Bourse - Infrastructures télécoms : IHS Towers / MTN / Wendel (Maurice / Nigeria / Afrique du Sud / France / États-Unis)
On l’annonçait dès l’été 2020, c’est à présent chose faite : l’opérateur panafricain de tours télécoms IHS Towers s’est introduit le 14 octobre sur le New York Stock Exchange, levant 301 M€ (348 M$) le premier jour. Événement historique, puisqu’il s’agit de la première « tower co » africaine et numéro quatre mondiale, avec 30 000 pylônes dans neuf pays d'Afrique et d'Amérique latine. En émettant dix-huit millions d’actions à 18 € (21 $) l’unité, puis en donnant un mois aux investisseurs pour acheter 2,7 millions d’actions supplémentaires, IHS Towers pourrait réunir plus de 372 M€ (430 M$), ce qui le valorisait autour de 6 Md€ (7 Md$) et représenterait la plus grosse IPO jamais réalisée par une entreprise africaine au New York Stock Exchange. Citigroup et JP Morgan Chase ont été désignés comme arrangeurs de cette opération. Fort de 1,1 Md€ (1,4 Md$) de chiffre d’affaires l'an dernier avec deux mille salariés, le champion africain des télécoms est détenu à 29 % par l'opérateur sud-africain MTN et à 21,4 % par la société d'investissement française Wendel, qui entend rester au capital et ne pas céder de titres. Son actionnariat comprend également Goldman Sachs. Grâce à son modèle de « tower co », qui consiste à racheter aux opérateurs leurs pylônes mobiles, et de leur louer ensuite l'accès pendant de longues années, le groupe co-fondé et dirigé depuis 2001 par Sam Darwish génère des revenus stables et de long terme, ce qui devrait lui permettre de profiter durablement - à l’instar de ses confrères internationaux comme China Tower ou Cellnex - de la confiance des marchés. La pépite basée à Maurice et principalement active au Nigeria utilisera les ressources mobilisées lors de l’IPO pour financer le rachat de nouvelles tours, mais aussi se diversifier en poursuivant l’acquisition de réseaux de fibre.
Infrastructures de transports : Aéroport International de Ouagadougou-Donsin / Meridiam (Burkina Faso / France)
Le fonds tricolore Meridiam vient de signer avec l'État burkinabé une concession de trente ans pour la conception, la construction, le financement, l'exploitation et la maintenance du nouvel aéroport international du Burkina Faso, en remplacement de l'actuel de Ouagadougou-Taamsê, construit dans les années 1960. Situé dans la région de Donsin-Ouagadougou, l’infrastructure représente un investissement total de 220 M€, dont 180 M€ de capex. Le fonds créé et dirigé par Thierry Déau en sera l'unique actionnaire, jusqu’à l’entrée au capital de l'Aéroport Marseille-Provence (AMP) à hauteur de 5 %, prévue avant la signature du closing. Partenaire de Meridiam dans ce groupement, AMP apportera son expertise par le biais d'un contrat d'assistance technique. L’État du Burkina Faso pourrait également prendre une participation dans la société de projet à hauteur de 10 %. Dès sa mise en service d’ici 2024, l’aéroport sera en mesure d’accueillir un million de passagers par an (pour plus de détails, lire l’article Meridiam, concessionnaire du nouvel aéroport du Burkina Faso sur CFNEWS INFRA).
Logistique : Lamma / Orange Ventures (Tunisie / France)
Après la place de marché Dabchy en 2020, Orange Ventures s’est laissé séduire par une seconde start-up tunisienne : Lamma, spécialisée dans la mobilité du dernier kilomètre (Last Mile Mobility), à laquelle il a octroyé un montant resté confidentiel en amorçage pour s’étendre à l’international, à commencer par le Maroc. Elle utilisera également cet apport pour ouvrir d’ici la fin de l’année trois dark stores supplémentaires (des magasins sans clients dédié à 100 % à la livraison ultra rapide). La plateforme fondée en 2020 et dirigée par Yassir El Ismaili El Idrissi vient de lancer sa nouvelle application de Quick Commerce (Q-commerce) qui ambitionne de révolutionner l’expérience clients en Tunisie, avec pour objectif de livrer toutes les commandes du quotidien en moins de 45 minutes. Regroupant aujourd’hui un large choix de restaurants et plus de mille produits, incluant l’épicerie et les produits frais, les produits de beauté, de mode et de parapharmacie, ainsi que les accessoires électroniques et les smartphones, Lamma a déjà convaincu plus de 150 marchands partenaires. « Ce second investissement en Tunisie, que nous avons pu réaliser grâce à l’appui local d’Orange Fab, confirme notre conviction quant au potentiel de l’écosystème start-up tunisien. Nous croyons que le modèle Super App devrait s’imposer en Afrique du Nord et en Tunisie, notamment grâce à un taux d’équipement en smartphones et de consommation en ligne des plus avancés. Nous avons confiance en l’équipe de Lamma pour devenir un acteur majeur de cette transformation, que nous observons sur d’autres géographies, en Asie avec WeChat et Go-Jek ou en Amérique Latine avec Rappi, pour ne citer que ceux-ci », a souligné Grégoire de Padirac, principal chez Orange Ventures (voir fiche opération sur CFNEWS).
Fonds - Infrastructures : African Infrastructure Investment Managers (Afrique du Sud / Afrique australe)
Le sud-africain African Infrastructure Investment Managers (AIIM), l’un des plus grands gestionnaires de fonds de capital-investissement axés sur les infrastructures en Afrique, a réalisé une augmentation de capital de 320 M€ (5,5 MdZAR) via son véhicule d’infrastructure phare de la La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), IDEAS Managed Fund (IDEAS). Objectif : soutenir des projets dans les secteurs de l’électricité, des infrastructures, du numérique et du transport. La collecte dépasse de 20 % l’objectif initial de 262 M€ (4,5 MdZAR), portant la taille du fonds à capital variable à plus de 1,3 Md€ (22 MdZAR). Acteur phare dans le secteur des infrastructures en Afrique du Sud, IDEAS a d’ores et déjà investi dans un portefeuille diversifié de plus de quarante actifs en Afrique du Sud, au Zimbabwe et au Mozambique, impliqués dans la fourniture de services clés dans les secteurs des transports, de l’énergie, du numérique et des infrastructures sociales.
Services financiers : Tala / Upstart / Stellar Development Foundation / Kindred Ventures / Revolution Growth / PayPal Ventures / Lowercase Capital / Safra Sarasin (États-Unis / Kenya / Suisse)
Tala, une entreprise californienne fournissant des micro-prêts au Kenya et dans trois autres marchés émergents, lève 125 M€ (145 M$) lors d’un tour de table de série E, exclusivement en equity. Les investisseurs incluent les américains Upstart (en lead), Stellar Development Foundation, Kindred Ventures, Revolution Growth, PayPal Ventures, Lowercase Capital, et le suisse Safra Sarasin. Fondée en 2014 par les anciens cadres de Google Dave Girouard, Anna Counselman et Paul Gu, la société cible propose des prêts compris entre 8,6 € (10 $) et 432 € (500 $) à des particuliers et propriétaires de petites sociétés. Valorisée autour de 692 M€ (800 M$) par la levée de fonds, la jeune pousse revendique plus de six millions de clients au Kenya, aux Philippines, au Mexique et en Inde.
Services financiers : PaySika (Cameroun / France / Royaume-Uni / Nigeria)
La néobanque camerounaise PaySika, créée l’an dernier par Roger Nengwe et Stezen Bisselou, a mobilisé 300 K€ en pré-amorçage auprès de huit business angels. Misant sur l’appétence de la population locale pour les solutions mobiles, la fintech développe une application mobile et un chatbot permettant de commander une carte bancaire et d’effectuer des transactions. Ciblant l’Afrique francophone, elle compte se lancer au Cameroun, au Gabon et au Bénin au premier trimestre 2022. Plusieurs personnalités de la French Tech ont participé à cette toute première collecte : Benjamin Chemla (Shares et Stuart), Damien Guermonprez (Lemon Way), Charles-Édouard Bouée (Roland Berger), Didier Valet (Société Générale), Olivier Tilloy (Techmind) et Thibault Poutrel (Access Consulting et Beaubourg Capital), les deux premiers entrant au comité stratégique de PaySika à cette occasion. Des investisseurs britannique (Charles Delingpole, dirigeant fondateur de ComplyAdvantage) et nigérian (Adedayo Amzat, managing director de Zedcrest Capital Limited), ont contribué à réunir cette somme (voir fiche opération sur CFNEWS).
Fonds : Summit Private Equity Fund I / Summit Africa / CDC Group (Afrique du Sud / Royaume-Uni)
Le fonds à impact sud-africain Summit Africa, né en 2016, a réalisé le closing à 93 M€ (1,6 MdZAR) de son véhicule Summit Private Equity Fund I (SPEF I), dépassant ainsi son objectif initial. Ce dernier a vocation à investir dans PME situées dans les régions rurales et péri-urbaines d’Afrique du Sud, dans les secteurs de l’éducation, de la santé et des services financiers. Neuf investisseurs institutionnels sud-africains ainsi que CDC Group, l’organisme britannique de financement du développement, ont engagé des fonds dans SPEF I. Trois sociétés ont d’ores et déjà rejoint le portefeuille du véhicule, qui a déployé à ce jour environ 20 % de son capital, et devrait conclure sous peu un quatrième investissement.
Nomination - Fonds : STOA Infra & Energy (France / Kenya / Afrique de l'Est)
Le fonds français STOA, dédié aux infrastructures durables, prend pied en Afrique avec l’ouverture d’une nouvelle antenne régionale, située à Nairobi et logée dans les bureaux de Proparco et de l’AFD, qui couvrira la zone Afrique de l’Est en particulier et sera dirigée par André Mounif. Celui-ci avait rejoint STOA en juin 2018 en qualité de directeur d’investissement, après avoir acquis de l'expérience au sein du ministère de l'Écologie puis de Proparco.
Étude : les ZES, catalyseurs de l’industrialisation africaine (Jeune Afrique Media Group / Okan Partners)
Pour la troisième année consécutive, l’Africa CEO Forum (la plus grande conférence internationale consacrée au secteur privé africain, organisée par Jeune Afrique Media Group) s’est associé à Okan Partners (cabinet français de conseil en stratégie et finance dédié à l’Afrique) pour analyser une grande thématique économique essentielle pour le continent africain. Après avoir étudié les infrastructures logistiques puis portuaires (relire bulletin #110), les deux partenaires se sont intéressés aux zones économiques spéciales, et à leur rôle majeur pour l’économie. Ce rapport propose six recommandations, fondées sur une vingtaine d’études de cas, afin d’éviter les nombreux écueils et d’en faire de véritables catalyseurs de l’industrialisation africaine. Si des centaines de ZES sont apparues en Afrique depuis les années 1970, avec à cœur de reproduire le « miracle asiatique », elles ont en grande partie souffert d’un manque de spécialisation, de retards ayant empêché d’obtenir les résultats escomptés, de cadres juridiques et fiscaux pas assez attractifs et d’insuffisances opérationnelles sur le plan des infrastructures et des services de base (électricité, eau, routes, délais administratifs, etc.). Certaines d’entre elles ont toutefois rencontré un franc succès, au Maroc, à Maurice, à Madagascar, en Éthiopie et au Gabon, où elles sont à l’origine de plus de 300 000 créations d’emplois et contribuent fortement au dynamisme des exportations. Les auteurs s’attachent ainsi à montrer l’importance de choisir un emplacement adapté, de s’inscrire dans la stratégie industrielle nationale, d’offrir un écosystème performant, d’investir par phases et de façon raisonnée, de privilégier une gouvernance hybride public-privé, et viser dès la conception une industrialisation verte et durable.
Et aussi...
- Le groupe Bolloré réfléchirait à la cession de ses activités logistiques en Afrique. Selon Le Monde, la banque Morgan Stanley aurait été chargée de sonder discrètement de potentiels acheteurs, parmi lesquels CMA CGM et Maersk. Non confirmée à ce jour, cette opération atteste de la profonde reconfiguration sectorielle en cours, dans un contexte de reprise du trafic post-pandémie. La branche Bolloré Africa Logistics, présente dans plus de vingt pays africains, a réalisé un chiffre d’affaires de 2,1 Md€ en 2020 avec plus de 20 000 personnes, et serait valorisée entre 2 et 3 Md€.
- En Angola, Total Eren vient de prendre la tête d’un consortium comprenant la compagnie pétrolière nationale Sonangol et Angola Environment Technology (Greentech) en vue de la mise en place de la société de projet Quilemba Solar, chargée de la construction d’une centrale solaire photovoltaïque à Quilemba, dans le sud-ouest du pays. Quilemba Solar sera détenue à 51 % par Total Eren, 30 % pour la Sonangol et 19 % des parts reviendront à Greentech.
- En Afrique du Sud, EDF et Pele Green Energy ont été désignés par la compagnie minière Anglo American Platinum pour alimenter en énergie solaire photovoltaïque sa mine de platine de Mogalakwena, avec le concours d’Engie. D’une capacité de 100 MWc, la centrale solaire devrait être mise en service d’ici fin 2023.
- Le gouvernement ivoirien s'apprête à conclure avec la France un troisième contrat de désendettement et de développement (C2D), d’un montant de 964 M€ (1,145 Md$) et couvrant la période 2021-2025. Le renforcement de la coopération entre les deux pays mettra l'accent sur le transport et l'éducation.
- La fintech nigériane Mono réunit près de 13 M€ (15 M$) en série A, auprès du new-yorkais Tiger Global et d’autres investisseurs - dont le cantabrigian General Catalyst, le berlinois Target Global et le japonais SBI Investment - afin d’étoffer son équipe et de soutenir sa croissance sur deux nouveaux marchés, l’Égypte et l’Afrique du Sud.
- Le capital-investisseur sud-africain One Thousand & One Voices débourse 12 M€ (13,5 M$) pour acquérir une participation minoritaire au sein de Digital Ecosystems (DigiCo), une entreprise sud-africaine fournissant un ensemble de services comprenant des applications pour smartphones, des services de messagerie multimédia, de localisation, de messagerie instantanée et web.
- Au Maroc, Cegelec, filiale de Vinci Énergies, a été nommé adjudicataire du contrat clés en main de l’extension du poste 400/225 kV de Laâyoune II, dans la région éponyme, représentant un montant de 17,79 M€.
- Après la Tunisie, le Sénégal, l’Éthiopie, le Mali et la Côte d’Ivoire, c’est au Cameroun, au sein de la capitale économique Douala, que vient d’être inauguré le sixième Orange Digital Center d’Afrique, un écosystème entièrement dédié au développement de compétences numériques et à l’innovation.
Bonne fin de semaine et à mardi prochain !
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