Cette fois c’est la bonne. Après avoir perdu le dossier face à CVC Capital Partners en 2019, KKR est finalement choisi par ce dernier pour prendre la main sur April. Le fonds américain valoriserait le courtier en assurance entre 2,3 et 2,4 Md€ selon une information des Echos confirmée à CFNews, soit un peu plus de 15 fois l’Ebitda prévisionnel de 2022. Le management, emmené par son président Eric Maumy, réinvestit significativement dans ce LBO, et s’entoure de quelques proches, à commencer par Evolem, le family office du fondateur, Christian Burrus et Crédit Mutuel Arkea, tous étant déjà actionnaires minoritaires. Téthys Invest, la holding d’investissement de la famille Bettencourt Meyers, rejoint également le consortium.
Des enchères très disputées
Alors que le contexte d’inflation et de hausse des taux a réduit comme peau de chagrin le nombre de transactions large cap, le dossier du groupe lyonnais a été âprement disputé. Les enchères, animées par Rothschild & Co, auraient opposé de nombreux fonds de la Place comme Cinven, Blackstone ou Advent, avec en dernière ligne droite PAI et KKR. Pour se distinguer, l’investisseur américain, qui était accompagné par Centerview Partners, a pu compter sur quelques atouts. D’une part, la flexibilité dans la durée de détention de son fonds long terme qui opère l’investissement. Ce véhicule qui a la spécificité d’être abondé à hauteur de près de 30 % par le bilan de la société de gestion, a la faculté de rester une dizaine d’années au capital. Surtout, selon une source proche du dossier, le GP aurait accepté de prendre le risque du financement en réalisant, dans un premier temps, l’opération intégralement en equity. Contacté, KKR n’a pour l’heure pas souhaité commenter.
Une valorisation multipliée par 2,5 en trois ans
L’opération est particulièrement fructueuse pour CVC Capital Partners qui, il y a trois ans, avait valorisé le groupe lyonnais 900 M€. Pour rappel, le fonds anglo-saxon avait initialement acquis une participation de 65 % des mains du fondateur Bruno Rousset (lire ci-dessous). Il avait ensuite lutté pour reprendre le solde aux minoritaires, en particulier avec l’homme d’affaires Christian Burrus, avant de parvenir en juillet 2020 à sortir l’entreprise de la cote. Depuis, April a revu son périmètre pour se recentrer sur le courtage en particulier dans les domaines de la santé, la prévoyance du particulier, des professionnels et TPE ainsi que l'assurance emprunteur. Le groupe a notamment cédé Axeria IARD (assurance dommage) à l'assureur Watford et Axéria Prévoyance (assurance santé individuelle) à Malakoff Humanis (lire ci-dessous).
Une croissance organique de 8 %
Plus récemment, il a repris le chemin des acquisitions avec le rachat, cet été, de Magnacarta à Christian Burrus (lire ci-dessous), s’immisçant de ce fait sur le marché de la gestion de patrimoine. L’entreprise a par ailleurs poursuivi son internationalisation avec des ouvertures de bureaux en Allemagne et à Dubaï, lui permettant d’opérer aujourd’hui dans 17 pays en Europe, en Asie et en Amérique du Nord. D’autres opérations de build-up devrait s’opérer sous l’ère de KKR avec la volonté de consolider sa position dans le courtage. Fort de 590 M€ de revenus en 2022, le groupe aux 2400 salariés peut aussi compter sur ses investissements dans le digital ainsi que sur la bonne santé du marché de l’assurance pour nourrir sa croissance organique qui a dépassé les 8 % en 2021.