Chronique Asie, CFNEWS
L'actualité des deals, des investisseurs et conseils en Asie compilée par nos analystes... Quoi de neuf dans le Private Equity et le M&A en Asie cette semaine?
- Les Deals -
Mode : IRO / Fosun (France / Chine)
Lancée par les frères Bitton, la marque de mode IRO, s'associe au conglomérat privé chinois Fosun, propriétaire du Club Med, pour développer les boutiques en Asie notamment en Chine (lire aussi : IRO fait entrer un chinois à son capital...). Le process qui a duré plusieurs mois a été mené par Transaction R qui a sollicité une poignée de fonds. Il solde la sortie de Guess, la marque américaine contrôlée par les frères Marciano, qui détenait quelque 25 % du capital. Les fondateurs des frères Laurent et Arik Bitton détiendront toujours 40 %. La valorisation s’établit environ à 10 fois l’Ebitda, soit environ 130 M€. Présente à la rue Royale à la capitale, la marque du style rock, affichant environ 60 M€ de revenus, ouvre deux nouvelles boutiques aux Etats-Unis - dont une nouvelle à New York - et s'installe aussi avenue Victor Hugo. En Asie, elle dispose aujourd'hui d’une seule présence sur le marché sud-coréen. L’opération confirme encore une fois la tendance d’investisseurs chinois dans la mode pour saisir le cœur de la nouvelle classe moyenne chinoise, qui préfère la gamme entry lux au luxe (lire aussi : Sandro, Maje et Claudie Pierlot reprises par un chinois). Quant au chinois Fosun, son portefeuille comprend peu de marques mode : la marque allemande fast fashion Tom Tailor, la mode féminine américaine St. John ainsi que la mode masculine italienne Caruso.
Hôtelière : Sofitel Le Faubourg / consortium d’investisseurs asiatiques (France / Asie)
Le Sofitel Le Faubourg change une nouvelle fois de propriétaire. La société détentrice des murs et du fonds de commerce de l'hôtel 5 étoiles, opéré par la marque Sofitel d’Accor, a été acquise par un consortium d'investisseurs asiatiques, dont l’identité n’est pas connue, auprès de Mount Kellett Capital Management (lire aussi : Le Sofitel Le Faubourg passe sous pavillon asiatique).
Tourisme : Odalys / Hywin (France / Chine)
Le spécialiste français de l’hébergement touristique, Odalys, aux 250 M€ de chiffre d’affaires, ouvre son capital au groupe privé shanghaïen Hywin Financial Holding à hauteur de 35 % (lire aussi : Odalys héberge un financier chinois). La prise de participation d'Hywin prend la forme d’un rachat d’actions auprès des actionnaires historiques : le groupe Duval, présidé par Eric Duval, qui détenait 86 % de la holding de tourisme et reste actionnaire majoritaire à hauteur de 51 %, et François Mariette, président-fondateur d'Odalys qui en détient 14 %. Odalys et Hywin créent, par ailleurs, une société commune pour porter l’activité de tourisme du groupe français en Chine. Contrôlé par la famille Han Hongwei, l’investisseur chinois détient notamment le gestionnaire shanghaïen d’actifs immobiliers Five Bulls Fund et des titres de quelques sociétés cotées chinoises.
E-commerce : La Redoute (Implantation en Chine)
Trois ans après la reprise par son management (lire aussi : La Redoute rachetée par ses dirigeants), La Redoute part à l’assaut dans l’Empire du Milieu avec ses produits "Made in France". Présent aujourd’hui principalement sur le marché européen, le site e-commerce a déjà lancé une version chinoise web et mobile. En face de la concurrence forte des acteurs locaux, notamment le géant Alibaba, JD.com, Suning et Amazon China, le français met en place d’un partenariat avec un cabinet de conseil Azoya, basé à Shenzhen, pour son développement en Chine. Azoya, dont les activités couvrent dans 12 pays, y conseillera la Redoute en logistiques, marketing et en matière commerciale.
VTC : Didi Chuxing (Chine)
Le groupe chinois de VTC Didi Chuxing (anciennement connu comme deux applications mobile Didi et Kuaidi) finalise son tour de table de plus de 7 Md$. Valorisant sur une base de plus de 25 Md$, le tour de table a, pour rappel, séduit des investisseurs historiques, comme Alibaba et Tencent, de nouveaux, par exemple, l’américain Apple avec 1 Md$ ou encore le japonais Softbank et l’assureur China Life. L’opération porte ainsi la trésorerie à 10,5 Md$. Pour rappel, son concurrent américain Uber, de son côté, vient de lever 3,5 Md$ auprès des investisseurs saoudiens sur une base de valorisation de 62,5 Md$ - le champion du monde non-coté -.
Didi Chuxing revendique aujourd’hui 300 millions d’utilisateurs enregistrés, 11 millions de courses par jour, une présence dans 400 villes chinoise, et 87 % de parts de marché chinois, y largement devant son rival Uber.
Jeux : Tencent / Supercell / Softbank (Chine / Finlande / Japon)
Tencent, propriétaire de WeChat - concurrent de Whatsapp et de Line -, rachète 84 % du capital de Supercell, l’éditeur finlandais de jeux vidéo, pour 8,6 Md$. La base de valorisation s’élève ainsi à 10,2 Md$. La cible est notamment connue pour l’ultrapopulaire Clash of Clans, un jeu massivement multijoueur sur smartphone. Environ 25 millions de personnes jouent ou ont joué à Clash of Clans, selon des estimations. Pour rappel, en 2013, le japonais avais déboursé 150 milliards de yens (environ 1,12 Md€) contre 51 % du capital de l’éditeur finlandais. L’an dernier, il avait annoncé qu’il détenait environ 73,2 % de Supercell mais n’avait pas voulu communiquer de détail sur la remontée au capital du finlandais.
L'offre de Tencent a renouvelé le record dans le secteur de l’édition de jeux pour mobiles. En 2015, l’américain Activision Blizzard avait payé 5,2 Md€ pour s’offrir le britannique King Digital, l’éditeur de Candy Crush.
Le japonais Softbank continue ainsi à récupérer des capitaux, via cette cession, pour réduire la taille de sa dette. Il avait, pour rappel, massivement investi à l'international pour diversifier ses activités et a eu du mal d’absorber ses emplettes internationales. En particulier, il avait déboursé en 2013 plus de 21 Md$ pour s’emparer de l'opérateur télécom américain Sprint. Au début du mois, il avait cédé 8,9 Md$ des titres d’Alibaba pour apaiser son bilan.
Fintech : Ant Financial / Ascend (Chine / Thaïlande)
Ant Financial, le propriétaire de la plateforme de paiement numérique Alipay, pourrait acquérir entre 20 % et 30 % de son homologue thaïlandais Ascend Money, selon l’annonce sur le site du Ministère du Commerce chinois. Spin-off de l’opérateur télécom True Corporation, la cible est aujourd’hui détenue par le conglomérat privé thaïlandais Chia Tai Group. Pour mémoire, Ant Financial, société affiliée au groupe Alibaba, avait établit son deuxième tour de table de 4,5 Md$ sur une base de valorisation de 60 Md$ (lire aussi). Il est, par ailleurs, actionnaire significatif de son homologue indien Paytm.
E-commerce : Walmart / Yihaodian / JD.com (Chine / Etats-Unis)
Le numéro un mondial des distributeurs Walmart cède ses activités chinoises e-commerce, sous la marque Yihaodian, au chinois JD.com, coté au Nasdaq, contre 5 % du capital du chinois. Ce dernier, concurrent direct d'Alibaba sur le marché chinois, réalisera une augmentation de capital réservée - représentant une valeur de 1,5 Md$ - à l’américain. Pour rappel, Walmart s’était invité, en 2011, au capital de l’e-commerçant Yihaodian, en reprenant une partie des partes détenues alors par l’assureur Ping An. Après plusieurs remontées au capital, il était devenu l’actionnaire unique l’an dernier.
Restauration : McDonald’s China (Chine)
Après Yum Brands - propriétaire de la marque KFC -, McDonald’s a aussi décidé de scinder ses activités chinoises. Ces deux opérations sont initialisée pour différentes raisons, celle de Yum Brands sous la pression d'actionnaires activistes, et celle de McDonald's en raison du recul d’activités. McDonald's est aujourd’hui la deuxième chaîne de restauration rapide de Chine derrière Yum Brands et ses enseignes KFC et Pizza Hut avec 6 900 restaurants. Il a mandaté Morgan Stanley pour la vente de ses 2 800 restaurants en Chine continentale, à Hong Kong et en Corée du sud. Il souhaite également vendre une grosse participation dans ses activités au Japon. Pour la cession en Chine qui pourrait lui apporter 3 Md$, McDonald's a reçu des offres tels Bain Capital, TPG Capital et Carlyle Group, ou encore des groupes chinois Sanpower, ChemChina, Beijing Capital Agribusiness.
- Nouveaux Fonds -
ICBC East-Central Europe Fund (Chine / Europe de l’Est)
La plus grande banque chinoise ICBC lancerait un fonds institutionnel dédié aux pays de l’Europe Centrale et de l’Europe de l’Est. Elle devrait injecter 1 Md€ et créer une société de gestion pour gérer ce fonds. Le gouvernement tchèque devrait apporter environ 200 M€ et la banque centrale polonaise BGK les rejoindrait avec 300 M€. Les parties concernées n’ont signé qu’un protocole d’accord (MoU), aucun d’autre détail n’a été communiqué. La création de fonds se réalise dans un cadre de coopération économique entre la Chine et 16 pays de l’Europe de l’Est (China-CEEC 16+1).
Bonne semaine à tous.
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