L'année 2009 ne sera pas un millésime comme les autres. Ce sera l'année charnière, celle où toutes les règles qui s'appliquaient avant la crise financière, ont disparu. Celle où les fonds d'investissement, pourtant devenus les acteurs les plus actifs du marché des M&A ont connu leur premier revers et parfois sévèrement. Celle où les grands groupes ont du faire des économies, réaliser si c'était possible des augmentations de capital et se replier sur leur core business. Celle où pour les PME, il fallut tenir bon et pour certaines recourir aux nouveaux fonds publics et notamment le FSI qui est venu à point nommer s'inviter dans le capital de belles sociétés françaises. Pour d'autres, l'année aura permis de conquérir de nouveaux marchés souvent via la reprise de sociétés étrangères. Aussi, cette année aura t-elle aussi permis à des fleurons français, comme Essilor, Sanofi, Publicis de réaliser de belles conquêtes, sûrement jamais imaginables sans cette crise. Les très gros deals, assuremment, ont pris du plomb dans l'aile, faute de moyens et excepté Areva T&D en France, très peu d'acquisitions d'importance ont eu lieu. Mais, ce phénomène est mondial, conséquence de la disparition de son principal moteur, la dette bancaire. Les fonds, dont le rôle dans les très gros deals était devenu habituel ont dû se faire tout petits, excepté le repreneur de Monier, Apollo Management, fonds de 38 Md$ qui s'apprête à se coter à New York (voir Enquete CFnews ci-dessous).
Une année de rupture pour le non-coté
Pour les acteurs du private equity traditionnels, l'année sera assurément une année de transition. Leur modèle de financement ayant explosé, il faut faire autrement et peu à peu cela fait son chemin même si au final, peu de deals auront été conclus cette année. De surcroît, la plupart des banques ont annoncé se retirer du non coté (Natixis, Allianz, SG, Barclays?) et il faut réinventer là aussi les modèles et surtout trouver de nouveaux sponsors. Or, beaucoup d'entre eux se retirent ou investissent moins. L'année 2010, où plusieurs fonds doivent relever de l'argent pour poursuivre leur activité risque d'être pour certains décevantes - et sera en tous cas cruciale.
Départs et revirements
Et on l'a vu 2009 a déjà vu beaucoup de figures du LBO quitter leur structure à l'instar de Caroline Rémus (Ixen), René Maury (CDC), Christopher Spencer (Sagard), Thierry Degroote (Capzanine), Olivier Dousset (LBO France), Eric Neuplanche (Axa PE)... Chacun pour des raisons diverses bien sûr mais ce remue-ménage souligne aussi la nouvelle ère dans laquelle entrent les fonds d'investissement. Se remettre en cause, agir autrement, mais rester rivé sur ce qu'ils apportent aux sociétés, financement et expertise pour leur développement, telle devra être l'objectif 2010. Nous suivrons toute cette actualité avec tout l'intérêt qu'elle mérite, en nous efforçant nous-mêmes d'apporter à nos lecteurs toujours plus de contenu et de nouveautés. Bonne année à tous.
Lire aussi : notre enquête sur les deals 2009 - 116 deals de plus de 50 M€ (31/12/2009)