Touché de plein fouet par l'inflation et la flambée du prix des matières premières, le secteur de l'agro-alimentaire donne du fil à retordre à certains fonds spécialisés. Cette conjoncture amène certains acteurs à jouer la carte de la prudence, FrenchFood Capital choisissant, par exemple, de remonter la chaine de valeur pour s'intéresser davantage au BtoB. Grâce aux premiers deniers réunis par son deuxième millésime FrenchFood Positive Impact, le fonds agro jette ainsi son dévolu sur Difagri, fabricant et distributeur de solutions nutritionnelles pour animaux de rente. Le FPCI intervient dans la moyenne de sa fourchette - allant de 7 à 25 M€ - s'arrogeant une part majoritaire des titres aux côtés du dirigeant historique Philippe Gauthier à l'occasion de cette opération de LBO primaire. Unexo co-investit également à ses côté sur ce dossier intermédié(raison pour laquelle FFC a, d'ailleurs, dû accélérer la levée de son second millésime) par Oddo BHF CF. L'opération repose sur une dette senior apportée par BPGO et Crédit Agricole Atlantique Vendée, ainsi qu'une tranche de mezzanine fournie par Arkéa Banque.
Une croissance annuelle de 14 %
Société vendéenne de 20 M€ de chiffre d'affaires et 34 collaborateurs, Difagri a connu un taux de croissance annuel de 14 % sur les cinq dernières années, sur marché lui-même en hausse de 5 % sur la même période. Une surperformance imputable, selon Johann Le Cardinal, associé chez FrenchFood Capital, à « sa capacité d'innovation en matière de principes actifs et à son excellent niveau de service ». Née en 1973 puis rachetée en 2011 par son dirigeant actuel, l'entreprise conçoit, fabrique et distribue des compléments alimentaires pour les animaux d'élevage (principalement des vaches laitières). Ses 500 principes actifs sont pour partie commercialisés en direct, mais majoritairement à travers des intermédiaires que constituent les coopératives, les distributeurs généralistes et spécialisés en alimentation animale, ainsi que des prescripteurs tels que les coopératives vétérinaires et conseils aux éleveurs.
Accélérer sa démarche RSE
Pour accompagner son développement commercial, visant à créer de nouvelles catégories de produits et conquérir des parts de marché, Difagri devrait prochainement s'adjoindre les services d'un DG. La croissance externe occupera, elle aussi, une place de choix dans les plans de l'entreprise. « Sur ce marché encore atomisé, Difagri peut faire figure de plateforme de consolidation idéale en sa qualité de leader du secteur », est convaincue Perrine Bismuth, associée chez FFC. L'entreprise concentrerait, selon nos sources, plus de 10 % des parts de marché dans l'Hexagone (la profondeur totale du marché de l'alimentation animale atteignant quelque 7 Md€ dans le monde). Et de belles perspectives devraient s'ouvrir à lui, fort de la limitation récente de l'utilisation d'antibiotiques dans l'élevage, nécessitant l'usage accru de compléments pour renforcer le système immunitaire des animaux. L'entreprise pourrait également renforcer sa présence sur l'élevage bio, en travaillant sur la naturalité des adjuvants. Pour ce faire, il devrait miser sur le soutien de son nouvel actionnaire, bien décidé à développer le « chiffre d'affaires à impact » de la société, laquelle affiche déjà de nombreuses initiatives en matière de RSE, son site de production étant notamment BEPOS (bâtiment à énergie positive).