Chronique Asie, CFNEWS
L'actualité des deals, des investisseurs et conseils en Asie compilée par nos analystes... Quoi de neuf dans le Private Equity et le M&A en Asie cette semaine?
- Les Deals -
Électronique : Huawei / Amartus (Chine / Irlande)
Fort d’un chiffre d’affaires de 46,5 Md$ (2014), l’équipementier télécom privé chinois Huawei fait une acquisition en Irlande. Jusqu'ici peu offensif en croissance externe mais en forte croissance organique, le groupe chinois rachète les activités de SDN (Software-Defined Networking) de la société irlandaise Amartus, basée à Dublin. La cible développe des logiciels de gestion des réseaux télécom. Cette acquisition reflète l'ambition du groupe chinois qui souhaite se placer en amont de la chaîne de valeur dans les équipements télécom. Après cette acquisition, Huawei pourrait accélérer son déploiement dans la gestion de réseaux télécom à travers le cloud computing.
Avec un chiffre d’affaires de 28 Md$ au cours du premier semestre de l’année, Huawei n'est pas un habitué de la croissance externe en Europe, mais il avait investi massivement en R&D dans le vieux continent. La transaction représente sa troisième acquisition au Royaume Uni. Pour rappel, le groupe Huawei avait racheté le britannique CIP Technologies il y a trois ans. En outre, l’an dernier, il s’était emparé d’une startup britannique Neul, basée à Cambridge, - un homologue du français Sigfox - spécialisé dans la connectivité des objets en M2M (machine to machine). Par ailleurs, Huawei avait acquis, en 2013, une société belge, Caliopa, soutenu par deux établissements belges Imec et l’Université de Gand. Caliopa développe et commercialise la photonique sur silicium, une technologie avancée dans les communications optiques.
Services Financiers : ICBC / Tekstilbank (Chine / Turquie)
ICBC, déjà détenteur de 75,5 % de la banque turque Tekstilbank, acquiert le solde du capital. Les autorités du pays ont déjà accordé le feu vert à la banque chinoise sur cette transaction. Pour rappel, ICBC avait, en mai 2015, finalisé sa prise de participation majoritaire de 75,5 % dans TekstilBank auprès du conglomérat GSD Holding, coté à Istanbul. Le montant de la transaction s’élevait à 316 M$ (lire aussi : ICBC finalise le rachat de 75,5 % de TekstilBank). Née en 1986, la cible dispose d’un réseau de 44 agences en Turquie avec un effectif de 900 personnes. Elle dispose d’une licence bancaire complète sur le territoire turc et intervient dans la banque de détail, le crédit aux entreprises (notamment aux PME), le courtage, l’investment banking ainsi que la gestion d’actifs.
Electronique : Tsinghua Unigroup / Micron (Chine / Etats-Unis)
Coté à Shenzhen, Tsinghua Unigroup fait une offre de 23 Md$ (21 Md€) sur l'américain Micron, fabriquant de semi-conducteurs et notamment de puces mémoires pour les serveur, les smartphones et les PC. Si l’opération aboutit, elle représentera la plus importante acquisition lancée par une société chinoise aux Etats-Unis. Jusqu’ici, la plus grosse transaction sino-américaine était l’acquisition de Smithfield par WH Group au prix de 7,1 Md$, clôturée l’an dernier.
Le prétendant chinois Tsinghua Unigroup est l’une des filiales de Tsinghua Holdings, branche d’investissement de l'université chinoise Tsinghua, l'une des meilleures du pays. Unigroup est aujourd'hui le plus important fabricant de semi-conducteurs dans l’Empire du Milieu.
Quant à la cible Micron, 60 % de ses revenus proviennent de puces mémoires pour les smartphones et les PC. La Chine est son plus important marché, représentant environ 40 % du chiffre d’affaires de l’an dernier. Micron est, par ailleurs, propriétaire du fabricant de semi-conducteur japonais Elpida depuis 2012.
L’approbation des autorités américaines pourrait être un obstacle important pour la finalisation de cette transaction. Des sources proches du dossier indique que le CFIUS - organisation américaine chargée d'analyser les acquisitions d'entreprises américaines par des compagnies étrangères - pourrait rejeter cette transaction en raison d'impératifs de cyber-sécurité nationale et de la fuite de technologies sensibles.
Electronique : Osram Licht (Chine / Allemagne)
Feilo Acoustique, coté à Shanghai, souhaite faire une offre sur les activités des ampoules du groupe allemand Osram Licht. Le groupe allemand, qui a déjà mandaté UBS, ne souhaite pas encore commenter cette cession. Soucieux de se recentrer sur l'éclairage automobile et les composants, Osram Licht avait annoncé en avril dernier préparer le terrain à une éventuelle scission ou cession de ses ampoules d'éclairage classiques. Représentant 40 % de ses revenus mondiaux, la cible comprend notamment un réseau de distribution en Europe et en Amérique du Nord, ce qui pourrait attirer l’attention des investisseurs asiatiques ainsi que des fonds tels que CVC, KKR et Bain. Barclays indique, lors d’une interview à Reuters, que la valorisation de cette division pourrait s’élever à 423 M€ (459 M$). D’autres analyses évoquent une base de valeur totale d’1 Md€, dette comprise.
Le groupe emblématique chinois né en 1984, Feilo Acoustique était la première société chinoise à se coter à la bourse de Shanghai en 1986. Depuis 2002, Feilo diversifie ses activités dans la fabrication de lampes.
L’industrie d’éclairage est en déclin dans le monde depuis ces dernières années, et les leaders mondiaux du secteur préfèrent donc lever le pied. Pour rappel, en mars dernier, le néerlandais Philips, numéro un mondial et concurrent direct d’Osram, avait déjà cédé sa division d’éclairage (éclairage automobile, composant LED) pour se concentrer sur les équipements médicaux et les produits électroniques de consommation. Un fonds pékinois, Go Scale Capital, soutenu par le fonds d’internet et cleantech chinois GSR Ventures, le magnat solaire Cheng Kin Ming ainsi que le fonds américain Oak Investment Partners, avait remporté les enchères. Il avait payé 2,8 Md$ pour obtenir 80,1 % de la nouvelle entité, renommée Lumileds, Philips ne conservant que 19,9 % du capital.
Nouvelle banque de développement (Banque des Brics)
Fondée par les pays membres des « BRICS » - le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud -, la Nouvelle banque de développement ouvre ses portes à Shanghai. Perçue comme une alternative à la Banque mondiale (BM) et au FMI, cette institution dispose d’un capital estimé à 100 Md$ (environ 90 Md€) et aura pour vocation de financer des grand travaux d’infrastructure dans les pays qui en font la demande. Elle sera présidée par Kundapur Vaman Kamath (56 ans), président d’ICICI Bank, premier prêteur privé en Inde et le deuxième groupe bancaire du pays. Parallèlement, un fonds commun de réserve de change de 100 Md$ a été créé, dans lequel la Chine devrait contribuer à hauteur de 41 Md$ ; le Brésil, l’Inde et la Russie mettraient 18 milliards, et l’Afrique du Sud 5 milliards. Pour rappel, les pays-membres des BRICS, qui représentent 40 % de la population mondiale et un cinquième de l’économie mondiale (17 000 Md$ de PIB), avaient décidé en 2013 de la fondation de cette institution financière.
Par ailleurs, la Chine a emmené le lancement d’une autre institution financière multilatérale, la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (AIIB), doté également d’un capital de 100 Md$. AIIB est fondée avec la participation d'une cinquantaine Etats fondateurs, dont une vingtaine de pays occidentaux tels que le Royaume Uni, la France et l’Allemagne, mais les Etats-Unis et le Japon n’y font pas partie.
La création des deux institutions financières intervient dans un contexte où une réforme du FMI se fait toujours attendre en raison du blocage du Congrès américain. Les droits de vote des pays émergents au sein de l’institution ne sont pas, selon eux, corrélés avec leurs poids économiques. La Chine, deuxième puissance économique mondiale, ne dispose que de 4 % de droits de vote, loin derrière ceux des Etats-Unis (16,75 %). Par ailleurs, affecté par les sanctions liées à la crise ukrainienne et la chute du rouble, la Russie souhaite, de son côté, trouver une nouvelle ouverture auprès de ces deux banques.
Bonne semaine à tous.
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