Chronique Asie, CFNEWS
L'actualité des deals, des investisseurs et conseils en Asie compilée par nos analystes... Quoi de neuf dans le Private Equity et le M&A en Asie cette semaine?
- Les Deals -
Services Financiers : Bourses de Shanghai et de Francfort (Chine / Allemagne)
Deutsche Börse, opérateur allemand des bourses devrait annoncer une co-entreprise avec les deux bourses chinoises Shanghai Stock Exchange (SSE) et China Financial Futures Exchange, basées à Shanghai, selon Reuters. Ce dernier précise que cette coopération aurait pour objectif de donner un accès aux produits financiers chinois aux investisseurs européens. Basée à Francfort, la nouvelle joint-venture sino-allemande (China Europe International Exchange, Ceinex) devrait offre initialement à ses clients des actions et des produits "futures" libellés en devise chinoise (Renminbi). Pesant aujourd’hui 100 M€, la division chinoise du groupe allemand souhaite renforcer sa position sur le marché en doublant son chiffre d’affaires d’ici 2017 pour atteindre 200 M€.
Malgré le ralentissement de la croissance chinoise, SSE Composite Index - la référence de la bourse de Shanghai - ne cesse de grimper depuis l’an dernier, en approchant 5000 points, soit le plus haut depuis la crise financière de 2008. Mais la semaine dernière, la chute de trois valeurs à la bourse de Hong Kong : Hanergy, Goldin Financial et Goldin Properties suscitent l’inquiétude à propos de la sur-valorisation des sociétés chinoises cotées. Le porte-parole des autorités financières de Hong Kong refuse de commenter sur « des dossiers particuliers ». Mais les progressions spectaculaires des bourses chinoises font déjà craindre, selon des analyses, à la formation d’une " immense bulle spéculative ".
Services financers : ICBC / Tekstilbank (Chine / Turquie)
Gérant 3320 Md$ d’actifs à travers le monde, la plus importante banque chinoise ICBC (Industrial and Commercial Bank of China) finalise sa prise de participation majoritaire de 75,5 % dans la banque turque Tekstilbank auprès du conglomérat GSD Holding, coté à Istanbul. Le montant de la transaction s’élève à 316 M$. La banque chinoise devrait lancer une OPA amicale pour s’emparer du solde du capital détenu par le public car la cible est aujourd'hui toujours cotée à Istanbul. Née en 1986, la cible dispose d’un réseau de 44 agences en Turquie avec un effectif de 900 personnes. Elle dispose d’une licence bancaire complète pour le territoire turc et intervient dans la banque de détail, le crédit aux entreprises (notamment aux PME), le courtage, l’investment banking ainsi que la gestion d’actifs.
Pour rappel, ICBC avait également fait une offre sur une plus petite banque turque, Alternatifbank, mais la Commercial Bank of Qatar (CBQ) avait gagné les enchères, la banque qatarie ayant déboursé 460 M$ pour obtenir 71 % du capital. Présente dans 42 pays, la banque chinoise exploite 17 000 agences à travers le monde. Elle est notamment actionnaire à 20 % de la banque sud-africaine Standard Bank.
Par ailleurs, la Chine est le troisième partenaire commercial de la Turquie et sa deuxième plus grande source d'imports. Les deux pays souhaitent augmenter leur échanges commerciaux à 100 Md$ d’ici 2020.
Marketing : Focus Media (Chine)
Focus Media, le mobilier urbain publicitaire, fait un come back sur le marché chinois de capitaux. Il devrait se coter à la bourse de Shenzhen à travers une acquisition renversée (merger takeover ou reverse IPO) de la société chinoise Jiangsu Hongda New Material, cotée aujourd’hui à Shenzhen, dont la capitalisation boursière atteint plus de 600 M$.
Fondé en 2003 à Shanghai, Focus Media s’était coté au Nasdaq en 2005 via une IPO de 172 M$. En mai 2013, il s’était retiré de la bourse américaine après la finalisation d’une mega MBO de 3,87 Md$. L’opération avait été emmenée par Jason Jiang Nanchun, le fondateur et P-dg de Focus Media, suivi par plusieurs fonds internationaux : Carlyle, FountainVest Partners, Citic Capital, et China Everbright Structured Investment. Le fonds chinois CDH s’est retiré de cette opération au dernier moment, alors que Fosun, le deuxième actionnaire de l’époque derrière le fondateur, l’avait remplacé (lire aussi : Focus Media fait l’objet d’un LBO record).
En s'estimant sous-valorisées, de nombreuses sociétés chinoises cotées alors aux Etats-Unis se sont retirées des bourses américaines. Elles cherchent ensuite à se coter sur les bourses chinoises, soit à Shanghai, Hong Kong ou Shenzhen. En raison de la longue liste d’attente pour réaliser une IPO ainsi que des délais de l’administration chinoise, Focus Media a donc décidé de passer par cette acquisition renversée pour pouvoir être cotée rapidement.
Services aux entreprises : Vistra Group / Baring PE Asia / IK Investment Partners (Chine)
Le fonds de LBO pan-asiatique Baring PE Asia, gérant 9 Md$, officialise son plus important deal buy-out. Il acquiert une part majoritaire du capital de Vistra Group, spécialisée dans la création, la gestion et l’administration d'entreprises, la formation de fonds, les services fiduciaires etc., détenu par IK Investment Partners depuis 2009. Aucune partie ne souhaite communiquer de détails financiers. Le management, dont notamment le P-dg Martin Crawford, reste au capital avec une part significative. Basée à Hong Kong et Luxembourg, la cible offre à ses clients des services d’optimisation fiscale via la création de structures outre-mer dans les paradis fiscaux comme les îles Vierges britanniques et les îles Caïmans. Elle coiffe aujourd’hui deux principales marques Vistra et OIL, en comptant 1 300 collaborateurs repartis entre 46 bureaux à travers 35 juridictions.
Pour rappel, IK Investment Partners avait souhaité introduire Vistra à la bourse de Hong Kong pour encaisser environ 900 M$. Finalement, une cession aux fonds de private equity était devenu le meilleur choix pour réaliser sa sortie. A part Baring Private Equity Asia, deux fonds Carlyle et CVC Capital Partners avaient également été retenus pour le deuxième tour des enchères. Le montant de la cession à Baring devrait donc être autour de 900 M$.
Par ailleurs, IK Investment Partners est récemment entré en négociations exclusives avec Sagard pour la reprise du fabricant de pâtes à cuire ménagères, fort de 210 M€ de revenus. L’opération permettrait aussi la sortie des minoritaires Céréa Capital et Capazine (lire aussi : Cérélia mitonne un LBO bis).
Equipementier Sanitaire : Lixil / Grohe / Joyou AG (Japon/Allemagne/Chine)
Le groupe japonais d'équipement domestique Lixil, basé à Tokyo, devrait enregistrer une perte au moins de 337 M$ après une insolvabilité de sa filiale indirecte chinoise Joyou AG, cotée à Francfort. En avril dernier, à la suite d’un constat d'irrégularités comptables, le groupe japonais avait déjà annoncé un audit spécial sur Joyou AG et une suspension temporaire des fonctions du fondateur de Joyou Jianshe Cai et son fils Jilin Cai au sein du conseil d’administration. Entre temps, le cours de Joyou AG s’était replié de plus de 90 %, soit depuis 17,45 € à inférieur à 1 €, représentant une vaporisation d’environ 400 M€.
Fondé en 1988, Joyou avait commencé sa coopération avec son concurrent allemand Grohe en 2009, lui même détenu alors par le fonds américain TPG. L’an suivant, Joyou AG avait été créée comme une structure de financing pour le chinois Joyou Group, exploitant aujourd’hui huit sites de production dans la province du Fujian (à l’est de la Chine). En 2011, Grohe avait pris le contrôle du groupe chinois auprès de la famille fondatrice Cai avec 72,3 %. En 2014, Lixil et Development Bank of Japan avait acquis 87,5 % du capital de l’allemand Grohe Group auprès de TPG et de Credit Suisse, pour 3,06 Md€ (lire aussi : Lixil et Development Bank of Japan acquièrent Grohe Group et sa filiale chinoise Joyou AG). Sa filiale chinoise Joyou AG était ainsi devenue une filiale indirecte du groupe nippon Lixil. Cette transaction avait alors été citée comme l'investissement le plus important en Allemagne par une entreprise japonaise.
Les problèmes de comptabilité de Joyou AG embarrassent le P-dg de Lixil Yoshiaki Fujimori, qui avait conduit plusieurs acquisitions à l’étrangers pour le groupe Lixil, par exemple American Standard au prix de 342 M$ et l’italien Permasteelisa pour 573 M€. Son cours à Tokyo a chuté plus de 7 %.
Cette affaire remet également en cause la transparence de la comptabilité des sociétés chinoises cotées à l’étranger. Pour rappel, en 2013, le géant américain Caterpillar avait été obligé de déduire 580 M$ sur le compte de sa filiale chinoise Era Mining Machinery, à l'époque cotée à Hong Kong, qu’il avait acquis en 2012 pour 886 M$. Car Caterpillar s’était aperçu d'une faute « délibérée, pluriannuelle, coordonnée » des comptes d’une filiale d’Era, Zhengzhou Siwei. Par ailleurs, Sino-Forest Corporation, spécialiste dans l’industrie du bois et à l'époque cotée à Toronto, avait été pris dans un scandale financier en raison de l’exagération de son chiffre d'affaires et de la valeur de ses actifs forestiers.
- Nouveaux Fonds -
Fonds souverain : CIC Huitong Capital (Chine)
Le fonds souverain chinois, China Investment Corp. (CIC), gérant plus de 650 Md$, a, en janvier dernier, créé une branche d’investissements directs CIC Huitong Capital. Doté de 40 Md$ d’actifs, la nouvelle structure se focalise sur les secteurs tels que l’infrastructure, l’agriculture, la sylviculture, la pêche, l’élevage etc. Elle est la troisième filiale détenue à 100 % par le fonds souverain chinois. Les deux autres filiales concernent Central Huijin Investment et CIC International. Le premier détient 19 grands groupes chinois dans les secteurs financiers tels que le bancaire, l’assurance, la rassurance, le courtier, la banque d’affaires : China Developement Bank, ICBC, Bank of China, China Construction Bank etc. Le second est actif dans les marchés de capitaux chinois et étrangers (actions, obligations et hedge fund), l’immobilier, ainsi que le private equity.
Pour rappel, très récemment, CIC s’était associé au conglomérat chinois agroalimentaire public Cofco pour créer une nouvelle holding Cofco International. Détenue à 80,1 % par Cofco et à 19,9 par CIC, Cofco International intègre les deux négociants agricoles : le hongkongais Noble Agri et le néerlandais Nidera. Cette nouvelle entité ambitionnerait de concurrencer les quatre géants mondiaux du secteur « le club ABCD » : les américains Archer Daniels Midland (ADM), Bunge, Cargill, et le Français Louis Dreyfus.
Bonne semaine à tous.
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