Deux ans après son LBO bis avec Quilvest, le groupe d'enseignement supérieur privé aux 50 M€ de revenus est valorisé, selon nos sources, quelque 200 M€, soit environ 15 fois son Ebitda lors de son troisième buyout qui conserve une position majoritaire à Quilvest et accueille IK Investment Partners en minoritaire, auprès du management mené par Amin Khiari. Il y a seulement cinq ans, EDH était valorisé 20 M€ pour son LBO primaire avec Platina.
L’appétit des fonds d’investissement pour l’enseignement supérieur se confirme à nouveau à travers une opération spectaculaire qui couronne une des success stories les plus rapides du marché. Le groupe EDH vient de signer son LBO Ter avec une valorisation tutoyant les 200 M€, soit 15 fois l’Ebitda, à peine plus de deux ans après sa prise de contrôle par Quilvest, qui avait pris le relais de Platina, artisan du MBI primaire du groupe en 2014 pour une valorisation de 20 M€ à l’époque (lire ci-dessous). IK Investment Partners, candidat malheureux en 2017 via son fonds Small Cap, s’est donc donné les moyens de se distinguer parmi la douzaine de postulants qui se sont bousculés lors du process mené par Eurvad Finance, malgré la configuration atypique de l’opération consistant à accueillir un minoritaire auprès de Quilvest, qui reste majoritaire et du management mené par Amin Khiari, qui se relue.
Premier investissement du fonds mino d’IK Investment Partners
« Nous suivons de près le secteur depuis quelques années et nous avons également étudié le dossier de l’EmLyon il y a quelques mois », confie Thomas Grob, directeur associé chez IK Investment Partners, qui mise un ticket confidentiel, pour ce qui est vraisemblablement le premier investissement du nouveau fonds minoritaire lancé en 2018 et qui viserait une levée de près de 500 M€ d’après la presse. L’investisseur européen signe donc enfin son premier deal sur le marché très prisé de l’enseignement supérieur, mais le fonds comptait déjà dans son portefeuille deux entreprises de soutien scolaire : le français Domia (ex-Acadomia), et l’allemand Studienkreis. L’opération est adossée à une dette unitranche fournie par les créanciers du tour précédent, CIC Private Debt et Idinvest pour un levier d’environ 5 fois l’Ebitda, selon nos informations.
Booster la rentabilité
Il faut dire qu’EDH incarne par excellence le cas d’école des belles endormies réveillées par un LBO qui l'a fait décupler de valeur en seulement cinq ans ! L’artisan de cet exploit est le dirigeant quadragénaire, Amin Khiari, qui a su révéler le potentiel d’un actif qui ronronnait sous actionnariat familial depuis une cinquantaine d’années. « J’ai immédiatement mis en place un plan d’action qui a fait baisser les coûts fixes et amélioré le nombre d'admissions. L’effet sur la croissance de la rentabilité est mécanique dans un secteur où l’augmentation du nombre d’élèves à structure de coûts égale, sans bien entendu compromettre la qualité pédagogique, agit de manière significative sur l’Ebitda », résume le président du groupe EDH, qui après avoir boosté la rentabilité, a attaqué une nouvelle phase de croissance externe lors du deuxième cycle de LBO entamé avec Quilvest trois ans plus tard.
Accélérer la croissance
Grâce à une stratégie de build-up accélérée ces derniers mois, EDH a plus que doublé ses revenus en deux ans, passant de quelque 20 M€ de chiffre d’affaires lors de son LBO bis en 2017 à plus de 50 M€ en périmètre consolidé aujourd’hui. Présent historiquement sur les métiers de la communication (EFAP), du management culturel (ICART), et du journalisme (EFJ), le groupe a fait l’acquisition des écoles Brassart et Aries, spécialisées dans le design et la création digitale, pour les réunir sous la marque Brassart présente aujourd’hui dans treize villes en France. Plus récemment, c’est l’école de communication et de design espagnole Cesine, basée à Santander qui a rejoint le groupe EDH (lire ci-dessous). « Dopé par la dynamique de croissance du secteur en France, avec la croissance démographique du nombre de bacheliers et un différentiel d’employabilité important entre les universités publiques et les établissements privés, EDH a su rapidement s’imposer comme une plateforme de consolidation », commente Charles Guigan, associé d’Eurvad Finance, qui a accompagné le groupe depuis son premier LBO en 2014 avec Platina Equity Solutions.
Un futur Galileo ?
EDH compte aujourd’hui plus de 7 000 étudiants dans 6 écoles, répartis sur 13 campus en France et 4 sites à l’étranger (New York, Shanghai, Alger et Santander), et anime un réseau de plus de 30 000 diplômés dans le monde. En accueillant IK Investment Partners, le groupe se donne les moyens de poursuivre son effort d’investissement dans les écoles actuelles et dans leur déploiement géographique ainsi que dans l’acquisition et l’intégration de nouveaux établissements en France et à l’international, participant à la consolidation du marché encore très atomisé de l’enseignement supérieur privé en France. « L’arrivée d’IK Investment Partners à nos côtés va permettre d’accélérer plus encore le développement du groupe EDH notamment par des acquisitions à l’international», commente Thomas Vatier, directeur associé chez Quilvest Private Equity, qui parie donc que le changement de dimension du groupe n’est qu’un premier palier vers une position de consolidateur au niveau du secteur à l'échelle européenne. A l’image d’un Galileo Education Group dont le mandat de vente confié à Rothschild et Goldman Sachs tablerait sur une valorisation proche des 2 Md€.
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