Services financiers : Moneyfellows / Partech Africa / Sawari Ventures (Égypte / France)
Partech Africa et son confrère égyptien Sawari Venturesviennent d’injecter 3,6 M€ (4 M$) en série A au sein d’une plateforme d’épargne et de crédit aux particuliers basée au Caire, MoneyFellows (voir fiche opération avec tous les conseils sur CFNEWS). Fondée en 2016 par Ahmed Wadi, elle aide ses utilisateurs à planifier et gérer efficacement leur budget et atteindre leurs objectifs financiers, grâce à des outils tels que la digitalisation des cercles d’épargne collectifs (gam'eyas dans le monde arabe, ou « tontines » en Afrique occidentale et centrale) et les prêts directs. La fintech, qui emploie 62 salariés et dispose également d’un bureau à Londres, utilisera cet apport pour financer son extension dans d’autres pays du continent et lancer de nouveaux services financiers au profit des plus de 150 000 particuliers constituant sa clientèle. Au cours des trois dernières années, elle a levé au total plus de 5,3 M€ (6 M$). Il s’agit de la dixième société à rejoindre le portefeuille de Partech Africa, le plus grand fonds dédié aux start-up tech africaines, qui a réalisé début 2019 son closing final à 125 M€.
EnR : Nuru / Gaia Impact Fund (RDC / France)
Le fournisseur congolais d’off-grids solaires hybrides Nuru (ex Kivu Green Energy)accueille à son capital le fonds français Gaia Impact Fund, qui se consacre aux entrepreneurs d’énergies renouvelables. Ni le montant ni le pourcentage de la prise de participation - qualifiée d’« importante » n’ont été divulgués (voir fiche opération sur CFNEWS). Cet investissement devrait contribuer à octroyer l’accès à l’électricité à cinq millions de personnes dans les quatre prochaines années en République démocratique du Congo (RDC). Avec 19 % seulement de la population en bénéficiant actuellement, le pays possède l’un des plus faibles faibles taux d’électrification du continent. Comme le souligne Guilhem Dupuy, directeur des investissements de Gaia Impact Fund, les mini-réseaux représentent paradoxalement un segment largement sous-financé des marchés à l’énergie, alors qu’ils ont un rôle croissant à jouer en tant que solution la moins coûteuse dans le futur mix électrique des pays comme la RDC, à l’environnement complexe et instable. Bénéficiant du soutien de plusieurs partenaires, notamment Energy Peace Partners, Solarcentury, PowerGen Renewable Energy, Energy Access Ventures (EAV) ou encore Electrification Financing Initiative (ElectriFI), un fonds d’investissement géré par l’UE, Nuru a été lancé en 2015, et son mini-grid d’une capacité de 1,3 MWc a été inauguré en février dernier. Installé à Goma, une ville de la province du Nord-Kivu, il est composé de 4 000 panneaux solaires et complété par un système de stockage d’électricité par batteries, ainsi que des générateurs de secours qui permettent de fournir de l’électricité de façon continue après le coucher du soleil.
EnR : d.light / Solar Frontier Capital (Kenya / Royaume-Uni / États-Unis)
L’énergéticien solaire kényan d.light va bénéficier de 56 M€ (65 M$) en monnaie locale pour accélérer ses opérations de distribution de kits solaires au Kenya. Ce financement a été mis en place par le véhicule à impact Solar Frontier Capital (SFC) - géré par le londonien African Frontier Capital - avec l’appui de partenaires américains, par l’intermédiaire d’une plateforme dédiée, Brighter Life Kenya 1, qui permettra à la jeune pousse d’acquérir des créances sur les systèmes solaires domestiques distribués, et de disposer ainsi d’un fonds de roulement flexible pour financer durablement sa croissance. La Société américaine de financement du développement international (DFC), une entité issue de la fusion de la Development Credit Authority (DCA) et de l’Overseas Private Investment Corporation (OPIC), a participé à la mise en place de mécanisme de financement. L’an dernier, la société créée en 2007 par Sam Goldman et Ned Tozun avait collecté environ 36 M€ (41 M$) auprès d’un groupe d’investisseurs mené par le sud-africain Inspired Evolution(relire bulletin #33 sur CFNEWS).
Focus : le point sur la pandémie en Afrique
On constate en Afrique une augmentation exponentielle du nombre d’infections et de décès liées au coronavirus depuis un mois : 316 150 cas confirmés à ce jour et 8 342 décès (contre respectivement 88 000 et 2 800 à la mi-mai selon le bulletin #92). Plus aucun pays du continent n’échappe à la pandémie, l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Nigeria, le Ghana, et l’Algérie étant les plus touchés.
La solidarité internationale et les initiatives hors d’Afrique
Le FMI octroie un prêt de 131 M€ (148 M$) à la Guinée pour financer les mesures sanitaires, sociales et économiques de lutte contre la pandémie.
L’Afrique du Sud reçoit un prêt d’urgence de 886 M€ (1 Md$) de la part de la New Development Bank (NDB), institution de financement du groupe des cinq nations émergentes (Brésil-Russie-Inde-Chine-Afrique du Sud), afin de favoriser la relance de la machine économique du pays qui tourne au ralenti depuis que la pandémie s’est ajoutée aux difficultés qui avaient déjà fait entrer le pays en récession.
Au niveau européen, c’est l’Éthiopie qui bénéficiera d’un appui financier de 487 M€ de l’UE, dans le cadre du programme Team Europe visant à aider les pays hors de l’UE à faire face à la covid-19.
L’Agence Française de Développement (AFD)accorde 15 M€ à l’Égypte pour lui permettre d’acquérir du matériel médical et des équipements de protection.
Dans ce contexte de crise économique, l’Agence américaine pour le développement international (USAID) décaisse 8,9 M€ (10 M$) au profit du Zimbabwe afin de permettre à 100 000 personnes de satisfaire leurs besoins alimentaires quotidiens.
Dans un autre registre, la BBC s’apprête à lancer une plateforme de lutte contre la désinformation sur la covid-19 et ses effets sur le continent, dans l’optique de déconstruire les différentes croyances populaires sur la maladie.
Exemples d’initiatives mêlant des acteurs internationaux et locaux
Confrontée aux besoins urgents de matériels médicaux de nombreux pays du continent, l’Union Africaine (UA) va mettre en place une plateforme d’approvisionnement en ligne auprès des fournisseurs de Chine, qui sera gérée par Afreximbank en collaboration avec Eximbank of China.
Sur l’ensemble du continent, le géant Coca-Cola, ses partenaires embouteilleurs et la Fondation Coca-Cola mobilisent 15 M€ (17 M$) pour prévenir la propagation du virus et contribuer au redressement des économies locales. 11,5 M€ (13 M$) seront versés directement aux pays concernés pendant les différentes phases de la pandémie, le reste étant octroyé à des ONG internationales et locales, comme la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et Amref Health, pour acheter et distribuer des équipements de protection individuelle (EPI), répondre aux besoins vitaux des intervenants de première ligne et financer des ambulances de soins intensifs à Maurice et à Madagascar.
L’allemand Redavia, qui fournit des solutions d’énergie solaire rentables, fiables et propres, vient de signer quatre nouveaux baux de résilience covid-19 au Ghana et au Kenya, afin de permettre aux entreprises concernées de louer gratuitement des centrales solaires pendant six mois afin de pouvoir résister à la crise.
Au Gabon, Bolloré Transport & Logisticset Owendo Container Terminal (OCT) ont remis à la mairie centrale d’Owendo un don en kits sanitaires, comprenant entre autres dix fontaines d’eau de 80 litres chacune et de savon liquide, qui seront redistribués aux chefs d’établissements scolaires dans l’optique de la reprise prochaine des cours.
Les actions aux niveaux régional et national
La BCEAO entend mettre en place rapidement un plan de sauvetage dans le secteur bancaire, notamment vis-à-vis des établissements de crédit.
En RDC, les autorités renforcent les mesures en vue de limiter la propagation de la covid-19 dans les provinces minières, notamment en imposant un confinement de 48h destiné à permettre aux agents sanitaires de dépister la population et d’isoler les cas positifs, alors qu’il n’existe qu’un seul laboratoire de dépistage pour 84 millions de personnes.
Au Mali, le groupe FAMIB a lancé l’Africa Virtual Hospital, une plateforme de services médicaux diversifiés, allant des tests à la gestion des dossiers médicaux, qui est appelée à durer au-delà de la pandémie.
Services financiers : Chipper Cash / Deciens Capital / Raptor Group (Afrique / États-Unis)
Chipper Cash, une entreprise de transfert d’argent établie à San Francisco et présente dans sept pays africains (Ghana, Ouganda, Kenya, Tanzanie, Rwanda, Nigeria, Afrique du Sud), lève 12,2 M€ (13,8 M$) lors d’un tour de série A mené par les américains Deciens Capital et Raptor Group, deux de ses ses actionnaires de référence. Les autres participants au tour de table comprennent One Way Ventures, 500 Startups et Liquid 2 Ventures, tous trois également basés aux États-Unis. Depuis sa création en 2018 par l’Ougandais Ham Serunjogi et le Ghanéen Maijid Moujaled, la société a réuni près de 19,5 M€ (22 M$). Revendiquant plus d’un million d’utilisateurs, elle compte recruter jusqu’à trente personnes à Lagos, Nairobi, Londres, San Francisco et New York.
Nouveau fonds : Ethos Private Equity / Ninety One (Afrique du Sud)
Les firmes de private equity sud-africaines Ethos Private Equity et Ninety One (ex Investec Asset Management)lancent un fonds commun ciblant une enveloppe de 514 M€ (10 MdZAR) afin de soutenir la préservation des capacités de production des entreprises de la nation arc-en-ciel, et de dégager des plus-values intéressantes, dans un contexte de récession estimée à 10 % au terme de l’exercice en cours. Elles feront appel à des investisseurs institutionnels, à commencer par la Public Investment Corporation, l'entité qui gère le fonds des retraités de la fonction publique sud-africaine, ou encore Forty Two Point Two, un véhicule d'investissement géré par la firme mauricienne Marathon Trus. Leclosing final de Ninety One SA Recovery Fund devrait avoir lieu en octobre, après un closing intermédiaire en juillet. Le cabinet panafricain ENSafrica, accompagnera l’équipe juridique de Ninety One, chargé de la création et de la gestion du véhicule.
Étude : Rapport d’impact du capital-investissement au Maroc (AMIC)
Selon le « Rapport d’impact du capital-investissement au Maroc » pour l’exercice 2019 de l’Association Marocaine des Investisseurs en Capital (AMIC), réalisé en collaboration avec le cabinet Grant Thornton, le taux de croissance annuel moyen du chiffre d’affaires et des effectifs dans lesquelles les fonds de private equity ont investi est de 15 %. L’étude mesure plus largement la contribution du capital-investissement marocain en termes d'enjeux Environnementaux, Sociaux et de bonne Gouvernance (ESG). Elle révèle ainsi que près de 100 % des sociétés investies mettent en place des outils de communication et de transparence financière ; plus de la moitié d’entre elles mènent une politique ESG formalisée, et la part des effectifs féminins a progressé de sept points entre 2017 et 2019 pour se situer à 30 %. Du fait du contexte pandémique, plusieurs décisions d’investissement et de désinvestissement ont été décalés à 2021. En revanche, l’AMIC ne prévoit pas de changement de préférence sectorielle des investisseurs : la majorité des fonds généralistes au Maroc n’investissent pas dans l’immobilier et dans le tourisme, les deux secteurs les plus touchés actuellement par la crise, mais cherchent en général une diversification sectorielle. Le secteur des énergies renouvelables pourrait être ajouté au périmètre d’investissement habituel.
Événements :
- 25 juin (13h), 9 juillet, 23 juillet et 6 août : conférences de presse en ligne de l’OMS organisées par APO Group, leader panafricain basé en Suisse de la communication et du conseil aux entreprises, avec la traduction simultanée et la diffusion en direct sur plus de 300 sites d'actualités liés à l'Afrique, ainsi que sur l'application mobile Google News. Ces points de presse fourniront toutes les dernières nouvelles sur les épidémies Ebola et covid-19 en Afrique et donneront aux journalistes la possibilité de poser des questions à certains des plus grands experts mondiaux de la santé.
- 25 juin (15h) : webinaire sur le financement des PME dans le contexte de la covid-19, organisé par Making Finance Work for Africa (MFW4A), un partenariat hébergé par la Banque Africaine de Développement (BAD). Il vise à permettre à des acteurs du financement des PME - parmi lesquels une institution financière, un gestionnaire de fonds, une fintech et une PME du continent - d’échanger sur leurs défis actuels et leurs succès dans l'intensification du financement en faveur des PME, et des opportunités pour les innovations numériques dans ce contexte pandémique.
- 30 juin (15h) : webinaire sur l'avenir de l'industrie sénégalaise des hydrocarbures et ses opportunités d'investissement, présenté par la Chambre africaine de l'énergie en collaboration avec Africa Oil & Power.
Et aussi...
- L'Agence Française de Développement (AFD) alloue à l’Égypte des prêts et subventions d’un montant global de 148 M€ (2,7 MdEGP) destinés au Programme de support budgétaire du secteur énergétique, afin de soutenir le développement du secteur de l’électricité dans le pays.
- Après L'Afrique Excelle en 2018-2019, l'adaptation francophone de l'accélérateur technologique XL Africa de la Banque mondiale, l’ONG Suguba lance Afrikhaliss, en partenariat avec l’AFD et l’ONG américaine Mercy Corps. Ce deuxième programme d'accélération à l’investissement de six mois a vocation à soutenir les huit start-up les plus prometteuses dans le secteur numérique en Afrique de l'Ouest francophone.
- L’AFDvient de signer des accords de financement de plusieurs projets au Sénégal, dont 1,3 M€ au profit de la dépollution de la baie de Hann située à l’est de Dakar. La réalisation des travaux relatifs à ce projet d’assainissement a été confiée à l’allemand Ludwig Pfeiffer.
- L’École des Hautes Études Commerciales de Paris (HEC Paris) lance un programme visant le regroupement des entrepreneurs, scientifiques, mentors et investisseurs en vue de « faciliter la réussite de solutions évolutives à fort impact destinées à relever les défis du changement climatique ». Baptisé CDL Climate (Creative Destruction Lab Climate), il concerne l’Europe et l’Afrique.
- Le Nasdaq intègre la Banque Africaine de Développement (BAD) à son Réseau d’obligations durables du Nasdaq (NSBN), une plateforme internationale conçue pour améliorer la transparence du marché des obligations durables et vertes à impact social. Parmi les dix obligations de la BAD ajoutées à la plateforme figure celle lancée en mars 2020 pour atténuer l’impact de la covid-19 en Afrique, qui constitue la plus importante émission obligataire sociale libellée en dollars américains.
- En Guinée, la BAD octroie 2,8 M€ (3,2 M$) au gouvernement pour financer trois nouveaux projets de développement dans la numérisation, les énergies vertes et l’appui à la compétitivité de la chaîne de valeur du miel.
- Janngo, startup studio à impact social basé à Abidjan, s’allie à la Fondation de Jack Ma, fondateur d'Alibaba, afin d’identifier, de sélectionner et de financer les meilleurs entrepreneurs du continent, dans le cadre du concours Africa Netpreneur Prize Initiative.
- La directrice générale de l’Association Marocaine des Investisseurs en Capital (AMIC), Michelle Kathryn Essomé, va quitter son poste. Ni sa destination ni son remplaçant ne sont connus à ce jour.
- Quantum Foods Holdings, une société cotée sur la Bourse de Johannesburg et spécialisée dans l’élevage de volaille et la production d’aliments pour animaux, fait évoluer son actionnariat avec la cession par le fonds sud-africain Zeder Investments de la totalité de sa participation (32,1 %) au profit de son compatriote Country Bird Holdings, pour un montant de 15,9 M€ (18 M$).
Bonne fin de semaine et à mardi prochain.
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