En cinq ans d'accompagnement par IK Partners, Eres a triplé de taille. Pour poursuivre sa croissance, le spécialiste de l'épargne salariale et de l'épargne retraite aujourd'hui fort de 6,7 Md€ d'actifs gérés entre aujourd'hui dans le giron d'Eurazeo. Le fonds coté, qui avait déjà regardé le dossier en 2018 via son équipe smid, prend à son tour une participation majoritaire aux côtés du management et des collaborateurs d’Eres Group (via un FCPE) emmenés par Mathieu Chauvin (président) et Alexis de Rozières (directeur associé). Conseillé par Wil Partners et FIG Partners, Eurazeo réalise le cinquième investissement de son fonds Eurazeo Capital 5, notamment entré au capital du courtier BMS ou de Sevetys. L'opération, qui ponctue un process mené par Cambon, déjà aux manettes sur la précédente opération, aurait vu s'affronter KKR, Cinven, TA Associates et Eurazeo en phase finale, avec une remise des offres initialement prévue... le 23 avril. Son financement serait assuré par une unitranche fournie par Hayfin. Restant conditionné à l'obtention des approbations réglementaires, ce LBO secondaire se serait noué sur la base d'une valorisation proche de 600 M€, soit 20 fois l'Ebitda, selon des sources corroborant les chiffres de L'Informé. Pour mémoire, IK avait valorisé l'entreprise francilienne un peu plus de 230 M€ lors du LBO primaire. Il réalise donc une performance supérieure à son multiple de 2,7x affiché en moyenne sur ces dix dernières années.
6 600 distributeurs
Fondé en 2005, Eres revendique être le principal acteur indépendant français dans le conseil et la structuration, la gestion d'actifs et la distribution de plans d'épargne salariale (PEE, PERECO), de régimes de retraite (PER) et de plans d'actionnariat salarié. Le groupe parisien commercialise ses produits via plus de 6 600 distributeurs partenaires (CGP, courtiers en assurance, experts-comptables) à quelque 28 000 entreprises clientes pour plus de 300 000 bénéficiaires finaux. Et les changements réglementaires intervenus concomitamment à l'entrée d'IK à son capital ont largement contribué à tirer ces chiffres à la hausse. « La loi Pacte a été un fort tremplin pour notre activité. Notre réseau de distribution a triplé de taille sur les cinq dernières années, porté par l'attractivité nouvelle des dispositifs d'épargne salariale et d'épargne retraite », développe Mathieu Chauvin, faisant notamment référence à la simplification des PER et à la suppression du forfait social sur les dispositifs d'épargne salariale.
Une acquisition toute fraîche
Pour faire face à cette nouvelle demande et gérer les volumes entrants, Eres a donc mené un mouvement de digitalisation. « En cinq ans, le groupe est passé d'un seul développeur à 15 pour constituer une plateforme IT robuste et améliorer l'expérience utilisateur (espace clients, portail de souscription, ndlr...) », retrace Rémi Buttiaux, associé chez IK. La force de vente a, elle aussi, été augmentée, et un CRM implémenté. Pour encore davantage alimenter en leads ses distributeurs partenaires, le groupe a par ailleurs récemment signé l'acquisition de Retraite.com, simulateur d'épargne en ligne fort d'un peu plus d'1 M€ de revenus, auprès du fondateur Ludovic Herschlikovitz. L'acquisition constitue donc la deuxième depuis l'entrée d'IK au capital du groupe, après Bienprévoir, qui avait permis à Eres d'opérer une incursion sur le segment des SCPI en prenant une participation à son capital de l'ordre de 80 % pour environ 2 M€.
Des parts à prendre chez les TPE
Bien que le groupe soit bien présent du côté des groupes cotés (qu'il traite en direct), le moteur de son activité se trouverait toutefois du côté des PME et ETI, qui concentreraient désormais près de deux tiers des volumes gérés par le groupe. « Si les grandes entreprises sont déjà équipées, le taux de pénétration des acteurs de l'épargne salariale chez les TPE est encore très faible, de l'ordre de moins de 20%. Avec un grand nombre de partenaires CGP dont il assure la formation, Eres a su adopter le positionnement idéal pour aller conquérir cette clientèle », note Vincent Elriz, partner chez IK, rappelant que les grands concurrents d'Eres (Amundi ou Natixis Interépargne) n'ont pas de structure suffisamment « granulaire » pour le faire. Des acteurs qui, d'ailleurs, sont parfois amenés à travailler avec le groupe de Mathieu Chauvin via leur activité tenue de compte (Eres intervenant ensuite sur la structuration des produits et la sélection des fonds).
Une réglementation favorable
Et le groupe francilien pourrait bien continuer de bénéficier de vents favorables. A commencer par la transposition de l'ANI - intervenue fin 2023 - favorisant le partage de la valeur entre les salariés. Une nouvelle réglementation qui oblige notamment, à compter de 2025, les entreprises de plus de dix salariés à partager la valeur avec leurs salariés via un dispositif de participation, d'intéressement, de prime de partage de la valeur, ou encore abondement sur un plan d’épargne salariale. « 1,5 million de salariés, soit 65 000 à 70 000 entreprises, vont devoir s'équiper à la suite de la transposition de l'ANI et auront besoin d'accompagnement pour se mettre en conformité », explique Mathieu Chauvin. Des enjeux d'équipement et de pédagogie qui amènent le dirigeant à viser un doublement de la taille de ses encours sur son prochain cycle actionnarial, principalement par croissance organique. « Eres bénéficie de la croissance structurelle de son marché, portée sur le long terme par la croissance de l’épargne salariale et de l’épargne retraite, et gagne des parts de marché en se démarquant par son réseau de distribution étendu et sa large gamme de produits, adaptés notamment aux PME et ETI. Dans ce contexte, nous allons poursuivre la trajectoire de croissance et contribuer à l’expansion de son offre », projette Edouard Guigou, managing director Mid-Large Buyout d'Eurazeo.