AD Education entre dans la cour des grands. Si le leader européen de l’enseignement supérieur privé Galileo s’est illustré il y a deux ans en entrant au capital de l’emlyon, son challenger spécialisé dans les domaines créatifs vient d’entrer en négociations exclusives avec le Pôle Léonard de Vinci pour acter sa diversification sur le segment des écoles de commerce et d’ingénieur.
300 M€ de valorisation
En LBO avec Ardian depuis fin 2020, le groupe fondé et dirigé par Kevin Guenegan a déboursé plus de 300 M€, soit environ 15 fois l’Ebitda pour remporter le process de cession confié à Edmond de Rothschild CF par l’ancienne fac Pasqua. Une valorisation plus « raisonnable » que les plus de 20 fois l’Ebitda observés il y a deux ans lors du quatrième LBO du groupe EDH, mais il faut dire que le marché s’est assagi et que le dossier du Pôle Leonard de Vinci est plus complexe, du fait du passage du statut associatif à une entreprise commerciale et du changement de management en cours. Le duo à la tête du groupe formé par le président Pascal Brouaye et la vice-présidente Nelly Rouyres, se retirent de l’opérationnel à cette occasion pour passer la main à l’actuel directeur de Télécom Paris, Nicolas Glady, qui prendra les commandes du Pôle à la rentrée.
100 M€ de chiffre d’affaires
Avec cette acquisition, AD Education s’apprête à mettre la main sur trois entités : ESILV (Ecole Supérieure d’Ingénieurs Léonard de Vinci), EMLV (Ecole de Management Léonard de Vinci), IIM (Institut de l’internet et du multimédia) et De Vinci Executive Education, soit un périmètre de 100 M€ de chiffre d’affaires, qui pèse le tiers de la taille de l’acquéreur. Habitué aux build-up avec le rachat d’Oktogone il y a deux ans qui lui a offert une brique d’e-learning, ou celui du groupe britannique d’enseignement de musique ICMP l’année dernière, AD Education s’attaque aujourd’hui à un gros morceau en sortant de ses verticales historiques des domaines créatifs. « Cette diversification est une suite logique pour compléter notre offre et créer plus d’hybridation dans les parcours de nos étudiants », explique Kevin Guenegan, président du groupe AD Education. « Nous avons attendu de trouver un établissement à la réputation d’excellence en phase avec notre positionnement », poursuit le dirigeant qui fait notamment référence à l’ESILV, dans le top 3 des écoles d’ingénieurs post-bac.
Pas de sortie d'Ardian imminente
Créé en 1995 à l’initiative du Conseil général des Hauts de Seine, le Pôle Léonard de Vinci s’en est émancipé il y a près de 10 ans. En 2023, il compte 10 000 étudiants au sein de ses 3 écoles et de son activité de formation continue, 20 000 diplômés et 460 collaborateurs (dont plus de 200 enseignants et enseignants-chercheurs). L’association historique qui chapeautait les deux-tiers de l’activité aurait vocation à contribuer, telle une fondation, à financer une politique d’ouverture sociale et des actions sociétales d’envergure. AD Education s’engage en outre à poursuivre le projet de transformation de la nouvelle structure commerciale en Société à mission ainsi que les investissements dans le nouveau campus du Parc de 18.000 m2 qui verra le jour en 2026. Le groupe créé en 2009 autour de l’école de Condé est devenu un poids lourd de l’enseignement supérieur européen dans les domaines créatifs avec quelque 300 M€ de revenus et 90 M€ d’Ebitda prévus à la rentrée prochaine, qui passeraient à 400 M€ de chiffre d’affaires et 110 M€ d’Ebitda en périmètre consolidé. Si la presse a évoqué des rumeurs de process de sortie d’Ardian il y a quelques mois, ce projet n’est plus d’actualité, le temps de digérer cette acquisition structurante. « Il ne s’agissait pas vraiment d’un process de sortie mais plutôt de marques d’intérêt non sollicitées que nous avons déclinées », rectifie Kevin Guenegan.