L'industrie financière africaine : entre attractivité en déclin et opportunités croissantes
L’Africa Financial Industry Summit (AFIS) et Deloitte viennent de publier la troisième édition de leur Baromètre de l'Industrie Financière Africaine (accessible en téléchargement à cette adresse). Basé sur une enquête menée au deuxième semestre 2023 auprès de dirigeants d'institutions financières, l’étude propose une analyse de l’évolution du secteur et révèle tout d’abord un indéniable optimisme à l'égard des perspectives macroéconomiques à court terme (à horizon trois ans) : 95 % des sondés se disent confiants. Le rapport met en exergue le renforcement attendu de la maturité digitale des leaders de l’industrie financière - en progression de dix points par rapport au précédent baromètre - grâce surtout à l’open banking / insuring. Il souligne par ailleurs la persistance des défis à relever dans les marchés de capitaux en termes d’accès aux instruments de gestion du capital, ainsi que de niveaux d'accès et de profondeur des marchés (jugés insuffisants par 70 % des personnes interrogées, contre 56 % dans le précédent baromètre). En ce qui concerne la finance verte et la neutralité carbone, les investissements demeurent très en deçà des besoins annuels de l’Afrique (estimés à environ 250 Md$). L’attractivité de l’industrie financière africaine a pâti en 2023 avant tout des perturbations politiques de la région, mais aussi de l’accélération du départ de grandes banques internationales ces cinq dernières années, à l’image de Standard Chartered, BNP Paribas ou Société Générale. Néanmoins, leur retrait a bénéficié à certaines banques locales qui ont su innover afin de devenir de véritables champions continentaux compétitifs à l’échelle internationale. Autre enseignement de cette étude : l’intensification des efforts pour concrétiser rapidement les initiatives AELP et la Zlecaf afin de capitaliser sur les opportunités panafricaines - et ainsi accélérer l’intégration régionale - est très majoritairement considérée comme essentielle par les sondés.
Cette troisième édition du Baromètre met enfin en lumière à la fois « les progrès significatifs et les défis persistants de l'industrie financière africaine. Alors que le secteur continue de naviguer dans un environnement mondial complexe, cette étude souligne l'importance de l'innovation, de la transformation numérique et de l'intégration régionale pour façonner un avenir financier africain résilient et prospère. » a déclaré Ramatoulaye Goudiaby, directrice d’AFIS. « En capitalisant sur les opportunités panafricaines et en surmontant les obstacles structurels, l'industrie financière africaine est bien positionnée pour jouer un rôle de premier plan dans l'économie mondiale. Deloitte et l'AFIS restent dédiés à fournir des insights clés et à soutenir le développement de ce secteur vital pour l'avenir de l'Afrique. » a ajouté Aristide Ouattara, associé leader Industrie Financière de Deloitte Afrique Francophone.
Closing final pour Partech Africa II
En bouclant son fonds II à 280 M€ (plus de 300 M$), Partech Africa dépasse largement son objectif de 230 M€. Depuis son premier closing à 245 M€ il y a un an, ce véhicule a su convaincre de nouveaux investisseurs stratégiques comme la Société africaine de réassurance (Africa Re) basée à Lagos et le fonds de fonds émirati Dubai Future District Fund (DFDF), ainsi que de nouvelles institutions financières internationales (notamment des fonds de pensions et des fonds souverains des États-Unis et du Moyen-Orient). Parmi les souscripteurs historiques figurent la Banque Européenne d'Investissement (BEI), Bpifrance et Proparco. Multisectoriel, il a vocation à investir de l’amorçage à la série C, dans des entreprises opérant sur le continent africain, et combinant « la technologie et l’excellence opérationnelle ». Visant plus de vingt lignes, il injectera dans chaque société de son portefeuille des tickets initiaux entre 900 K€ et 14 M€ (1 et 15 M$). À ce jour, Partech Africa II a d’ores et déjà investi dans trois jeunes pousses : une plateforme technologique dans le secteur de l’immobilier en Égypte, une start-up d'orchestration des paiements en Afrique du Sud (Revio) et une plateforme d’e-commerce B2B au Sénégal. Son prédécesseur avait quant à lui soutenu dix-sept entreprises, dont Wave Mobile Money, Yoco, TradeDepot et Moneyfellows.
Par ailleurs, la société de gestion et axée sur l’Afrique ouvre un troisième bureau sur le continent à Lagos - après Dakar et Nairobi - dont elle confie la direction à un nouveau responsables des investissements senior, Tito Cookey-Gam. Ayant rejoint Partech Africa en septembre dernier, à l'issue d'une expérience de deux ans au sein du bureau nigérian du dubaïote Global Ventures, il dispose en outre de quatre ans d'expérience en tant qu'angel investor. Le choix d’implantation n’est pas anodin puisque presque d’un tiers du portefeuille actuel a vu le jour au Nigeria. Le gestionnaire a l'intention de continuer à étoffer ses équipes en accueillant dès que possible un profil senior - pour accentuer la création de valeur pour son portefeuille et accompagner ses participations dans leur stratégie de sortie - ainsi qu’un analyste.
Et aussi...
Fondé en 2018 à Genève par Guillaume Maillard, le producteur durable de noix de macadamia Pamoja (TenSenses), actif au Kenya et en Tanzanie, finance ses ambitions de développement en Afrique de l'Est - où il vise 6 200 hectares de terres gérées selon des critères de durabilité exigeants (bio et Fair Trade) et un soutien à 13 000 petits producteurs locaux d’ici à 2031 - grâce à un apport d'environ 8 M€ (8,5 M$) de Mirova, filiale de Natixis Investment Managers dédiée à l'investissement durable. L'opération a été conclue par l'intermédiaire du fonds Land Degradation Neutrality 1 (LDN), qui soutient des projets contribuant à la neutralité en matière de dégradation des terres en Amérique Latine, en Afrique et en Asie.