Bulletin Hebdo Afrique
#40 : mSurvey s'affiche avec deux fonds ; Veolia cède ses 51 % dans la SEEG ; Blue Lions rejoint Altavia ; ABC Fund... Chaque semaine, CFNEWS résume l'actualité économique en Afrique.
Médias : mSurvey / Proparco / TLcom Capital (Kenya / France)
Le spécialiste kényan des avis consommateurs mSurvey a bénéficié en janvier dernier d’un financement de Proparco à hauteur de 415 K€, aux côtés de TLcom TIDE Africa (Technology and Innovation for Developing Economies), qui avait déjà mené un premier tour de table de près de 3,1 M€ en avril 2018. Basé à Nairobi, Lagos et Londres, ce VC a été lancé en 2017 pour accompagner le développement de jeunes entreprises subsahariennes innovantes, dont le modèle économique, centré sur l'exploitation d'une technologie numérique ou digitale, répond à un besoin de marché traditionnel d'accès à un service de base. mSurvey développe des outils permettant aux entreprises, universités, hôpitaux ou médias africains d'interroger directement les citoyens et consommateurs sur leurs habitudes ou leurs besoins via leur téléphone portable. Cet apport financier lui servira à s’affirmer en tant qu’acteur panafricain en renforçant ses infrastructures et ses partenariats, et en étendant ses services au-delà de l'Afrique de l'Ouest, hors du Kenya et du Nigeria où il est déjà présent. La PME fondée en 2012 par Kenfield Griffithet Louis Majanja n’a pas encore révélé les pays où elle envisage de se déployer. « L’investissement de Proparco aidera mSurvey à adapter ses offres axées sur la clientèle à de nouvelles régions de l’Afrique. La start-up offrira aux entreprises une solution centrée sur le client et adaptée au marché africain », a commenté Eric Zontsop, chargé d'investissements chez Proparco. L’investissement dans mSurvey s’inscrit dans le cadre de la stratégie innovation de cette filiale de l’Agence Française de Développement (AFD). (Voir fiche de l'opération sur CFNEWS.)
Gestion de ressources : SEEG / Veolia (Gabon / France)
Un an après la résiliation par le gouvernement gabonais de la convention de concession détenue par Veolia dans le service public de l’eau et de l’électricité au Gabon, les deux parties viennent de trouver un accord à l’amiable. La multinationale française cède les 51 % qu’elle détenait dans le capital de la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) à l’État, via la société de patrimoine du service de l’eau potable, de l’énergie électrique et de l’assainissement. Si le montant n’est pas dévoilé, il avoisinerait selon certains médias locaux les 45 M€ (voir fiche opération sur CFNEWS). Les deux parties renoncent en vertu de cet accord, à toute « demande et action concernant la convention de concession résiliée par l’État » le 16 février 2018. Elles mettent également fin à la procédure d’arbitrage portée en mars 2018 devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi). Les autorités gabonaises avaient accusé Veolia Africa, présent dans le pays depuis plus de deux décennies, de plusieurs manquements par rapport au respect du cahier de charges convenu à la signature de la concession : des accusations de mauvaise qualité des services ou de pollution que le géant français avait réfutées en bloc, résultant en un bras de fer judiciaire de longue haleine, jusqu’à cet accord qui permet à la SEEG de redevenir une entreprise publique. Privatisée en 1997, elle était détenue à 49 % par l’État gabonais, des investisseurs privés du Gabon et des salariés de l'entreprise. Jouissant du monopole de la distribution d'eau et d'électricité dans le pays, la SEEG a signé en octobre dernier trois contrats avec l’État, le Fonds Gabonais d’investissement stratégique (FGIS), gestionnaire exclusif du fonds souverain, et un autre groupe français, Eranove, dans le cadre de la fourniture d’électricité et de l’approvisionnement en eau potable (voir bulletin #25). Eranove, plateforme industrielle panafricaine avec un siège social à Paris, est ainsi devenu le fournisseur officiel d’eau potable et d’électricité au Gabon.
Communication : Blue Lions / Altavia (France / Afrique)
L’agence de communication digitale panafricaine Blue Lions, basée à Paris et disposant de bureaux à Casablanca, Abidjan, Johannesbourg, Accra et Dubai, rejoint le giron du spécialiste français de la communication dédiée au retail, Altavia. Fondée en 2013 par Adrien Cusinberche et Guillaume Aoust, générant un peu moins de 6 M€ avec une soixantaine de collaborateurs, la cible réalise des campagnes de communication digitale pour de grandes marques nationales et internationales. Parmi ses clients figurent L’Oréal, Unilever, Bic, Orange, Renault, ou encore Disney . Si l’agence exerce sur plusieurs marchés à travers le monde, elle se focalise plus particulièrement sur l’Afrique. Pour Altavia, fort de 740 M€ de chiffre d’affaires en 2017, cette acquisition stratégique - qui s’inscrit dans le cadre de ses ambitions de croissance internationale - devrait lui permettre de déployer ses offres de services de communication off et online sur le continent africain, l’un des marchés majeurs de demain dans le secteur. « En rejoignant Altavia, un groupe structuré comme une fédération d’entreprises, implanté à travers trente-cinq pays et spécialiste de la communication commerciale des retailers, nous bénéficions de l’appui d’un savoir-faire unique en communication. En croisant nos expertises et notre maîtrise des réalités locales aux savoir-faire et à la puissance de frappe du groupe Altavia, nous ambitionnons de créer le premier groupe de communication indépendant leader en Afrique », a révélé Adrien Cusinberche, président co-fondateur de Blue Lions (voir fiche opération sur CFNEWS).
Nouveau fonds : 200 M€ pour un fonds à impact axé sur l’agrobusiness (Luxembourg / pays en développement)
Le Fonds international de développement agricole (FIDA ou International Fund for Agricultural Development - IFAD), agence spécialisée des Nations Unies née en 1977, vient de lancer un fonds d’investissement à impact de 200 M€ pour développer l'agrobusiness dans les pays en développement. Le « Fonds d’investissement pour l’entrepreneuriat agricole », ou « ABC Fund », a déjà réuni 54,5 M€ auprès de la Commission Européenne (40 M€), du Groupe des États d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), du gouvernement luxembourgeois et de l'Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA). Il octroiera des prêts de moins de 5 M€ et prendra des prises de participation pour un montant inférieur à 1 M€ au sein de micros, petites et moyennes entreprises (MPME) rurales et d’institutions financières dans les pays en développement. Basé au Luxembourg, géré par le VC luxembourgeois Bamboo Capital Partners et localement par Injaro Investments, une firme de private equity basée à Accra, ABC Fund s’efforcera également de contribuer à la création d’emplois, notamment afin d’offrir aux jeunes une alternative à la migration. Son lancement témoigne, selon Jean-Philippe de Schrevel, fondateur et associé gérant de Bamboo, de la maturité de l’industrie de l’impact investing. Jerry Parkes, directeur général d'Injaro Investments, a déclaré : « ABC Fund soutiendra les agriculteurs par le biais d'une assistance technique visant à améliorer les rendements et à réduire les pertes après récolte dans le but ultime d'éliminer progressivement la faim sur le continent ». Cet instrument financier innovateur souhaite servir d'effet de levier pour mobiliser des investissements privés pour la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD). D'ici une dizaine d’années, ABC Fund devrait avoir atteint sa taille cible de 200 M€, et ainsi toucher plus de 700 000 ménages dans les pays en développement.
Fonds : closing à 185 M€ pour PG Impact Investments (Pays émergents / Suisse)
La société d’investissement suisse PG Impact Investments lève près de 185 M€ (210 M$) lors du closing final de son premier véhicule (PG Impact Investments I), soit 53 M€ (60 M$) de plus que le montant escompté. Plus de 57 M€ (65 M$), représentant 31 % du montant global des financements, ont été injectés par le gestionnaire d’actifs helvétique Partners Group. Le solde a été apporté par des investisseurs institutionnels dont les identités n’ont pas été dévoilées. PG Impact Investments I soutiendra dix-neuf projets dans des pays émergents, dans les secteurs de la santé, l’agriculture, l’éducation et l’énergie. Grâce à ce closing final, « nous serons en mesure d’avoir un impact sur la vie des personnes mal desservies dans les pays en développement », a commenté Urs Baumann, DG de PG Impact Investments. Fondée en 2015, la firme suisse investit entre 1,8 et 7 M€ (2 à 8 M$) dans des entreprises majoritairement situées dans des pays émergents. Son portefeuille africain comprend notamment le sud-africain International Housing Solutions (financement de logements économes en énergie) et l’ougandais Tugende, spécialiste du leasing pour l’acquisition de taxis-motos (boda-boda).
Industrie chimique : SCE Chemicals / CDG Capital Private Equity (Maroc)
Le fonds marocain CDG Capital Private Equity prend une participation minoritaire dans le capital de l'entreprise de fabrication de produits chimiques et d’engrais pour clients industriels, la Société Chérifienne des Engrais (SCE Chemicals), dont le capital passe ainsi de 25 M€ (320 MMAD) à 42 M€ (455 MMAD). Il s’agit du cinquième investissement réalisé par son véhicule Capmezzanine II, après notamment le fabricant de mobilier de bureau Trarem (voir bulletin #34). Hassan Laaziri, directeur général de CDG Capital Private Equity, s’est dit convaincu que ce partenariat contribuerait au renforcement de l'industrie des produits chimique sur le marché. Figure de proue du capital-investissement au Maroc, la firme a contribué au financement et au développement de plus de vingt entreprises dans le royaume depuis sa création en 2006. Créée en 1923, la Société Chérifienne des Engrais a été scindée en janvier dernier en trois entités distinctes : SCE Chemicals, SCE Immobilier et SCE Participations. L’ouverture du capital de SCE Chemicals lui permettra de financer la construction d’une nouvelle usine au sein de la zone industrielle de Jorf Lasfar, Med Zed.
Fonds - EnR : SunFunder / OPIC (Kenya / États-Unis / Afrique subsaharienne)
Le kényan SunFunder vient de réaliser le premier closing de son véhicule Solar Energy Transformation (SET) Fund à 37,4 M€ (42,5 M$) auprès de l’Overseas Private Investment Corporation (OPIC) - l'institution de financement du développement du gouvernement des États-Unis - la fondation américaine sans but lucratif Calvert Impact Capital, le family office californien Ceniarth et l’organisation humanitaire IKEA Foundation, basée aux Pays-Bas. Ciblant une taille de 74,8 M€ (85 M$), SET soutiendra les entreprises offrant des solutions solaires aux populations d’Afrique subsaharienne et d’Inde privées d’accès à l'électricité. L’OPIC a apporté à lui seul 22 M€ (25 M$), tandis que Calvert Impact Capital et Ceniarth ont injecté respectivement 6,6 M€ (7,5 M$) et 4,4 M€ (5 M$) et la Fondation IKEA une subvention de 4,4 M€ (5 M$). Basé à Nairobi, avec des bureaux à San Francisco et Londres, SunFunder estime que ce véhicule permettra d’améliorer l’accès à l’énergie propre de 2,8 millions de personnes, et de réduire les émissions de CO2 de 480 000 tonnes par an pendant les neuf années à venir. Fondé en 2012 par Ryan Levinson et Audrey Desiderato, le kényan contribue également aux progrès de l'initiative américaine Power Africa, qui vise à fournir de l'électricité aux centaines de millions de personnes du continent qui vivent sans électricité. SunFunder a levé au total près de 92 M€ (104,5 M$) auprès de soixante-cinq contributeurs. L'OPIC s'était précédemment engagé à financer un autre de ses véhicules, Beyond the Grid Fund, qui soutient des entreprises off grid en Afrique, en Inde, dans les îles du Pacifique et en Jordanie.
Études : où investir en Afrique en 2019 ?
D’après une récente étude de la banque d'affaires sud-africaine Rand Merchant Bank (RMB), l'Égypte représenterait le pays africain le plus attractif pour les investisseurs. C’est la deuxième année que l’Égypte surclasse l'Afrique du Sud, qui occupait auparavant cette position depuis longtemps. Cette montée en puissance de la « Terre des Pharaons » s’expliquerait par l'expansion de son marché de consommation d'environ cent millions de personnes et la diversification de son économie, ainsi que les résultats jugés prometteurs des réformes économiques entreprises par le gouvernement égyptien pour attirer les investissements étrangers. Le rapport intitulé « Where to Invest in Africa 2019 » classe respectivement l'Afrique du Sud, le Maroc et l'Éthiopie en deuxième, troisième et quatrième position, suivis par le Kenya, le Rwanda et la Tanzanie.
A titre de comparaison, le magazine américain place l’Ile Maurice en tête des meilleurs pays africains pour faire des affaires en 2019 (39ème rang à l’échelle mondiale sur 161 pays). L’Afrique du Sud (59ème mondial) occupe la deuxième marche du podium à l’échelle continentale, devant le Maroc (62ème mondial). L’Égypte (95ème à l’échelle mondiale) ferme le Top 10 africain. La majeure partie des pays du continent figurent en bas du classement : sur les dix pires pays pour faire des affaires dans le monde, sept sont situés en Afrique.
Événements :
- Paris (Porte de Champerret), 28 février : petit-déjeuner sur le thème « Les médias sociaux en Afrique : un tremplin pour vos affaires ? », organisé par le Comité d'échanges Afrique-France de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris Ile-de-France, pour informer les entreprises franciliennes sur le web social africain et leur donnera les clés pour tirer parti des opportunités offertes par les médias sociaux pour développer leurs affaires en Afrique.
- Paris (Porte de Champerret), 14 mars : atelier technique sur l’Algérie organisé par la Chambre de commerce et d'industrie de Paris Ile-de-France, afin de faire le point sur les impacts liés aux évolutions de la Loi de Finances 2019 votée dernièrement et qui prévoit la mise en place du droit additionnel provisoire de sauvegarde (DAPS) sur les opérations d’importation de marchandises finies, destinées à la consommation.
- Paris (locaux de Business France), 15 mars (9h-12h45) : atelier technique sur l’Égypte organisé par Business France sur la thématique « L'Égypte, un marché aux atouts multiples » pour faire un point sur la situation macro-économique de l’Égypte, présenter le cadre des investissements, la pratique des affaires et l'accès au marché ainsi que les opportunités pour les entreprises françaises.
Et aussi...
- Cinq accords ont été conclus à l’occasion de la visite officielle du Premier ministre tunisien Youssef Chahed du 13 au 15 février à Paris : deux conventions de prêts de l’AFD d’un montant global de 103,3 M€ dans la santé et trois accords complémentaires dans la santé, les transports et la formation. Longtemps premier fournisseur de biens de la Tunisie, la France, détrônée depuis 2017 par l’Italie, conserve la deuxième place, loin devant la Chine et l’Allemagne.
- La France va débloquer 85 M€ en faveur du Mali, dont 50 M€ pour contribuer à la mise en place de projets d'adduction d'eau potable dans cinq villes du centre du pays.
- Le français Corteva Agriscience, pôle agricole de la holding DowDuPont, renforce sa présence en Afrique avec l’ouverture d’un nouveau bureau à Casablanca, qui fera office de hub pour le nord-ouest et le centre-ouest de l’Afrique.
- Le VC égyptien Algebra Ventures vient d’investir un montant resté confidentiel dans le capital de la plateforme égyptienne d’e-commerce GoodsMart, spécialisée dans l’achat et la livraison à domicile des biens de consommation. Le financement lui servira à développer son activité, renforcer ses capacités opérationnelles et recruter de nouveaux salariés. Fondée en 2013 par Amr Fawzi et Ahmed Sudan, la cible avait reçu en 2017 un premier investissement de 660 K€ (750 000 $) du même investisseur.
- La BAD va débourser 13,2 M€ (15 M$) au profit de Verod Capital Growth Fund III, véhicule de fonds d’investissement nigérian Verod Capital Partners, qui a vocation à investir dans des PME anglophones à forte croissance en Afrique de l’Ouest, notamment au Nigeria, Ghana, Liberia, Sierra Leone et Gambie.
- La Société financière internationale (SFI), filiale de la Banque mondiale, investira - via le fonds TIDE Africa - environ 5,3 M€ (6 M$) dans des entreprises technologiques du continent, majoritairement en Afrique anglophone (Afrique du Sud, Kenya, Nigeria, Ghana).
- Partenaires depuis plus de vingt ans, le chinois Cosco Shipping Lines (transport de conteneurs et services maritimes), et le français Bolloré Transport & Logistics ont signé un accord stratégique pour intensifier les flux internationaux, notamment sur le continent africain.
- L’Égypte a émis des euro-obligations (eurobonds) de 3,5 Md€ (4 Md$) afin de financer son déficit budgétaire. Elles ont été souscrites plus de cinq fois. L’État égyptien envisage de revenir sur le marché international de la dette avant la fin de l’exercice fiscal 2018-2019, qui sera clos en juin prochain, pour émettre des euro-obligations dans une devise autre que le dollar américain.
- En Tanzanie, Finnfund, l’institution finlandaise en charge du financement du développement, investit 2,5 M€ (2,8 M$) dans le capital d’Africado, un producteur et exportateur d’avocats, pour lui permettre d’étendre ses plantations et de se diversifier dans d’autres cultures telles que les noix.
Bonne fin de semaine et à mardi prochain.
Une information à nous soumettre pour ce Bulletin Afrique ? Écrivez-nous à : stephanie.roux@cfnews.net
Retrouver les autres Chroniques de CFNEWS :
- Tous les précédents bulletins Afrique
- Tous les bulletins Amérique Latine
- Tous les bulletins Asie
- Aussi sur Facebook , Twitter , Google+ et LinkedIn