EnR : Baobab+ / Lion's Head Global Partners / Triple Jump (Sénégal / Côte d’Ivoire / France / Pays-Bas / Royaume-Uni )
L’énergie solaire offgrid a de beaux jours devant elle sur le continent africain. Une nouvelle levée de fonds vient d’être effectuée, au profit cette fois des populations rurales et petites entreprises du Sénégal et de Côte d’Ivoire, par l’entreprise française Baobab+. C’est au total 4 M€ qui ont été récoltés par le fournisseur de systèmes solaires domestiques dans l’optique d’étendre ses activités dans ces deux pays, par l’intermédiaire de deux transactions distinctes, dont un emprunt de 2 M€ (voir fiche opération sur CFNEWS). Les ressources ont été obtenues auprès d’Energy Entrepreneurs Growth Fund (EEGF), un véhicule géré par le fonds d’impact néerlandais Triple Jump (axé sur les pays émergents), et du Facility for Energy inclusion Off-Grid Energy Access Fund (FEI-OGEF), un mécanisme de la Banque Africaine de Développement (BAD) géré par LHGP Asset Management, filiale chargée des activités de gestion d'actifs de la banque d'investissements britannique Lion's Head Global Partners. « Alors qu’en zone rurale, seule la moitié de la population sénégalaise a accès à l’énergie et que cette proportion est inférieure à 40 % en Côte d’Ivoire, ces levées de fonds contribueront grandement à remédier à cette situation en nous permettant d’étendre notre réseau de distribution de kits solaires dans ces deux pays tout en ciblant davantage de micro-entrepreneurs via la distribution de kits à usage productif », a détaillé Alexandre Coster, P-dg et fondateur de Baobab+. Lancée en 2015, la société aux 1,7 M€ de revenus (en 2019) appartient au groupe Baobab (ex MicroCred), spécialisé dans l'inclusion financière dans neuf pays en Afrique et en Chine. Déjà actif à Madagascar, au Mali, mais également dans les pays ciblés par cette double levée de fonds que sont le Sénégal et la Côte d’Ivoire (respectivement depuis 2015 et 2016), le distributeur tricolore de kits solaires s’est récemment lancé à l’assaut des marchés RD congolais et nigérian. À l’instar de nombre de ses concurrents, il mise dans l'ensemble de ces pays sur un système de financement particulièrement adapté à l’Afrique subsaharienne, à savoir le paiement à l’usage (pay-as-you-go), afin de garantir l’accessibilité de ses équipements. Soucieux d’accompagner au mieux ménages et micro-entrepreneurs dans leur autonomie énergétique, le fournisseur de solutions solaires domestiques propose par ailleurs à ses clients des dispositifs numériques, à des fins à la fois pédagogiques et professionnelles.
Transports : Moja Ride / Mobility 54 / Toyota Tsusho Corporation / CFAO (Côte d’Ivoire / Japon / France)
Mobility 54, le fonds corporate du constructeur automobile japonais Toyota Tsusho Corporation (TTC) et de la multinationale française CFAO, fait à nouveau parler de lui. Il a octroyé en mars un montant - gardé confidentiel - à Moja Ride, start-up ivoirienne développant une plateforme digitale de transport dédiée aux opérateurs publics, suite à sa victoire à l’événement « Startups in AFRICA », organisée le 26 février par le groupe nippon Nikkei et la Japan International Cooperation Agency (JICA). La jeune pousse d’Abidjan a pour objectif de « faciliter l’avènement d’une nouvelle forme de mobilité partagée pour les villes africaines », selon son P-dg Jean-Claude Gouesse, qui l’a co-fondée en 2017 avec Stéphanie Assi (actuelle directrice technique). Si Moja Ride a remporté le « prix spécial Mobility 54 », elle le doit - estime le dirigeant ivoirien installé aux États-Unis - à « [sa] capacité à développer une plateforme de mobilité partagée, au sein de laquelle sera intégré un mécanisme de paiement que [ses] chauffeurs pourront présenter à [ses] partenaires financiers afin de pouvoir emprunter et, à terme, de posséder leur propre véhicule ». Cet apport devrait permettre d’améliorer la qualité des transports publics en Afrique de l’Ouest (voir fiche opération sur CFNEWS). Lancé en août 2019, Mobility 54 a notamment mené, en septembre dernier, le closing de la série A de 5,3 M€ (6,3 M$) de la start-up ougandaise de financement d’actifs Tugende, qui vient tout récemment de boucler un tour additionnel en equity de 3 M€ (relire bulletin #130).
Études : rapport d’activité 2020 sur le capital-investissement au Maroc et étude d’impact Covid-19 (AMIC)
Comme chaque année, l’Association Marocaine des Investisseurs en Capital (AMIC) a publié son rapport d’activité 2020 sur le capital-investissement au Maroc. Présenté en ligne mercredi dernier, il a été enrichi pour cette édition d’une seconde étude, consacrée à l’impact de la pandémie sur l’écosystème du private equity marocain (fonds et entreprises du portefeuille), et qui a permis de confirmer le rôle déterminant du capital-investissement dans la résilience du tissu économique : les entreprises actuellement investies sont parvenues par exemple à limiter en moyenne la baisse de leur chiffre d’affaires à 20 %, contre 32 % pour l’ensemble des PME au niveau national. Malgré les répercussions de la Covid-19 - variables selon les secteurs - force est de constater que le private equity au sein du royaume chérifien a globalement bien résisté à la crise en 2020. Le rapport met ainsi en évidence une hausse de 14 % des montants levés : 126 M€ (1,35 MdMAD) de fonds ont été levés en 2020 contre 111 M€ (1,187 MdMAD) en 2019. Un montant de 75 M€ (804 MMAD) a été investi dans vingt PME (dix-huit nouveaux investissements et deux réinvestissements). À titre comparatif, en 2019, ce montant était de 72 M€ (765 MMAD) et neuf entreprises seulement avaient été investies. Sur le plan sectoriel, les services et transports s’accaparent 27 % des investissements réalisés à fin 2020, suivis par les industries (aéronautique, éducation, emballage, industrie chimique et autres), à hauteur de 15 % puis par la distribution (14 %). Les auteurs du rapport mettent également en exergue, sur la période 2017-2020, une baisse significative des prises de participation majoritaires, et concomitamment une augmentation des transactions minoritaires, ce qui témoigne de la volonté des fonds d’accompagner les entreprises et de participer à leurs projets de développement, plutôt que chercher à les contrôler. On constate par ailleurs, ces huit dernières années, une augmentation du nombre des grosses transactions (avec l’évolution de la part des tickets de 9 M€, soit 100 MMAD, de 13 % à 20 %), et parallèlement une hausse des petites opérations qui s’adressent à de petites structures. En ce qui concerne les désinvestissements, dix ont été enregistrés en 2020, pour un montant global de 21 M€ (220 MAD), soit une baisse de 72 % par rapport à l’année précédente, ce qui s’explique essentiellement par un report ou une annulation des décisions de désinvestissement en raison de la crise. Les entreprises investies ont pu tirer profit des mécanismes de soutien instaurés par l’État, démontrant que le capital-investissement améliore la solvabilité des PME, donc leur capacité d’endettement, et in fine leur résilience. L’étude d’impact de la pandémie sur cet écosystème a mis en lumière l’optimisme des sociétés de gestion, puisque 83 % d’entre elles pensent que leurs participations retrouveront leur niveau d’activité pré-crise d’ici la fin de l’année en cours. D’après l’AMIC, qui anticipe des investissements avoisinant les 122 M€ (1,3 MdMAD) en 2021, les acteurs du secteur peuvent prévoir un retour à la normale pour 2022 au plus tard.
Bourse - Hydrocarbures : Seplat Petroleum / investisseurs internationaux (Nigeria / International)
Devant faire face à des pressions sur sa trésorerie, le nigérian Seplat Petroleum, coté sur les bourses de Londres et du Nigeria, se tourne vers le marché de la dette. La société pétrolière et gazière fondée en 2009 vient ainsi d’émettre une émission de 551 M€ (650 M$) sur le marché international des capitaux, remboursable sur cinq ans. Grâce à cet emprunt, elle entend refinancer des dettes dont l’échéance est proche, ainsi que d'autres dépenses liées à ses activités. Comme ses confrères, le groupe a dû faire face, au cours de l’année écoulée, à l’impact négatif sur sa marge finale des dépréciations d'actifs pétroliers, liées à la baisse des prix du baril. Il a ainsi enregistré en 2020 un chiffre d’affaires de 446 M€ (531 M$) (- 48 % par rapport à 2019) et une perte de 67 M€ (80 M$), la première depuis 2018. Citi, J.P. Morgan, Standard Bank et Standard Chartered Bank ont agi en qualité d’arrangeurs globaux sur cette opération, tandis que Natixis, Rand Merchant Bank et Société Générale ont géré les souscriptions.
Fonds - Énergie : Mahlako-a-Phahla Energy Fund / Mahlako Financial Services (Afrique du Sud)
Ambitionnant d’aider l’Afrique du Sud - actuellement dépendante de quelques sources d’énergie primaires - à diversifier son mix énergétique à partir des investissements privés, Mahlako Financial Services, une société de conseil en investissement axé sur le secteur énergétique sud-africain, vient de lancer un fonds d’une taille cible de 87 M€ (1,5 MdZAR). Baptisé Mahlako-a-Phahla Energy Fund, il sera consacré au financement de la chaîne de valeur énergétique. Non seulement il a vocation à réaliser des investissements en fonds propres et quasi-fonds propres dans des PME du secteur (majoritairement des entreprises matures), mais il financera aussi directement des infrastructures (qu’elles soient ou non en exploitation). « Il s’agit d’un fonds d’énergie détenu à 100 % par des femmes noires, dont le mandat va au-delà des énergies renouvelables pour inclure les secteurs du gaz et des services énergétiques, car nous nous efforçons de transformer le secteur de l’énergie en Afrique du Sud », a détaillé Makole Mupita, co-fondatrice en 2009 de Mahlako Financial Services aux côtés de sa sœur Meta Mhlarhi. Trois investisseurs ont apporté les capitaux nécessaires à la constitution de ce nouveau véhicule, qui vise un premier closing à 46 M€ (800 ZAR). Un montant correspondant à 15 % au maximum de son enveloppe totale sera injecté dans chaque entreprise bénéficiaire, sans ticket minimum. Mahlako-a-Phahla Energy Fund a d’ores et déjà constitué un pipeline d'opportunités d'investissement. En décembre dernier, la société a conclu un accord pour une participation de 45 % dans un projet sud-africain d'énergie solaire avec Amazon et African Infrastructure Investment Managers (AIIM). Elle a également investi récemment dans un programme d'approvisionnement en EnR lancé par le gouvernement sud-africain une décennie plus tôt pour stimuler la participation du secteur privé aux énergies propres.
Nomination - Avocats : Herbert Smith Freehills (Afrique du Sud / Afrique)
Le cabinet d’avocats d’affaires international Herbert Smith Freehills s’adjoint l’expertise de Huneiza Goolam, qui devient la quatrième associée de la pratique corporate du bureau de Johannesbourg, aux côtés de Rudolph du Plessis, Ross Lomax et Peter Leon. Spécialiste en M&A et marchés de capitaux, et disposant d’une grande expérience dans les services financiers, le secteur minier et les télécommunications, elle interviendra sur des opérations tant nationales que panafricaines. Jusqu’alors, elle était associée chez Webber Wentzel depuis 2015, après avoir passé plusieurs années au sein du cabinet Werksmans Attorneys.
Événements :
- Paris, 14 avril : webinaire organisé par le comité d'échanges Afrique-France de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris (CCI Paris) sur les opportunités d'affaires en Côte d'Ivoire. Le bureau de Business France à Abibdjan présentera la prospection, les marchés porteurs et l'identification de partenaires commerciaux, tandis que des entreprises du comité d'échanges Afrique-France témoigneront de leur expérience ivoirienne.
- Paris, 14 mai : Sommet sur le financement des économies d'Afrique subsaharienne, auquel le président français Emmanuel Macron a invité ses homologues de RDC, Afrique du Sud, Angola, Kenya, Guinée, Congo, Côte d'Ivoire, Sénégal, Nigeria et Rwanda. Objectif : soulager les pays touchés par les effets économiques de la pandémie, et réfléchir à de nouvelles sources de financement, dans un contexte d'explosion de la dette depuis 2005.
Et aussi...
- Total et ses partenaires ont officiellement lancé dimanche le plus grand projet pétrolier au monde de l'année. Ce chantier de plus de 8 Md€ (10 Md$), dans lequel le géant tricolore des hydrocarbures investira environ la moitié du financement total requis, prévoit d'extraire jusqu'à 230 000 barils de brut par jour en Ouganda à partir de 2025, et de l'acheminer par oléoduc jusqu'aux rives de l'océan Indien, en traversant la Tanzanie. Situé à proximité du lac Albert, et fortement décrié par les ONG, il s'inscrit dans la volonté du groupe coté de maintenir une production de pétrole stable d'ici la fin de la décennie. Le développement du lac Albert englobe les projets pétroliers amont de Tilenga et Kingfisher en Ouganda, et la construction de l'oléoduc East Africain Crude Oil Pipeline (EACOP) en Ouganda et Tanzanie.
- L'AFD lance un appel à candidatures pour des projets de conservation de la nature en Afrique australe (Malawi, Zambie, Angola, Namibie, Mozambique, Zimbabwe, Botswana et Afrique du Sud) dans l'optique d'accompagner une trentaine d'entrepreneurs dans leurs initiatives pro-nature.
- En Côte d'Ivoire, la région Auvergne-Rhône-Alpes soutiendra la gestion durable et intégrée des ressources en eau dans la région du Bélier à travers la construction de trois stations à télémétrie, dont la construction sera pilotée par l'ONG française Corail (Codéveloppement Rhône-Alpes International), en partenariat avec le ministère ivoirien de l'Hydraulique.
- L'IPP tricolore Qair (ex Qadran international) vient de lancer les travaux de construction des centrales solaires de Lamadji et de Gassi, près de la capitale tchadienne N'Djamena, d'une capacité totale de 30 MWc, et qui devraient entrer en service dès 2022.
- Le groupe agroalimentaire Soufflet lance sa filiale ouest-africaine en Côte d'Ivoire, à Abidjan, sous le nom de Soufflet West Africa (SWA). Elle ciblera les meuniers et industriels de dix pays de la région (dont le Bénin, le Sénégal, le Mali, le Togo et le Burkina Faso).
- Trois villes africaines, à savoir les capitales RD congolaise Kinshasa et éthiopienne Addis-Abeba ainsi que la ville marocaine de Fès, bénéficieront de subventions d'assistance technique de la part du City Climate Finance Gap Fund, un fonds fiduciaire créé par la Banque mondiale et la BEI. Destiné au développement de projets climatiques, ce financement fait partie d'une enveloppe globale d'1,8 M€ accordée à neuf villes à travers le monde.
Bonne fin de semaine et à mardi prochain !
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