Un français en remplace un autre chez le kényan Naivas
Deux ans et demi après sa prise de participation de 30 % dans Naivas International, holding mère basée à Maurice de la chaîne de supermarchés kényane Naivas Limited (relire ci-dessous), Amethis se retire de son capital en même temps que ses co-actionnaires. Le fonds dédié aux investissements responsables à long terme en Afrique et gérant plus de 810 M€ y avait fait son entrée en février 2020 aux côtés de la Société Financière Internationale (SFI), la banque allemande de développement DEG (filiale de KfW Bankengruppe) et MCB Private Equity (branche d’investment banking de l’institution mauricienne MCB Group), via son deuxième véhicule, Amethis Fund II, axé sur les entreprises de taille moyenne. Quatrième société à rejoindre ce véhicule, Naivas représente sa première sortie. Fondé en 1990 et actuellement dirigé par David Kimani, le groupe de distribution est passé de soixante à quatre-vingt-quatre magasins à travers le Kenya, et a engendré en 2021 un chiffre d’affaires d’environ 530 à 618 M€ (600 à 700 M$), selon Frank-Astère Ndiyo Butoyi, directeur d’investissement chez Amethis. Soutenu par le fonds tricolore et ses partenaires, il a recruté plus de 1 700 nouveaux employés (atteignant aujourd’hui des effectifs compris entre sept et huit mille), développé des relations commerciales avec de nouveaux fournisseurs locaux et professionnalisé sa gouvernance. Un consortium dirigé par le conglomérat coté mauricien IBL et comprenant Proparco (filiale dédiée au secteur privé de l’AFD, qui injecte environ 30 M€) et DEG (qui réinvestit donc à cette occasion) s’empare de 40 % des titres, la famille du défunt fondateur Peter Mukuha Kago conservant le solde. Exploitant déjà la première chaîne de supermarchés mauricienne (Winners), le plus grand conglomérat de l'île était désireux de renforcer son expertise dans le secteur de la distribution tout en s’étendant en Afrique de l’Est, région où il réalise à cette occasion son premier investissement. Pour son partenaire français Proparco, il s’agit de contribuer au développement du marché de la grande distribution au Kenya, en répondant aux besoins de la population locale et à la demande croissante de qualité et de sécurité alimentaire, tout en créant des emplois et en générant des revenus pour les communautés locales. C’est également l'opportunité, pour l’institution financière de développement, d’accompagner Naivas et ses partenaires sur les questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG), de contribuer à l'amélioration de l'efficacité énergétique, et de développer davantage l'écosystème local impliquant les fournisseurs du réseau de magasins.
Digital Africa et Proparco s’allient pour l’amorçage de la tech « made in Africa »
Soutenir 200 start-up africaines à différents stades de leur croissance : tel est l’objectif visé par Digital Africa dans le cadre de sa feuille de route 2022-2025. Afin d’y parvenir, l’initiative au service des entrepreneurs numériques africains, lancée en 2018 sous l’impulsion du président Emmanuel Macron, et aujourd’hui dotée de 130 M€, se rapproche de Proparco et met en œuvre - conjointement avec l’institution de développement - de nouveaux dispositifs d’investissement et d’accompagnement. En septembre prochain sera ainsi lancé le fonds Fuzé, dédié aux pépites de la tech africaine en phase de démarrage, avec une solution de financement par palier et conditionnée aux progrès de l'entreprise. Les start-up dont les besoins en phase d’amorçage oscillent entre 20 et 30 K€ pourront ainsi se financer auprès de Digital Africa, tout en recherchant des capitaux auprès d’autres investisseurs. Plus globalement, l’intégration de Digital Africa à Proparco permet de renforcer leurs offres respectives en matière de solutions de financement pour les jeunes pousses africaines, de l’idéation au passage à l’échelle. Les deux partenaires n’en sont pas à leur coup d’essai : un an et demi plus tôt, ils avaient lancé le fonds d’amorçage Bridge, un dispositif ayant rencontré un franc succès puisqu’en quelques mois, ils ont reçu 257 candidatures et financé onze start-up pour un total de 3,88 M€. En Afrique francophone et anglophone, Digital Africa dispense également des formations aux métiers du numérique accessibles à tous. 280 jeunes dans onze pays du continent en bénéficient actuellement, grâce à un réseau d’écoles et de bootcamp locaux. Début 2021, victime de dissensions internes, l'initiative avait pourtant frôlé de près la dissolution (relire ci-dessous). À ce jour, c’est au total plus de 73 M€ qui ont été consacrés aux start-up africaines dans le cadre des dispositifs conjoints de l’AFD, Proparco et Digital Africa.
Et aussi...
Un peu plus d’un an après son tour additionnel en equity de 3 M€ auprès de Partech Africa, avec la participation du VC kényan Enza Capital et de business angels régionaux (relire ci-dessous), la start-up ougandaise de financement d’actifs Tugende vient de boucler un tour de table de pré-série B mené une nouvelle fois par Partech Africa, et dont le montant n’a pas été divulgué. Objectif : financer le déploiement d'actifs générateurs de revenus (motos-taxis, voitures, réfrigérateurs et autres actifs commerciaux) dans ses marchés d’exploitation.