Kyriba
L'éditeur Saas américain de logiciels de gestion financière, soutenu par des VC jusqu'ici et affichant 110 M$ de revenus, est valorisé 1,2 Md$ par Bridgepoint. Son nouveau plan vise à atteindre 500 M$ de chiffre d'affaires avant cinq ans.
Quelques jours après avoir cédé eFront sur une valeur d'entreprise d'1,3 Md€ à BlackRock (lire ci-dessous), Bridgepoint prend le contrôle d'une nouvelle fintech pour un montant supérieur au milliard d'euros. L'investisseur européen d'origine britannique s'octroie une place nettement majoritaire au capital de Kyriba, éditeur américain de logiciels Saas de gestion financière qu'il valorise 1,07 Md€ (1,2 Md$). L'opération signe la sortie complète de HSBC, Bpifrance (fonds Large Venture), Sumeru Equity Partners et Upfront Ventures, VC de Los Angeles monté en 1996 sous le nom de GRP Partners par le Français Yves Sisteron, ancien investisseur de Carrefour aux États-Unis. Upfront solde un parcours de dix-sept ans au capital, que Sumeru avait rejoint pour sa part il y a un an et demi seulement (lire ci-dessous).
Opération « propriétaire » pour Bridgepoint
Comme pour les trois premières participations de Bridgepoint Europe VI, véhicule de 5,6 Md€ levé en 2018, Kyriba est une opération « propriétaire ». « Cette transaction est le fruit d'un dialogue de plus de deux ans avec le dirigeant Jean-Luc Robert, précise Frédéric Pescatori, président du bureau parisien de Bridgepoint. Nous menons un effort sectoriel dans le secteur des TMT, coordonné par David Nicault, afin d'identifier les meilleures opportunités d'investissement comme nous l'avons déjà fait avec Trustly, eFront et Calypso ».
La France et les États-Unis génèrent 90 % des revenus
Jean-Luc Robert réinvestit une partie de son produit de cession, tout comme Iris Capital et le family office libanais Daher Capital. Avant ce LBO, l'éditeur basé à San Diego avait levé en tout l'équivalent de plus de 110 M€. « Kyriba finançait jusqu'ici son développement par des levées de fonds tous les deux ans. Désormais, la société bascule dans une nouvelle phase avec des besoins de financement de plus long terme visant à s'imposer à l'échelon mondial, au-delà de ses gros marchés français et américain », annonce David Nicault, directeur de Bridgepoint Paris. Le nouvel actionnaire majoritaire, qui n'indique pas le nom des banques participant à ce LBO, injecte d'ailleurs 160 M$ en augmentation de capital. La société pèse 110 M$ de chiffre d'affaires en 2018, dont 45 % en France et autant aux États-Unis. Les 10 % restants proviennent du Japon et du Royaume-Uni, où des équipes commerciales sont déjà établies. D'autres bureaux commerciaux plus modestes et récents existent par ailleurs à Singapour, Dubaï, Hong Kong, Shanghai, Rio de Janeiro et Amsterdam.
Objectif de 500 M$ de chiffre d'affaires
À dix-neuf ans, et malgré sa taille, Kyriba maintient encore une croissance de 30 à 40 % chaque année. Son nouveau plan vise à atteindre 500 M$ de revenus avant cinq ans. L'éditeur Saas de 600 salariés, dont un tiers à Paris, consacrera au moins 60 M$ dans l'innovation produit au cours des deux prochaines années. Son offre comprend une dizaine de briques logicielles pour optimiser la trésorerie, les risques financiers, les paiements et le BFR notamment. Utilisée par 1 800 entreprises mais également par des banques en marque blanche, la plateforme s'est enrichie d'un module de gestion des devises via le rachat en janvier de l'américain FireApps, sa première opération de croissance externe.
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