Soins : Pierre Fabre / Galénic / Yatsen (France / Chine)
Après une procédure d'appel d'offre organisée par BNP Paribas, Pierre Fabre, le groupe pharmaceutique et dermo-cosmétique propriétaire notamment de la marque Avène et fort d’un chiffre d’affaires de 2,4 Md€, cède deux marques : Galénic et Elancyl. La première générant environ 20 M€ de revenus est reprise par une jeune entreprise chinoise, Yatsen, fondée en 2016 (voir la fiche d'opération ci-desous); la seconde, spécialiste des soins anticellulite aux 9,8 M€ de chiffre d’affaires, est acquise par l’espagnol Cantabria. Pierre Fabre conserve une participation minoritaire de 10 % au capital de Galénic pour gérer les actifs de Galénic en Europe. Créée par M. Pierre Fabre en 1977, la marque s’appuie sur la science galénique pour assurer l’efficacité des substances actives en gagnant un statut de marque emblématique dans le secteur. Après l’acquisition effective dès le mois de novembre, le nouvel actionnaire chinois de contrôle lance la commercialisation de la marque en Chine, ainsi que sur d’autres marchés asiatiques. La fabrication et les R&D des nouveaux produits seront cependant confiés encore au groupe Pierre Fabre tout en bénéficiant de la capacité d’innovation et de l’expérience de la construction de marques du groupe français. En parallèle de l’annonce de cessions, le groupe français relocalise une partie de son activité de production sur ses sites français à Gaillac (Tarn) et Aignan (Gers) avec un ticket de 11 M€.
Reconnue en Chine pour sa marque phare de soins Perfect Diary, la jeune entreprise cosmétique chinoise Yatsen de 4 ans, basée à Guangzhou (près de Hong Kong), a su se développer avec une croissance phénoménale. Conseillé par Goldman Sachs, Morgan Stanley, CICC, Yatsen vient de déposer sa demande auprès des autorités américaines pour réaliser son IPO aux États-Unis, en devenant le premier groupe chinois de la beauté à s’introduire en Bourse américaine. D’après les analyses de la presse chinoise, sa capitalisation boursière pourrait s’élever à 4 Md$. Son chiffre d’affaires de l’an dernier a atteint 3,03 milliards de yuans (433,6 M$), contre 640 millions de yuans (93 M$) en 2018. Impacté par la crise sanitaire au début de l’année, le groupe a enregistré un chiffre d’affaires de 3,27 milliards de yuans (479,5 M$), pour un résultat négatif de 500 millions de yuans (73 M$). L’enjeu pour le groupe Yatsen consiste particulièrement à la montée en gamme de ses produits, tandis que Galénic comble parfaitement ses besoins. Selon le document de Yatsen déposé à la SEC (Securities and Exchange Commission), la Chine est devenue le premier marché mondial de la beauté en 2019 avec 38,8 Md$ de ventes (soit environ 21,4 % du secteur mondial), et le chiffre d’affaires sur l’ensemble du secteur pourrait atteindre 68,7 Md$ en 2025 -équivalent à environ 29,5 % des marchés mondiaux d’ici 5 ans- pour une croissance annuelle d’environ 10 %.
Medtech : FH Ortho / Olympus / LBO France (France / Japon)
FH Ortho, fabricant alsacien de prothèses orthopédiques de 44 M€ de chiffre d’affaires, soutenu depuis 2014 par un pool d’investisseurs emmenés par LBO France, scinde son activité et confie ses implants orthopédiques au japonais Olympus et logeant son activité liée au rachis dans Spine Innovations (lire aussi l’article CFNEWS : FH Ortho se greffe à un japonais). Conseillée par Edmond de Rothschild Corporate Finance, la cible, qui commercialise ses produits auprès des hôpitaux et cliniques et réalise 30 % de son activité à l’international, intègre le groupe Olympus, qui tente de pénétrer le marché européen.
Coté à Tokyo, Olympus Corporation, acteur majeur dans l’imagerie, s’est retiré du marché photographique en été dernier, en cédant ses activités d’appareils photo au fonds compatriote Japan Industrial Partners (lire aussi notre chronique précédente). Présent sur ce marché depuis 1936, le groupe japonais se concentre sur ses divisions de l’imagerie médicale et de matériels industriels. Ayant les smartphones comme concurrents, les appareils photo de la marque Olympus sont déficitaires consécutivement pour les trois dernières années, son chiffre d’affaires s’élevait à environ 364 M€ pour une perte de plus de 83 M€.
Corporate Finance : Bpifrance / Samruk-Kazyna (France / Kazakhstan)
Après le Qatar Investment Authority (QIA), le Russian Direct Investment Fund (RDIF), ou encore la société d'investissement dubaïote Mubadala, Bpifrance noue un partenariat avec Samruk-Kazyna, le fonds souverain du Kazakhstan (lire aussi l’article CFNEWS : Bpifrance s'allie de nouveau à un fonds souverain). Une alliance qui permet de constituer une enveloppe de co-investissement de 100 M€, dédiée aux PME et ETI françaises et kazakhstanaises afin de contribuer au développement des relations d'affaires entre les deux pays. La plateforme ciblera les entreprises françaises, kazakhstanaises ou joint-ventures dans des secteurs aussi variés que l'industrie, la transition écologique et énergétique, l'agriculture, l'éducation ou encore la santé. Les deux partenaires investiront, en direct, des tickets compris entre 10 et 40 M€.
Réalité virtuelle : Emissive / Bpifrance, ArtNova, HTC (France / France, Taïwan)
Emissive, agence de réalité virtuelle ou augmentée pour les marques finance sa seconde activité autour d'expéditions immersives proposées aux musées du monde entier en ouvrant son capital à Bpifrance, ArtNova et le groupe taïwanais électronique HTC contre 2,9 M€. Créant depuis quinze ans des expériences sur-mesure de réalité virtuelle ou augmentée pour les évènements de marques de luxe essentiellement, Emissive, fondée par Emmanuel Guerriero et Fabien Barati, se lance dans la production de contenus en réalité virtuelle qualifiés « d'expéditions immersives » destinés aux musées. Une nouvelle activité l'ayant conduite à lever 2,9 M€ pendant le premier confinement pour son premier tour, la valorisant près de 10 M€ (lire aussi l’article CFNEWS : Emissive visite trois investisseurs).
Distribution : Bio c’ Bon / Carrefour (France)
Le sort du troisième réseau de distribution Bio c’ Bon avec ses 107 points de vente, générant 130 M€ de revenus en RJ depuis début septembre, a été scellé par le TC de Paris en faveur de Carrefour, devançant Zouari et Biocoop. Le groupe emmené par Alexandre Bompart qui accélère en centre urbain et envisage 5 Md€ de revenus sur le bio, met sur la table 60 M€ (lire aussi l’article CFNEWS : Bio c’Bon repris par un acteur de la grande distribution). La famille Zouari, actionnaire de Picard, a également présenté une offre de reprise après avoir abandonné ses négociations exclusives de rachat en juin. Pour mémoire, le géant japonais de la grande distribution Aeon était présent au capital du distributeur de produits bio à hauteur de 19,9 % depuis 2018, il avait noué une JV pour son développement au Japon.
Ferroviaire : Vossloh Locomotives / CRRC (Allemagne / Chine)
Conseillé par Clairfield en Allemagne, Vossloh AG, groupe allemand d’infrastructures ferroviaires, a cédé sa filiale Vossloh Locomotives, spécialisée dans la conception, la fabrication et la maintenance de locomotives, au chinois CRRC Zhuzhou Locomotives, filiale du plus grand constructeur ferroviaire dans le monde CRRC. L’opération permet à CRRC aux plus de 27 Md€ de revenus avec un effectif de près de 170 000 personnes de prendre pied en Allemagne, à Kiel (au nord de Hambourg), où l’un des sites de production les plus modernes d’Europe a été inauguré par Vossloh Locomotives il y a deux ans. La cible emploie aujourd’hui 500 salariés pour un chiffre d’affaires d’une centaine de millions d’euros.
E-commerce & luxe : Farfetch / Eurazeo (Royaume-Uni / France)
Eurazeo Growth, pôle de la société d'investissement cotée, a vendu sur le marché sa participation dans le vendeur en ligne britannique Farfetch, coté sur NYSE, au prix de 90,4 M€. Il a réalisé en effet un multiple de 4,1 et un TRI d'environ 38 % après avoir cédé sa participation en Bourse au cours des derniers jours depuis son entrée au capital en 2016 lors du sixième tour de Farfetch, injectant 20 M$ sur les 110 M$ levés. La place de marché britannique de vêtements, chaussures et accessoires de mode haut de gamme fondée en 2008 par le Portugais José Neves était entrée à la Bourse de New York en septembre 2018 à 20$ l'action. Son cours dépasse 34 $ aujourd'hui pour une capitalisation boursière de 11,6 Md$. Selon le site web américain The Information, le géant chinois Alibaba aurait entamé des discussions pour investir 300 M$ aux côtés du groupe suisse Richemont. L’information n’a été confirmé par aucune partie. Pour mémoire, au début de l’année, Farfetch a levé 250 M$ (227 M€) sous forme de obligations convertibles auprès de deux investisseurs : Tencent, coté à Hong Kong, et le fonds Dragoneer, basée à San Francisco, qui ont chacun investi 125 M$ (lire aussi notre chronique précédente). Farfetch entretient également un partenariat étroit avec JD.com, son important actionnaire, qui lui avait misé un ticket de 397 M$ en 2017 et avait remis au pot lors de l’IPO en septembre 2018 pour maintenir ses parts. En mars 2019, Farfetch a acquis JD Toplife auprès de son actionnaire chinois JD.com.
Fintech : Ant Group (Chine)
Deux jours avant sa cotation à Shanghai et à Hong Kong, la Chine a suspendu l’IPO record d'Ant Group (lire aussi notre chronique précédente). Quatre autorités chinoises (la Banque populaire de Chine, China Banking and Insurance Regulatory Commission, China Securities Regulatory Commission, State Administration of Foreign Exchange-SAFE) ont convoqué les personnes ou managers clés d’Ant Group, le contrôleur de facto Jack Ma Yun, le président Xiandong Jing, le CEO Xiaoming Hu. Les deux opérateurs boursiers SSE Star Market à Shanghai et HKEx à Hong Kong ont également annoncé le report de la cotation d’Ant Group. Le montant de levée s’élevant à 34,4 Md$ et la capitalisation boursière de 313 Md$ pourraient être revus. Ant Group a pénétré dans la vie quotidienne des Chinois via sa plateforme ultra populaire Alipay, créée en 2003 comme outil de paiement pour sa plateforme d'e-commerce C2C Taobao. La plateforme de paiement réunit 730 millions d’utilisateurs actifs et 80 millions de commerçants, est devenue un vrai concurrent des institutions financières chinoises. Les régulateurs chinois ont regardé le business plan de la plus grande fintech dans le monde avec méfiance, notamment le risque des crédits. Pour répondre aux autorités, au lieu d'utiliser son fonds propre pour octroyer des prêts, Ant Group agirait désormais principalement en tant qu'agent des banques, les présentant à des emprunteurs particuliers et à PME. Il se définit en tant qu’un partenaire technologique des établissements bancaires mais non comme un concurrent.
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