Services financiers : Tugende / Partech Africa / Enza Capital / Business angels (Ouganda / France / Kenya)
Après le closing de sa série A de 5,3 M€ (6,3 M$) en septembre dernier - menée par Mobility 54, le fonds du constructeur automobile japonais Toyota Tsusho lancé en août 2019 aux côtés de la multinationale française CFAO et basé à Sèvres - la start-up ougandaise de financement d’actifs Tugende vient de conclure un tour additionnel en equity de 3 M€ (3,6 M$) qui avait été décidé et structuré en 2020. Sous la houlette de Partech Africa, avec la participation du VC kényan Enza Capital et de business angels régionaux, cette extension du tour de table permettra de mieux répondre à la forte demande pour le financement d’actifs générateurs de revenus (voir fiche opération sur CFNEWS). Fondée en 2012 à Kampala par Michael Wilkerson, la cible se présente avant tout comme un spécialiste du leasing pour l’acquisition de taxis-motos (boda-boda). Elle a pour vocation d’aider les TPE/PME à acquérir des actifs générateurs de revenus, et assure par ailleurs des services d’assurance (médicale et assurance-vie), de formation, d’équipement de sécurité et d’une assistance pratique. Desservant plus de 43 000 clients au Kenya et en Ouganda grâce à quelque 520 employés, la société de crédit-bail a collecté au total près de 8,5 M€ (10 M$) en equity en huit ans, auquel il convient d’ajouter plus de 17 M€ (20 M$) levés en dette, auprès notamment de l’agence de développement américaine (DFC) ou encore de la société d’investissement suisse Partners Group (PG) Impact Investments (relire bulletin #40). Actuellement centrée sur l’Afrique de l’Est, la fintech ambitionne de couvrir l’ensemble du continent. Outre les taxis-motos, elle a étendu les actifs productifs qu’elle finance aux bateaux, aux voitures, aux équipements pour les magasins de détail, aux réfrigérateurs et autres équipements générateurs de revenus, ainsi qu’aux actifs d’e-mobilité.
Bourse - Industrie pharmaceutique : Amoun Pharmaceutical Company / ADQ / Bausch Health (Égypte / Émirats arabes unis / Canada)
C’est une opération boursière d’envergure qui vient d’être conclue en Égypte. Pour un montant de 627 M€ (740 M$), le canadien Bausch Health - engagé dans un processus de désendettement - et ses associés viennent de céder la totalité de leurs actions au sein d’Amoun Pharmaceutical Company, un important fabricant égyptien de produits pharmaceutiques fondé en 1998, à ADQ, le troisième plus grand fonds souverain émirati avec 93 Md€ (110 Md$) d’actifs sous gestion. En mettant la main sur une société ayant généré en 2019 environ 211 M€ (250 M$) de revenus avec 2 000 collaborateurs, ce dernier renforce ainsi son portefeuille d’entreprises de soins de santé et sociétés pharmaceutiques: « ADQ vise à développer une chaîne de valeur intégrée des soins de santé et de l'industrie pharmaceutique grâce à des investissements stratégiques à la fois localement et internationalement. Conjointement à ceux aux Émirats arabes unis et en Inde, notre investissement dans Amoun renforcera encore notre stratégie pharmaceutique dans le but de garantir l'accès aux médicaments essentiels », a expliqué Fahad Al Qassim, directeur exécutif du fonds émirati. Trois mois plus tôt, ce dernier avait racheté le dubaïote Pharmax et investi au sein de la biotech indienne Biocon Biologics, dans l’optique d’accéder à une gamme plus large de génériques.
Services financiers : Hub2 / Apicap / Compass Venture Capital (Réunion / France / Maurice / Afrique)
Déjà lauréate d'une bourse French Tech, la start-up réunionnaise Hub2 (Connekt4), qui développe une solution de digitalisation des paiements pour les assureurs, lève 1,6 M€ auprès du fonds français Apicap et du mauricien Compass Venture Capital pour accélérer son développement sur le marché africain, et plus particulièrement au sein des quatorze pays signataires de la Conférence Interafricaine des Marchés d'Assurance (zone CIMA). Grâce à son interface de paiement s’appuyant sur des technologies innovantes comme la Blockchain, la jeune pousse née en 2017 accompagne la transformation digitale des sociétés d’assurances, courtiers et banques, en connectant et agrégeant les systèmes de mobile banking et les systèmes bancaires. Donnant déjà accès à plus d'une vingtaine d'opérateurs mobile money sur neuf pays du continent africain (Côte d'Ivoire, Sénégal, Mali, Burkina Faso, Cameroun, Guinée, Togo, Bénin et Gabon), Hub2 entend étendre ses services à onze nouveaux pays cette année. Depuis l’an dernier, la fintech dirigée par Ashley Gauzere intègre également les solutions de paiement sur les terminaux physiques, fournissant par exemple le distributeur exclusif de terminaux Ingenico en Côte d'Ivoire et dans la sous-région. Elle a par ailleurs signé un partenariat avec la fintech Intouch, offrant à ses clients l'accès à un large réseau phygital pour des paiements digitaux et cash. Employant actuellement treize personnes, dont huit à Abidjan, elle compte renforcer son équipe grâce à cette levée de fonds (voir fiche opération sur CFNEWS).
Agriculture : Sodeco / Natixis (Bénin / France / International)
Caracolant en tête des pays producteurs de coton en Afrique depuis 2018, le Bénin confirme cette position prééminente avec le succès de la troisième levée de fonds en trois ans de la SOciété pour le DÉveloppement du COton (SODECO), premier égreneur de coton africain avec ses dix-sept usines réparties à travers le pays. Accompagnée par le mauricien Obara Capital, premier hedge fund du continent, l’entreprise dirigée par Serge Aderomou vient en effet d’obtenir un financement structuré pré-exportation de 70 M€ auprès d’un pool de banques internationales emmené par Natixis. Fondée en 2008 dans le cadre de la privatisation du secteur cotonnier béninois, elle a à la fois contribué (en respectant ses engagements vis-à-vis de ses partenaires commerciaux et financiers) et bénéficié du dynamisme actuel de l’industrie cotonnière béninoise. Cette opération a pour objectif de diversifier es sources de financement pour en optimiser le coût. Entre 2019 et 2021, ce sont près de 200 M€ qu’Obara Capital est parvenu à réunir auprès de banques internationales de premier plan pour le compte de Sodeco.
Bourse - Télécoms : Airtel Africa / Mastercard (Royaume-Uni / Afrique / États-Unis)
En contrepartie d’une prise de participation minoritaire, le géant américain des paiements Mastercard injecte 85 M€ (100 M$) dans Airtel Mobile Commerce BV (AMC BV ou Airtel Money), une filiale à 100 % d’Airtel Africa, un fournisseur de services de télécommunications et de mobile money présent dans quatorze pays du continent, et détenu par le groupe indien coté Bharti Airtel. Valorisant les activités de téléphonie mobile de la société cotée à Londres autour de 2,2 Md€ (2,65 Md$), sur la base de liquidités et sans dette, la transaction sera conclue en deux étapes : 63,5 M€ (75 M$) une fois que le transfert d'un nombre suffisant d'opérations et de contrats de téléphonie mobile vers AMC BV aura été effectué, le solde étant versé dans un second temps, après d'autres transferts. Concomitamment à cet investissement, qui contribuera à réduire l’endettement du groupe et permettra d’investir dans l'infrastructure de réseau et de vente dans les pays d'exploitation respectifs, Mastercard et Airtel Africa ont prolongé et renforcé leurs partenariats de nombreux pays et secteurs, dont l'émission de cartes, les passerelles de paiement ou encore les solutions de transfert de fonds. Mi-mars, la cible avait déjà bénéficié d’un apport de 170 M€ (200 M$) de The Rise Fund, la plateforme mondiale d'investissement d'impact de TPG. « Cette opération s'inscrit dans le cadre de notre stratégie visant à accroître la participation minoritaire dans notre activité de téléphonie mobile, avec l'intention de la coter en bourse d'ici quatre ans », a expliqué Raghunath Mandava, P-dg d'Airtel Africa.
Fonds : CardinalStone Capital Advisers / FMO / CDC Group (Nigeria / Ghana / International / Royaume-Uni)
Deux ans après un premier closing à 42 M€ (50 M$), le fonds nigérian CardinalStone a réalisé le closing final à 54 M€ (64 M$) de son véhicule CardinalStone Capital Advisers Growth Fund LP, en-deça donc de sa taille cible de 85 M€ (100 M$), auprès de banques de développement (le néerlandais FMO et le britannique CDC Group), d’une firme d’investissement ainsi qu’une entité locale nigériane. Ayant déjà réalisé deux investissements (dans une fintech d'une part et dans une société de bien-être au Nigeria d'autre part), et en prévoyant sept autres d’ici 2023, le véhicule prend des tickets compris entre 4,2 et 8,5 M€ (5 et 10 M$) dans des entreprises à forte croissance opérant dans des secteurs diversifiés au Nigeria et au Ghana .
Événements :
- 7 avril : webinaire intitulé « La digitalisation des services financiers : humanisation ou déshumanisation ? », organisé par TagPay et Financial Afrik, et qui fera intervenir un panel d'experts autour de l'humanisation des services financiers et des enjeux bancaires actuels sur les marchés africains.
- 8 avril : dans le cadre des Rencontres Africa, l'Association Internationale des Régions Francophones (AIRF) et l'Agence Française de Développement (AFD) organisent une journée spéciale énergie consacrée à de la mise en relation exclusive des entreprises et acteurs du secteur avec des collectivités du Burkina Faso, de la Côte d'Ivoire, du Mali, du Maroc, de Mauritanie, du Niger et du Sénégal. Leurs représentants exposeront à cette occasion leurs problématiques d'accès à l'énergie. Des collectivités du Maroc, de Côte d'Ivoire, de Madagascar ou encore du Bénin ainsi que des entreprises africaines se joindront à cette journée pour favoriser les coopérations et les partenariats commerciaux.
Et aussi...
- Free Sénégal vient d'officialiser son partenariat avec le consortium 2Africa, le gigantesque projet de câble de télécommunications sous-marin qui va encercler l'Afrique d'ici 2024. Secrètement lancé en 2018 par Facebook et faisant intervenir sept opérateurs, ainsi que le français Alcatel pour la fabrication du câble, le projet promet de démultiplier la connectivité Internet du continent.
- Au Cameroun, l'armateur français CMA CGM va quitter le port de Douala, supprimant ainsi sa double escale camerounaise, au profit du port en eau profonde de Kribi, dont il opère le terminal à conteneurs, ans le cadre d'une JV avec son compatriote le logisticien Bolloré et le chinois CHEC.
- Le fonds souverain égyptien réalise son premier investisseur dans le secteur éducatif en participant à hauteur de 13,5 M€ (15,9 M$) au troisième closing d'EFG Hermes Education Fund, un véhicule géré par la société égyptienne de services financiers EFG Hermes. Parallèlement, il a trouvé un opérateur avec lequel il développera et exploitera deux établissements à l'ouest du Caire.
- Le legaltech belge Afriwise, créée il y a trois ans, accueille Jacques Emsens et Christiphe de Limburg Stirum en tant que nouveaux investisseurs au sein de son actionnariat. Elle compte s'appuyer sur cet apport financier de 1 M€ pour devenir le leader incontesté en fourniture de solutions d'information juridique pour l'Afrique.
- Encore menacé de liquidation il y a deux semaines, le groupe télécoms panafricain Smile Telecoms Holdings, présent au Nigeria, en Ouganda, en Tanzanie et en République Démocratique du Congo, a obtenu un financement de 43 M€ (51 M$) de son actionnaire majoritaire, l'émirati Al Nahla Group, après restructuration de sa dette.
- La Banque Africaine de Développement (BAD) et la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) ont défini un partenariat stratégique de cinq ans pour co-financer la préparation des projets d'infrastructures régionales en partenariat public-privé (PPP) en Afrique, impliquant au moins un État membre de l'UEMOA.
- En RDC, le gouvernement vient de mettre en place un Fonds de garantie de l'entrepreneuriat au Congo (FOGEC) destiné à faciliter le financement des PME.
Bonne fin de semaine et à mardi prochain !
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