Feu Vert repart pour un tour de piste. Le groupe rhônalpin de centres automobiles contrôlé depuis 2016 par Alpha Private Equity vient de boucler son refinancement. Il réunit un total de 185 M€, réparti entre une senior en trois tranches et une RCF impliquant un pool de neuf prêteurs coordonnés par BNP Paribas, ainsi qu’une mezzanine apportée par Oquendo Capital. Cette nouvelle dette n’est pas portable et ne vise ni le versement d’un dividend recap, ni le gonflement des disponibilités du groupe fort de plus de 650 M€ de chiffre d’affaires pour son exercice clôturé en septembre dernier. En effet, le levier net reste inchangé post refinancement et ressort à 2,9 fois l’Ebitda – qui serait supérieur à 50 M€, selon nos informations. Feu Vert sort de cette opération avec un seul covenant basé sur le levier. Les trois tranches de la dette senior affichent des maturités comprises entre 6 et 7,5 ans, alors que la mezzanine voit son échéance fixée à huit ans. Le nouveau package permet aussi d’améliorer le pricing global de 200 points de base. Cette baisse de coût n’inclut pas l’ESG margin ratchet, qui pourrait faire monter ou baisser le taux du financement – dans les standards du marché - notamment en fonction de critères environnementaux, comme la réduction des émissions de CO2 par exemple.
Dimension ESG
« Cette opération a été conclue dans un environnement de marché du leveraged loan sous tension, mais permet néanmoins à Feu Vert d’optimiser le coût de sa dette, expose Pierre-Louis Nahon, associé de la banque d'affaires Alantra et conseil de l'intéressé. Elle lui offre également la possibilité de poursuivre sa dynamique de développement tout en intégrant une dimension ESG basée sur des critères extra-financiers en cours d’élaboration avec les prêteurs et basés sur la démarche existante du groupe en la matière. Ce refinancement souligne aussi sa bonne performance avec un renouvellement de la confiance des prêteurs historiques, ainsi que l’entrée dans le pool de nouveaux acteurs bancaires et institutionnels, à la fois français et internationaux. » Au-delà du contexte exogène tendu, Feu Vert était aussi mis sous – une relative – pression par la maturité de sa dette historique. En effet, le groupe avait déjà bénéficié d'un « amend & extend » en janvier 2021. Cela permettait alors de repousser d’un an les échéances de ses 54 M€ de mezzanine, initialement dues en septembre 2022, de 112 M€ de la tranche B de la dette senior due en mars 2022 et de 15 M€ de RCF due en mars 2021.
Un timing initial différé
Cette dette était héritée du refinancement de 225 M€ signé en 2015, alors menée sous l’actionnariat de Qualium, dont la clause de portabilité avait été activée. A ce package initial, 44 M€ de tranche B3 à échéance mars 2022 et 54 M€ de mezzanine avait été ajoutés pour le financement du LBO bis. Alpha Private Equity avait une première fois tenté de refinancer Feu Vert, début 2020, mais la crise du Covid-19 avait alors empêché cette opération d’être menée à bien. Le groupe avait alors souscrit 42 M€ de PGE et 9 M€ de dettes auprès de Bpifrance pour faire face à la pandémie. Mais il a finalement fait preuve de résilience en cette période et pu rembourser ces « dettes covid » rapidement. Un mandat de vente aurait été confié dans la foulée à Lazard, fin 2020, début 2021, comme le révélaient alors plusieurs sources, toujours en cours selon nos informations. Dirigé par Thierry Sinquin, Feu Vert est aujourd’hui à la tête de 450 centres automobile en France (en propres et en franchises) au Portugal et en Espagne (exclusivement en propres dans ces deux pays). Sous enseigne, environ les trois quarts des ventes seraient générées par les services (réparation et entretien, carte grise…), alors que le solde proviendrait de la vente de pièces et accessoires pour les véhicules, mais aussi les nouveaux modes de mobilité douce. Le groupe employant 6 500 collaborateurs est aussi à la tête d’Impex, un grossiste BtoB de produits automobiles pour la GMS, qui contribuerait au chiffre d’affaires du groupe à hauteur d’environ 90 M€.