Après plus de dix mois de discussions bilatérales, et après l’échec, en novembre 2020, de la reprise par l’IPS-CGRAE, un accord majeur dans l’histoire de la finance en Afrique a été signé en août dernier : déjà détenteur des filiales de BNP Paribas au Burkina Faso et en Guinée (relire ci-dessous), l’américano-burkinabè Simon Tiemtoré vient de signer l’acquisition de la holding bancaire Oragroup, basée à Lomé, par l’intermédiaire de son groupe Vista Bank. Si cette transaction - qui doit encore obtenir le feu vert des autorités monétaires et sécuriser son financement - est définitivement validée, l’ancien cadre d’Afreximbank et de Morgan Stanley conquerra douze nouveaux pays d’Afrique de l’Ouest et centrale, progressant ainsi dans ses ambitions de bâtir un véritable groupe panafricain. Le groupe Vista, dont la stratégie est axée sur les fusions-acquisitions, deviendra alors grâce à cette opération l’actionnaire majoritaire d’Oragroup, société holding d’Orabank, avec 61,4 % du capital. Une participation minoritaire de 5 % a déjà été réalisée.
Les cédants sont le fonds de capital-investissement panafricain Emerging Capital Partners (ECP), les institutionnels européens Proparco, German Investment Corporation (DEG) et Belgian Investment Company for Developing Countries (BIO), ainsi que le groupe d’investisseurs privés ouest-africains Envol Afrique. En novembre 2020, la tentative de cession de leurs parts au profit de l’Institut de prévoyance sociale - Caisse générale de retraite des agents de l’État ivoirien (IPS-CGRAE) s’était soldée par un échec, la commission bancaire de l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA) ayant mis son veto (relire ci-dessous). Les quelque 2 500 collaborateurs d'Oragroup S.A, qui revendique 7,7 Md€ d’actifs à fin 2022, se répartissent actuellement dans douze pays d’Afrique de l’Ouest et Centrale (Togo, Côte d’Ivoire, Bénin, Sénégal, Burkina Faso, Guinée, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Tchad, Gabon, Mauritanie).
Et aussi...
Coup de théâtre dans le secteur bancaire africain : les autorités congolaises ont décidé d’exercer leur droit de préemption afin de racheter à la Société Générale la totalité de sa participation dans sa filiale locale. Alors que la banque française avait initialement opté pour Vista Group (plus précisément la holding d’investissement Lilium Capital de l'américano-burkinabé Simon Tiemtoré), c’est finalement l’État congolais qui s’adjuge les 93,5 % du mastodonte français. Objectif : contrôler le choix du futur potentiel repreneur.