Chronique Asie, CFNEWS
L'actualité des deals, des investisseurs et conseils en Asie compilée par nos analystes... Quoi de neuf dans le Private Equity et le M&A en Asie cette semaine?
- Les Deals -
Logiciels & Services Informatiques : Cedexis / Ginko / Nokia (France / Taïwan / Finlande)
Cinq ans après son tour précédent (lire aussi : Cedexis accélère son développement), la société franco-américaine Cedexis s’entoure de nouveaux investisseurs pour son deuxième tour de table. Il lève 22,8 M$ (soit environ 21 M€, incluant un prêt de 0,8 M$ apporté par Bpifrance), auprès d’un groupe d’investisseurs emmené par Ginko Ventures, bras armé d'investissement du sous-traitant taïwanais électronique Foxconn. Nokia Growth Partners (NGP) et Citrix Systems Ventures ont suivi l’opération, les investisseurs historiques ont remis au pot, comme Advanced Technology Ventures et Madrona.
Dédiée à l’optimisation le temps de chargement de sites web et ainsi que mobile, la cible, définie comme aiguilleur du net, a été fondée en 2009 par le Français Julien Coulon et l’Américain Marty Kagan. En comptant 52 salariés repartis entre Paris, Portland et les cinq bureaux aux Etats-Unis, en Angleterre et en Israël, elle exploite plus de 4,5 milliards de données remontées chaque jour par les utilisateurs de ses clients, tels que Airbus, AccorHotels, Microsoft, Tumblr ou encore LinkedIn etc. Cedexis aurait réalisé l’an dernier quasiment 10 M€ de chiffre d’affaires, dont 10 % provient de l’Asie, et ambitionne une croissance de 50 % à 60 % pour cette année. Avec sept brevets déposés, la société souhaite renforcer sa présence dans cette zone aussi au Moyen-Orient, elle devrait également profiter de cette enveloppe pour étoffer son équipe française, regroupant pour l’heure 17 personnes basées à Gentilly.
Reconnu pour la sous-traitance pour Apple, le taïwanais Foxconn ne se contente plus de son modèle de business. Fort d’un chiffre d’affaires d’environ 125 Md€, le groupe diversifie donc ses activités à travers des investissements. L’an dernier, il a créé une filiale de capital risque Ginko Ventures, basée à Genève. Dédiée aux technologies informatiques, cette dernière possède quatre sociétés dans son portefeuille, dont deux françaises : Actility et PIQ.
Mode : SMCP (France)
Soutenu par KKR en LBO il y a trois ans, le français SMCP, propriétaire de quatre marques de mode, suscite la convoitise (lire aussi l’article CFNEWS : KKR veut doubler la taille de SMCP). Elle est, pour l’heure, détenue à 65 % par le fonds KKR, le solde étant entre les mains de managers. Disposant d’un réseau de 1 000 points de vente dans 34 pays, la cible a réalisé un chiffre d’affaires de 316 M€ au cours du premier semestre de l’an dernier, soit une hausse de 32 % par rapport de l’an précédent, selon Bloomberg, et les marques françaises entendraient saisir l’opportunité de développement sur le marché chinois. KKR souhaiterait obtenir au moins 1 Md€, contre 650 M€ lors de son entrée du capital. Deux pistes sont déjà évoquées : la première, une IPO potentielle vers mi-avril, elle pourrait toutefois être perturbée par les turbulences des marchés mondiaux ; la seconde, les offres de rachat. Bloomberg a déclaré que deux offres ont déjà été déposées : le britannique Lion Capital et un fabricant chinois de textile, Shandong Ruyi Group. Lion Capital possède de nombreuses marques, telles que American Apparel, Jimmy Choo, All Saints, La Senza, John Varvatos, Hema, Picard et Alain Afflelou. Propriétaire du couturier de costumes allemand Peine Gruppe, Shandong Ruyi Group génère de l’ordre de 30 milliards de yuans (4,2 Md€) de revenus.
Télécom : Orange / Bharti Airtel / Filiales au Burkina Faso et en Sierra Leone (France / Inde / Afrique)
Orange étend son périmètre sur le continent du futur. Le groupe de télécom de près de 40 Md€ de revenus rachète les filiales africaines de l’opération indien Bharti Airtel au Burkina Faso et en Sierra Leone. Restant confidentiel, le montant devrait s’établir sur un multiple de 7,9 fois l’Ebitda (exercice clos à la fin mars 2016). Soumise à l’approbation des autorités compétentes, l’opération ajoute deux pays à sa couverture en Afrique (jusqu’alors 18 pays) et augmente sa base clients mobiles de près de 5,5 millions ainsi que 275 M€ de chiffre d’affaires. Conseillé par Lazard et Société Générale, Orange avait, pour rappel, signé un accord en juillet dernier, pour l’acquisition des quatre filiales d’Airtel, mais le rachat des filiales au Tchad et au Congo-Brazzaville, un temps envisagé, a échoué pour une raison inconnue. Le cédant indien est assisté par Arma Partners.
Transports & Logistique : Cosco Group / Port du Pirée (Chine / Grèce)
Le port du Pirée, un des plus grands ports de la Méditerranée pour le fret, passe sous pavillon chinois. Cela représente une étape importante dans la droite ligne des engagements du pays envers ses créanciers, l’Etat grec procède à de nombreuses privatisations pour recapitaliser ses banques et rembourser sa dette publique. La Grèce a accepté l'offre améliorée de l’armateur public chinois Cosco, soit 368,5 M€, pour acquérir 67 % du Pirée, valorisant ainsi le Pirée à 437 M€. Le groupe chinois achètera d’abord 51 %, puis 16 % d’ici 5 ans sous forme d'investissements dans l’infrastructure du port. L'Etat grec sera actionnaire à 7 % et le solde sera capitalisé en Bourse. Par ailleurs, Cosco détient également la concession du port jusqu'en 2052. Pour rappel, le géant chinois du transport maritime est déjà actionnaires des deux terminaux du Pirée depuis 2008. Son objectif est de le transformer en un immense hub de transit entre l'Asie et l'Europe.
Internet & E-service : Meituan Dianping / Tencent (Chine / Chine)
Meituan Dianping, éditeur chinois de site/application de d'avis d'internautes sur des restaurants et sorties ainsi que d'achats groupés en ligne, établit son nouveau tour de table de 3,3 Md$ sur une base de valorisation de 18 Md$. Menée par Tencent, l’opération a également été suivie par DST, le fonds souverain de Singapour Temasek, et le fonds canadien Canada Pension Plan Investment Board. Né après une fusion de deux applications Meituan et Dianping l’an dernier, le groupe chinois enregistre par jour 10 millions de réservations, le volume de transactions de l’année dernière a atteint 184 milliards de yuans (environ 28 Md$) selon le Financial Times. Déficitaire, il surfe sur la croissance chinoise du secteur « réservation en ligne et consommation hors ligne (online to offline, ou O2O) ». Selon HSBC Hong Kong, le volume chinois de chiffre d’affaires d’O2O du premier semestre 2015 s’élevait à 300 milliards de yuans, soit environ 47 Md$.
Semi-conducteurs : Toshiba et Sharp (Japon)
En difficulté, le numéro un japonais des fabricants semi-conducteurs Toshiba va se séparer de ses activités dans le secteur, en conservant seulement les mémoires flash. A cause du scandale du maquillage comptable pendant 3 ans pour cacher les pertes dans les PC, l’électroménager ou la télévision, Toshiba a enregistré environ 5 Md$ de dettes, il tente ainsi d'effacer une partie de ses dettes à travers des cessions. Pour rappel, il avait déjà cédé ses activités de capteurs d’image à son compatriote Sony (lire aussi : Toshiba cède capteurs d’image à Sony). Un plan d'aide pour Toshiba pourrait être mené d'ici peu par le fonds public japonais Innovation Network Corporation of Japan (INCJ). Ce dernier est créé pour redresser le secteur japonais de l'électronique grand public, dans lequel le Japon est dominant depuis longtemps.
L’agence Reuters a évoqué une solution d’INCJ. Le fonds souverain japonais souhaiterait fusionner l'électroménager de Toshiba, notamment les activités d’écran plat, avec celui d’un autre géant nippon, Sharp. En difficulté depuis des années, le fleuron industriel japonais Sharp, pour sa part, a cumulé 222 milliards de yens de dette (1,69 Md€) sur l’année 2015. Le sous-traitant taïwanais, Foxconn, soucieux de diversifier ses activités, pourrait faire une offre de près de 5,1 Md$ pour racheter Sharp.
LNG : Yamal / Silk Road Fund (Russie / Chine)
Gérant 40 Md$, le fonds chinois Silk Road Fund rachète 9,9 % du capital du projet russe LNG (Gaz naturel liquéfié) Yamal - situé dans une vaste péninsule russe dans l'océan Arctique - pour 2 Md$. Le plus important actionnaire, le russe Novatek, est impacté par la sanction européenne en raison de la tension entre la Russie et l’UE après la crise Ukrainienne. Il cède ainsi cette part pour combler le trou financier du projet, dont le coût est estimé à 27 Md$. Novatek restera toujours majoritaire, le chinois CNPC et le français Total détenant chacun 20 %.
Lancé en 2014, le fonds chinois Silk Road Fund a pour but d’investir dans l’infrastructure et les commerces entre les continents européens et asiatiques ainsi qu’au Moyen-Orient. Il est notamment soutenu par des institutions financières publiques chinoises : le SAFE (State administration of foreign exchange), le fonds souverain chinois China Investment Corp (CIC), l’Export-Import Bank of China, ainsi que la China Development Bank.
Média : VCG / Corbis (Chine / Etats-Unis)
Le groupe chinois de photographie Visual China Group (VCG) fait une offre, un peu moins de 100 M$, pour racheter son homologue américain Corbis Images. L’opération porte sur les marques Corbis Images, Corbis Motion, Veer, excluant les activités de contenus publicitaires. Fondée en 1989 par Bill Gates, la cible dispose d’une base de données de 200 millions exemplaires de documents audiovisuels et d’impression, en couvrant quasiment tous les grands évènements mondiaux dans les 19e et 20e siècles. En parallèle, l’acquéreur chinois a signé un accord avec Getty Images, le numéro un du secteur, sur la distribution de données de Corbis. Fondé en 2000 et coté à Shenzhen depuis 2014, l’acquéreur chinois VCG emploie aujourd’hui 600 salariés.
Bonne semaine.
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