techlife qui s’affichait prêt à investir jusqu’à 30 M€ pour soutenir le développement de ce petit laboratoire pharmaceutique centré lui aussi sur les médicaments médicaments d’intérêt thérapeutique majeur en voie de disparition.