Bonjour les Pigeons, faucons, dindons et fonds,
Bravo à ces mouvements d’entrepreneurs qui se battent encore pour refuser de vivre dans une "France désenchantée" comme l'a dit Jean d'Ormesson dans une récente Tribune au Figaro. Ils ont été reçus à Bercy. Cahuzac a déclaré dans Le Monde qu’il n’imaginait pas qu’une telle mesure serait si mal comprise (on croit rêver) Moscovici a dit qu’il les aimait lui... Pour l’instant, l’affaire est entendue : tous les actionnaires "significatifs" d'une entreprise avec un seuil de détention qui devrait être au minimum de 10 % ou 15 % resteront soumis au régime actuel du prélèvement forfaitaire libératoire de 19 %. Ouf mais...et les autres ? Quid des baby business angels ? Ceux qui ont mis leur argent propre (quelques milliers d'euros parfois pour le seed, l'amorçage, ce qui permet de démarrer, rêver et peut être créer des emplois demain) au début de l’aventure, ceux qui ont pris tous les risques, ceux qui ensuite se sont fait diluer au fur et à mesure des tours de financements ? Pour ceux là, alors l’affaire est aussi entendue : niet, ils ne feront jamais de plus-values. L'Etat leur prendra tout. Ceux là ne sont donc pas Pigeon mais.. Dindon !
Interrogé aussi sur les plus-values des fonds d'investissement (le carried interest, celui qui sanctionne la prise de risque) , Pierre Moscovici a "entendu la difficulté que peut poser la taxation". Sans plus de détail. Mais comprend-il juste de quoi on parle. Que les fonds ont du mal déjà à séduire les LPs, que les fonds contribuent à la croissance de l'économie. L’Afic le martèle dans ses bilans réguliers, statistiques à l'appui, mais là l'Afic se rend compte du danger imminent qui menace son industrie en France. Car après tout un fonds peut facilement être basé à Londres et investir en France...voire en Belgique, vous savez..). Il y a urgence.
Hélas, quel que soit la sortie de ce mouvement, le mal est fait. Il en restera pour le monde du capital investissement un gout amer. Celui d’une suspicion vis-à-vis de l’entrepreneur, du créateur, du manager, de l'investisseur, bref les partenaires indispensables et indissociables du lancement et de la réussite d'une société.
Dans notre nouveau monde, celui du changement qui est maintenant, celui qui dépasse, celui qui tente, celui qui se distingue est coupable (ennemi du peuple-poison mental !).
Oui il faut changer d’air, oui il faut respirer, oui nos enfants partirons.
Nous sommes le seul pays en Europe où le gouvernement ne veut pas diminuer la dépense publique. Je le répète : ils ne veulent pas diminuer la dépense publique ! Donc il faut trouver de l’argent pour la financer. C’est simple et le coup de semonce sur les plus-values- oui on le dit ici elles sont légitimes car sinon qui veut prendre le risque de placer son argent en dehors de l'immobilier, des oeuvres d'art pour les plus riches ou du livret A?- montre que ça ne va pas s’arranger." La terreur fiscale".
Le Chameau/Lafuma
Le Chameau acheté par un fonds anglais, son propriétaire Lafuma bientôt coréen - comment est ce possible que cette belle société familiale ne soit soutenue par aucun acteur français ? reprise par aucun groupe national? -, La CDC qui monte un fonds franco-chinois, Deezer levant 100 M€ auprès d'un milliardaire russe, EVE, très belle start up soutenue par de courageux VCs valorisée plus de 150 M$ par un américain (lire ci-dessous).… Seuls les étrangers aujourd’hui ont de l’argent, et nos sociétés se font donc racheter. Alors que le marché français du capital investissement est le second d’Europe. On n'y comprend plus rien.
Et puis il y a la vaste pantalonnade de Tracfin. Quand un russe achète une propriété de plus de 100 M€ sur la côte d’Azur, lui demande t-on d’où vient l’argent ?
Plus-values :
Cela bouge tous les jours. Ce matin Laurence Parisot repartait à l’attaque sur France inter décrétant l’état d’urgence contre le projet de renforcement de la taxation des plus-values de cessions d’entreprises en France. Dans un communiqué commun (enfin !), le Medef et une douzaine d'associations de chefs d'entreprise - AFEP, AFIC, Croissance Plus, EDC, Ethic, France Biotech, France Digitale, Fédération Syntec, Pme Finance, Réseau entreprendre ...- exigent le retrait pur et simple de cette réforme inscrite dans le budget 2013. Génial, cela va régler mon problème de Baby Business Angel. Cela dit, ça tangue à DisneyHollande. J’imagine que s’ils retirent ce projet, la CGT et Mélanchon (l’ami de Chavez) seront dans la rue pour une grande parade animée.
Carried interest :
L’Afic est concentrée sur le non alignement de la taxation des « carried interest » avec celle des revenus. Position qui, si elle n’est pas englobée dans une défense globale du métier semble hélas, difficile à tenir. Rappelons que ce débat est aussi toujours d’actualité aux USA, qu’il est devenu un débat public. Dans une tribune du Wall Street Finance en mai dernier, Michael Graetz, professeur de droit fiscal à Columbia militait pour cela, alors que David Tuerck prenait la défense de cet avantage arguant que le carried était la rémunération du « sweet equity », et devait donc être taxé en gain long terme, parce que perçu après des années d’implication et de « sacrifice ». C’est pourquoi demander le retrait pur et simple du projet est la seule solution possible. Un axe de négociation serait d’ouvrir un « carried » aux forces de travail de l’entreprise. Réagissez et écrivez-moi : diogene@cfnews.net
Afic :
Diogène aimerait voir Louis Godron, le président de l'Afic à la télé, au journal de 20 H, dans les bureaux de Moscovici, dans la rue pourquoi pas avec tous les patrons de cette industrie qui sont accompagnés par un fonds et ne s'en plaignent pas, bien au contraire. L’Afic doit occuper le débat public, doit défendre le secteur du capital investissement, doit vendre une vision… Mais peut-être que je me trompe ? Pourquoi laisser Parisot défendre les entrepreneurs et les investisseurs à la télé ? L’Afic a publié son livre blanc. Qu’en est-il des propositions ? L’association « lance un cri d’alarme »…et se lie aux autres associations (voir ci-dessus). Mais encore une fois, ne fallait-il pas occuper le débat public avant ? Quel est l’ADN de l’Afic ? Quelle est sa mission ? Peut-être sont-ce là les questions qu’il faut se poser. Hier dans une interview à l'Usine Nouvelle, l’Afic réagissait, principalement sur la défense du « carried interest ». Mais hélas un peu tard, comme en témoigne son président : « Le projet de loi n’est toutefois pas encore voté et l’Afic compte poursuivre son lobbying. Sans beaucoup d’optimisme… "Tout ce qui a été conçu dans le PLF et dans le PLFSS, l’a été avec une concertation limitée", déplore Louis Godron ».
EVE :
Sortie record pour Auriga, lead, Omnes Capital et R Capital management de EVE (fournisseur de solutions de vérification de semi-conducteurs) qui rejoint l'américain coté au Nasdaq Synopsys. Il en offre selon CFnews, de l'ordre de trois fois le chiffre d'affaires soit 150 M$. Bravo donc à Auriga (Aurige ou en Grec Hêniokhos- « qui tient les rênes ») et son équipe. On attend le lancement de leur fonds amorçage santé. LPs contactez les! Lire aussi sur CFnews : Confidentiel : EVE cédé outre-Atlantique pour un montant de...
Londres :
Partir ? Le conservateur Boris Johnson a qualifié la politique fiscale française de «pire tyrannie depuis 1789 ». Il se dit prêt à accueillir tous les Français fuyant la taxe à 75 % sur les plus hauts revenus. «Vous êtes tous bienvenus.» Trois mois après le premier ministre David Cameron, qui s'est dit prêt à «dérouler le tapis rouge» aux exilés fiscaux français, le maire conservateur de Londres, Boris Johnson, a brocardé lundi la politique fiscale du président François Hollande. « Jamais depuis 1789 il n'y a eu une telle tyrannie ou terreur en France », a-t-il lancé lors du congrès du parti conservateur à Birmingham. Provocateur, il a repris, dans la langue de Molière, les premiers mots de l'hymne national français en guise d'invitation. « Je suis prêt à accueillir tous les Français talentueux à Londres », a-t-il affirmé. La capitale britannique compte déjà une communauté française de 300 000 à 400 000 personnes, selon l'Ambassade de France, citée par la BBC. Le problème en Grande Bretagne c’est que la nourriture n’est vraiment pas terrible, mais bon, les chefs français privés de clients ou trop taxés seront aussi invités à fouler la terre british.
L’Accélérateur :
Déjeuner sympathique avec Juan Hernandez, un des fondateurs de l’Accélérateur. Ils sont quatre, tous serial entrepreneurs dédiés à la réussite d'autres entrepreneurs. L’Accélérateur a pour mission d’aider les start-up à décoller. Les start-up sont sélectionnées sur concours. L’Accélérateur prend une participation comprise entre 6 à 10 % dans chacune d’elles par un apport financier d’une part et par le coaching entièrement gratuit d’autre part. A l’issue d’un cycle de 16 semaines, pendant lequel ils travaillent intensément avec les entrepreneurs à rendre leur société la plus excitante possible, en revisitant tous les aspects du business model et du business plan, ils présentent leurs projets devant une audience constituée des Business Angels (les nouveaux Dindons) et des Capitaux Risqueurs les plus influents. Le programme d'accompagnement étant entièrement gratuit, l’Accélérateur, structuré comme un fonds, ne se rémunère qu'à la "sortie", c'est-à-dire en revendant à terme la fraction du capital qu’il détient dans les sociétés. Bravo. Lancé début 2012, L’Accélérateur a démarré en septembre sa seconde session et compte d’ores et déjà 20 participations. Juan n’est pas salarié d’un fonds. Il roule en scooter, investi son propre argent, son temps et son futur sur ce projet. Il faut soutenir une telle initiative. Et ne pas l'arrêter net avec des taxations sans fondement.
Financement :
Les crédits aux PME sont au plus bas depuis trois ans. Les PME aujourd'hui sont confrontées à trois cataclysmes : la récession, l'absence de flexibilité sociale tant en termes d'emplois que de charges et l'absence totale de financement. En quatre ans, depuis la crise de 2008, le financement des PME a disparu totalement, sauf pour un nombre très limité d’entreprises. Au début de la crise les banques n’avaient pas d’argent pour prêter, maintenant elles ne veulent plus. Et comme le capital est aujourd’hui diabolisé, on ne voit pas pourquoi on continue à se lever le matin.
Sifnos :
Partir ? Météo à Sifnos : Plein soleil, 26° jusqu’à la fin de la semaine. Sifnos (en grec : Σίφνος) est une île du sud-ouest de l'archipel des Cyclades, située à 78 milles marins du Pirée. Le port principal, Kamares, se trouve sur la côte ouest, la capitale Apollonía, se situant dans l'intérieur des terres. Le climat de Sifnos (l’île des Poètes) est exceptionnel et cité par la plupart des voyageurs des derniers siècles. L'été est magnifique, très ensoleillé et l'hiver est doux avec un taux bas de pluviosité et très rares verglas et chutes de neige. A Sifnos, pas de taxes sur les plus-values.
Investindustrial :
Le fonds Italien Investindustrial spécialisé dans l’Europe du Sud, associé au fonds Trilantic Capital Partners va acquérir 48 % de la compagnie espagnole de télécommunication Euskaltel. Cette dernière société a réalisé un Ebitda d’environ 131 M€ pour un chiffre d'affaires d’environ 334 M€. Ouf, il reste donc les gros deals.
Actis : Actis vient de clore son deuxième fonds immobilier à 278 M$ à destination de l’Afrique. Avec une population d’environ 800 millions d’habitant, et un déficit chronique de logement et d’infrastructures, le marché Africain présente manifestement des belles opportunités.
Marché : selon une étude publiée par Altassets, environ 2000 fonds dans le monde seraient actuellement en levée de fonds pour un montant global de 796,5 Md$. Ca ne va pas arranger le moral des fonds français.
Fusion EADS/BAE : Sept banques d’affaires travaillent sur ce dossier. Mais c'est fini. L'Allemagne vient de mettre son veto. Dur pour les banques en ces périodes de vaches maigres. Lire aussi : BAE Systems et EADS mettent fin à leurs discussions.
Ainsi va la vie dans le non coté. Bonne semaine à tous,
Après plus d'un an de chroniques très lues et appréciées par un très grand nombre des lecteurs de CFnews - grâce à son regard pertinent, un brin décalé, satirique mais toujours très bien renseigné, Diogène se dévoile.
Il s'agit de Pierre Nollet, banquier d’affaires, activiste financier et conseil stratégique.
Il exerce ses activités à travers Oxym Associates entre la France et l’Espagne (voir sa fiche et sa bio/fiche de contact ci-dessous)