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Afrique #126 : SAPA, Aera Group, Nuru, Diamantis & Partners...


| 2600 mots
La Société Africaine de Participation Agricole (SAPA) ambitionne de faire bouger les idées reçues sur l'Afrique orientale et australe. - © arrowsmith2/Shutterstock

La Société Africaine de Participation Agricole (SAPA) ambitionne de faire bouger les idées reçues sur l'Afrique orientale et australe. - © arrowsmith2/Shutterstock

Nouveau véhicule d’investissement - Agroalimentaire : SAPA / Cobasa (Afrique de l’Est et australe / Europe / France)

Henri de Villeneuve, Cobasa

Henri de Villeneuve, Cobasa

L’importance vitale du secteur agroalimentaire en Afrique, parfois qualifié de « nouveau relais de croissance », n’est plus à démontrer. C’est une initiative originale que vient de lancer Henri de Villeneuve, le fondateur et directeur de la société de conseil sud-africaine Cobasa, spécialisée dans les investissements et le montage de projets en Afrique orientale et australe. Convaincu des énormes opportunités représentées par le secteur agroalimentaire dans cette région, il s’est attelé à la constitution d’un nouveau véhicule financier, la Société Africaine de Participation Agricole (SAPA), actuellement en cours de structuration, et qui devrait voir officiellement le jour dans les mois à venir. Ciblant une enveloppe de 100 M€, SAPA a vocation à proposer aux acteurs européens de l’agroalimentaire une porte d’entrée sûre vers ces marchés encore délaissés, de leur permettre non seulement de créer de la valeur, mais aussi et surtout - explique Henri de Villeneuve - « d’apprendre l’Afrique progressivement, de trouver des points d’appuis », afin de tirer pleinement profit du potentiel de cette région sur le long terme. Force est en effet de constater la frilosité des acteurs agroalimentaires européens et surtout français en Afrique de l’Est et australe. L’Afrique francophone reste privilégiée en raison de liens historiques forts, ainsi qu’une relative méconnaissance du reste du continent et de l’importante concurrence existante sur un nombre limité d’actifs de qualité dans ces pays, susceptible de déboucher in fine sur des investissements coûteux.

Or, les huit pays ciblés par SAPA (Afrique du Sud, Angola, Zambie, Zimbabwe, Éthiopie, Kenya, Ouganda, Mozambique), qui font partie de la zone de libre-échange tripartite Africaine (TFTA), ainsi que de la zone de libre-échange continentale Africaine (AfCFTA), présentent bien des atouts, à commencer par de fortes perspectives de croissance. Selon le fondateur de Cobasa, toutes les entreprises identifiées comme de potentielles cibles « ont performées pendant la crise du covid et ne demandent qu’à croître », une résilience exceptionnelle qui a su rassurer l’équipe du véhicule en cours de constitution. Celle-ci comprendra environ neuf personnes, réparties entre Paris et Johannesbourg, et englobera à la fois des financiers, des spécialistes de l’agro-alimentaire et des entrepreneurs expérimentés. La mixité des profils répond au souci de devenir de vrais partenaires stratégiques pour les entreprises : « pas juste des financiers », mais des investisseurs capables d’apporter « de la technologie, du transfert d’expertise, des accès au marché », poursuit Henri de Villeneuve. SAPA se différenciera en effet des fonds de private equity classiques par une structure ouverte et une vision de gestion à long terme, avec une sortie déterminée par l'évaluation de la maturité des actifs.

L’équipe du nouveau véhicule espère par ailleurs convaincre qu’il n’existe pas de « bons et mauvais pays », mais seulement des « bons ou mauvais projets ». En proposant des approches très pragmatiques et micro-économiques, les collaborateurs de SAPA chercheront à déconstruire les a priori sur certains États d’Afrique orientale et australe. En ce qui concerne le profil des investisseurs, ils se montreront « très ouverts », souhaitant accueillir à la fois des entreprises européennes actives dans l’agrobusiness et des groupes coopératifs, que des investisseurs d’impact et des institutions financières de développement comme Proparco, la BPI ou la BEI. Sur le plan sectoriel, le véhicule délaissera les grandes culture de rente (thé, café, huile de palme, sucre…), à la chaîne de valeur trop longue pour être suffisamment lisible, au profit d’acteurs dits  « from farm to fork »  de la ferme à la table »), le rapprochement entre producteurs et consommateurs offrant un meilleur contrôle aux investisseurs. Il s’intéressera aussi bien à la production animale (industrie de la volaille, du bœuf, produits laitiers et œufs), qu’à la production végétale (horticulture, filière fruits et légumes), en passant par l’aquaculture, les intrants, équipements et semences. SAPA dispose d’ores et déjà d’un portefeuille prévisionnel de 267,3 M€ de projets confirmés, au sein des huit pays ciblés. Visant un portefeuille de dix ou douze sociétés, il prendra des tickets d’investissement compris entre 5 et 12 M€.

 

Infrastructures - Environnement : Aera Group / Arise IS (Afrique / France / Nigeria / Singapour)

Ferme éolienne au Maroc - © Aera Group UNE

Ferme éolienne au Maroc - © Aera Group UNE

Nouvelle avancée en matière de comblement du déficit infrastructurel de l’Afrique et faveur d’un développement économique responsable. Aera Group, société française de trading dédiée aux certificats environnementaux en Afrique, accueille Arise Infrastructure Services (Arise IS), développeur et opérateur panafricain d’infrastructures, en tant qu’actionnaire minoritaire. La joint-venture de l’Africa Finance Corporation (AFC) et d’Olam International vient d’acquérir une participation de 35 % du capital, pour une valorisation de 28,5 M€ (voir fiche opération sur CFNEWS). Fabrice Le Saché et Aurélie Lepage, qui ont fondé l’entreprise en 2015 et la co-dirigent depuis lors, conserveront le solde. Touchant 6,4 millions de personnes dans quatorze pays, le groupe basé à Paris a engrangé 5,9 M€ de revenus l’an dernier avec douze collaborateurs. Cette transaction contribuera à la réalisation de ses objectifs, à savoir l'acquisition de 50 MT d'équivalent de réductions d’émissions CO2 en Afrique en 2021. Cela lui permettra de consolider son portefeuille de certificats environnementaux, le plus important du continent à ce jour, avec trente-neuf projets contractés dans seize pays (qui vont d’une centrale solaire au Sénégal, à un programme de fours améliorés en Guinée en passant par un barrage hydroélectrique en Côte d’Ivoire). L'entreprise compte également sur ce financement pour étendre ses lignes de trading afin de couvrir de nouveaux produits (certificats de production d'énergie renouvelable, de protection de la biodiversité et de gestion de l’eau). Quant à Arise IS, qui vise la neutralisation des émissions de carbone dans ses projets, cet investissement l’aidera à s’assurer que toutes ses activités atteignent la neutralité carbone et aient un impact positif sur le climat, en certifiant et en monétisant les actifs environnementaux de ses partenaires africains.

 

EnR : Nuru / Proparco (RDC / France)

Les solutions off-grid hybrides de Nuru fournissent une électricité à 84 % d’origine renouvelable à des tarifs par kWh entre entre 30 et 50 % moins chers que le coût moyen des générateurs diesels dans la région. - © Nuru

Les solutions off-grid hybrides de Nuru fournissent une électricité à 84 % d’origine renouvelable à des tarifs par kWh entre entre 30 et 50 % moins chers que le coût moyen des générateurs diesels dans la région. - © Nuru

Le développeur d’off-grids solaires hybrides Nuru (ex Kivu Green Energy), basé à Goma en République démocratique du Congo (RDC), va poursuivre le déploiement de ses solutions dans plusieurs provinces du pays, grâce à l’investissement de 1 M€ que vient de lui octroyer Proparco (voir fiche opération sur CFNEWS). Ambitionnant de fournir un accès fiable à l’électricité et bon marché à cinq millions de personnes, d’ici à 2024, dans les provinces du Nord-Kivu, de la Maniema, de l’Ituri, de la Haute Uélé et dans le Kasaï, Nuru a déjà mis en service une centrale solaire hybride de 1,35 MW à Goma, qui constitue l’une des plus importantes installations de production d’électricité hors réseau du continent. Selon la filiale de l’Agence Française de Développement (AFD), ce nouvel apport bénéficiera non seulement à 330 000 personnes (tout en évitant les émissions de 500 000 tonnes de CO2 au cours des vingt prochaines années), mais contribuera également à soutenir la transition énergétique de la RDC, et en particulier l’initiative SE4ALL (Sustainable Energy for All) des Nations unies, qui vise à assurer l’accès universel à des services énergétiques modernes, et à doubler la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique d’ici à 2030. Depuis son lancement en 2015, sous la houlette de Jonathan Shaw et Archip Lobo, l’entreprise congolaise a déjà obtenu des fonds de nombreux partenaires techniques et financiers, en particulier les fournisseurs d’off-grids Energy Peace Partners, Solarcentury, PowerGen Renewable Energy, Energy Access Ventures (EAV), Electrification Financing Initiative (ElectriFI) de l’UE, sans oublier Gaia Impact Fund, un fonds d’investissement français consacré aux entrepreneurs du secteur des énergies renouvelables (relire bulletin #96).

 

Logiciel & services informatiques : Softavera / Leader Solution Tactile / Groupe Aures (France / Tunisie)

© Softavera

© Softavera

Le groupe français Aures, constructeur informatique coté de solutions matérielles pour le commerce, rachète son compatriote Softavera, dont il utilisait les services et ceux de sa filiale tunisienne nommée Leader Solution Tactile (LST), afin d’étoffer ses compétences en développement informatique. Le fondateur Abdelkarim Friaa demeure opérationnel. La cible réalise un chiffre d’affaires de 2 M€ d’environ avec une soixantaine de collaborateurs, en comptant son antenne tunisienne (pour plus de détails, lire l’article Aures se déploie sur CFNEWS).

 

Nouveau cabinet d’avocats : Diamantis & Partners (Afrique / pays émergents / France)

Eric Diamantis, Diamantis & Partners

Eric Diamantis, Diamantis & Partners

Ce début d’année vient de voir la naissance d’un nouveau cabinet d’avocats d’affaires basé dans le huitième arrondissement parisien, dédié aux projets d’énergie et d’infrastructure dans le monde entier, avec un accent sur les marchés émergents en général et l’Afrique en particulier : Diamantis & Partners. À sa tête, Eric Diamantis, qui peut revendiquer plus d’un quart de siècle d’expérience sur le continent, ainsi qu’une expertise reconnue dans le développement de projets, la gestion des risques, le conseil en M&A et l’accompagnement des sociétés de projets ainsi que des promoteurs, gouvernements, bailleurs et autres acteurs de projets pétroliers et gaziers. Associé chez Clyde & Co, il a quitté le bureau français du cabinet aux côtés de Jemal Taleb, Pierre Ferroud et Julien Barba, avec lesquels il exerçait de longue date, puisqu’ils travaillaient déjà de concert au sein de Watson Farley and Williams, avant de rejoindre Clyde & Co en 2014. Le nouveau cabinet reprendra leurs actuels clients, comme Samih Jammal, homme d’affaires libanais et co-accusé de Vital Kamerhe en RDC (ancien  directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi). Eric Besson, ancien ministre français et président de Sicpa au Maroc, a été sollicité en tant que senior advisor. L’équipe interviendra sur le continent africain dans les secteurs pétrolier, gazier et minier, ainsi que dans ceux des énergies renouvelables, des infrastructures, des arbitrages et des fusions-acquisitions.

 

Bourse - Industrie minière : African Gold Acquisition Corp (Afrique du Sud / États-Unis)

Mine d'or de Koupéla au Burkina Faso.

Mine d'or de Koupéla au Burkina Faso.

Le promoteur minier sud-africain Rob Hersov vient de remporter un franc succès sur la Bourse de New York. Ayant lancé une entité spéciale d'acquisition (SPAC) baptisée African Gold Acquisition Corp, il est parvenu à mobiliser 302 M€ (360 M$) dans le cadre de l’offre publique initiale, suivie de l’IPO, alors qu’il ne visait qu’une levée de fonds de 252 M€ (300 M$). Il s’agit de la première entité de ce genre dédiée aux actifs miniers africains. Ce SPAC a effet pour objectif d’acquérir des actifs du secteur aurifère sur le continent. Le montant levé témoigne d’une part de l’attrait du modèle des SPAC pour les investisseurs, et d’autre part pour les secteurs considérés comme sûrs. Les managers d'African Gold Acquisition Corp s’attendent ainsi à une croissance de la demande pour le métal jaune dans les années à venir -avis partagé par de nombreux experts- en lien avec la difficulté des gouvernements à financer le déficit provoqué par les niveaux records de dette mondiale. Un projet similaire avait vu le jour l’an dernier au Ghana, avec Agyapa Royalties, un fonds chargé de collecter les redevances minières; présenté par les autorités ghanéennes comme un moyen de soutenir l’investissement dans le secteur minier sans recourir à la dette, il avait engendré une levée de boucliers de la part de la société civile et de l’opposition politique, qui dénonçaient des malversations au niveau de sa mise en place et de son entrée en Bourse, pointant par exemple du doigt sa domiciliation dans l’île de Jersey, un paradis fiscal notoire.

 

Ouvrage :  LeadHERs : Leçons de vie des femmes africaines (Facebook)

LeadHERs : Leçons de vie des femmes africaines (Facebook)

LeadHERs : Leçons de vie des femmes africaines (Facebook)

À l’occasion de la commémoration internationale du mois de la femme, Facebook publie LeadHERs : Leçons de vie des femmes africaines, un recueil mettant en lumière dix-neuf femmes leaders, dans des domaines aussi variés que les affaires, les médias, le divertissement, la politique ou encore l'éducation. Selon Nunu Ntshingila, directrice régionale Afrique chez Facebook, les femmes africaines jouent un rôle déterminant dans la construction de l’avenir du continent : « Mères, activistes, entrepreneures ou PDG, elles sont les artisans du changement. Ce livre célèbre quelques-unes des femmes africaines exceptionnelles qui sont des pionnières, motivent, inspirent et plaident pour un monde meilleur. » Visant à encourager, inspirer et guider les lecteurs (et surtout lectrices), l’ouvrage délivre des enseignements sur la manière dont ces femmes ont réussi à surmonter défis et obstacles. Parmi les leaders évoquées figurent par exemple l'entrepreneuse Temi Giwa-Tubosun, fondatrice de LifeBank (ex One Percent Project), une entreprise qui vise à améliorer l'accès aux transfusions sanguines au Nigeria, la zambienne Lelemba Phiri, entrepreneure (principal au sein de l’Africa Trust Group), investisseuse et éducatrice, ou encore la sud-africaine Baratang Miya, P-dg de GirlHype.

 

Événement :

  • 11 mars (11h) : troisième épisode de « VivaTech - Tour Discovering the African tech ecosystem », en prélude à l'édition 2021 de VivaTech, du 16 au 19 juin prochains. La conférence en ligne inclura une présentation par Claudia Makadristo (regional manager chez Seedstars) et Yassine Oussaifi (partner chez AfricInvest) des tendances du marché en Afrique, un focus sur quelques start-up africaines prometteuses, ainsi que des démonstrations et discours concernant des innovations technologiques sur le continent.

 

Et aussi...

 

  • Dans le cadre de la troisième phase du Mécanisme de financement de l'économie verte (GEFF), initié par le Fonds vert pour le climat (GCF), la BERD va allouer 418 M€ (497 M$) aux PME de dix pays dont trois États africains (Maroc, Égypte et Tunisie).
  • Le groupe financier kényan coté sur la Bourse de Nairobi, Equity Group, obtient une facilité de crédit à long terme équivalent à 127 M€ auprès de la Banque Européenne d'Investissement (BEI). S'étendant sur une période de cinq ans, elle lui permettra de soutenir des PME kényanes impactées par la crise, notamment dans le secteur agricole.
  • Trois semaines après le passage du président Ismaël Omar Guelleh à l'Élysée, l'AFD octroie une subvention de 12 M€ pour financer l'extension du réseau d'assainissement de la capitale de Djibouti.
  • La société tricolore Euro Resources va finaner à hauteur de 6 M€ (7,15 M$) l'exploration d'argent du projet argentifère Bomboré, détenu par le canadien Orezone Gold, en échange de la moitié de la production potentielle d'argent sur toute la durée de vie de la mine, dans le cadre d'un financement en flux ou streaming facility.
  • Au Gabon, la France s'apprête à financer la réhabilitation de six écoles conventionnées, installées à Libreville, Port-Gentil et Franceville.
  • Le distributeur gabonais Ceca-Gadis scelle un partenariat stratégique avec le géant français Intermarché pour renforcer son offre de produits de qualité à moindre coût.

Bonne fin de semaine et à mardi prochain !

 

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