Matières premières : Carbone Savoie / Tokai (France / Japon)
Après la reprise par le spécialiste du retournement Alandia il y a plus de quatre ans, Carbone Savoie a rejoint en avril dernier le groupe japonais Tokai Carbon, coté à Tokyo. Ce dernier s’est associé à sa filiale allemande Tokai Cobex pour s’emparer respectivement de 70 % et 30 % du capital des anciens sites rhônalpins de fabrication de cathodes en carbone et graphite de Rio Tinto, pour 19,7 milliards de yens (environ 166,1 M€). Remontant en 1897, Carbone Savoie a enregistré une croissance consécutive depuis 2017 pour un chiffre d’affaires 136,2 M€ au dernier exercice fiscal, dont 95 % à l'export. Son Ebitda est passé de 2,9 M€ en 2017 à 25,6 M€ l’an dernier. Employant aujourd’hui 350 salariés, la cible comprend deux sites industriels de Vénissieux, dans le Rhône, et de Notre-Dame-de-Briançon, en Savoie. Ses produits de carbone et de graphite synthétique sont appliqués dans divers secteurs, notamment des graphites de spécialité et de poudres de graphite pouvant être utilisés dans les batteries électriques en lithium-ion. Pour rappel, elle avait été reprise par Alandia Industries (61,9 %), le management et les salariés (lire aussi l’article CFNEWS : Carbone Savoie retourné) en 2016. Ayant généré des revenus d’environ 2,14 Md € l’an dernier, le groupe japonais est impacté par le covid-19 au premier trimestre cette année pour un chiffre d’affaire de 52,79 milliards de yens (environ 442,7 M€), soit un recul de 23,3 %.
Industrie : Runipsys / Yudo (France / Corée du Sud)
Fondée en 1994 par Stéphane Delachaux, l’entreprise familiale Runipsys (anciennement sous nom RUNner Injection Plastic SYStem) intègre le groupe sud-coréen Yudo. Basée à Méry (Savoie), elle se spécialise dans le moulage par injection en canal chaud de grande et moyenne taille pour l'automobile avec un focus sur la fabrication de sequential valve gating système (SVG). La cible dispose des sites de production en France et en Chine et d’un réseau commercial dans les principaux marchés en Amérique (États-Unis, Canada, Mexique), en Europe (France, Allemagne, Espagne, Portugal, Italie), et en Asie (Chine). Quant à l’acquéreur coréen, le groupe familial, fondé par Francis Yu en 1980, est également un mouleur par injection en canal chaud pour un large catalogue doté de 432 brevets, en employant 2 500 salariés repartis un réseau commercial de 123 implantations.
Biotech : Bionomics / Domain (Australie / France)
Domain Therapeutics, biopharma strasbourgeoise développant des candidats médicaments ciblant les récepteurs membranaires dans les maladies du système nerveux central, a finalisé en mars dernier une double acquisition de Prestwick Chemical et de Neurofit auprès de Bionomics, biopharmaceutique cotée australienne. Les acquisitions, conclues en décembre dernier, se sont établies sur 1,8 M€, le montant de la dette due par Bionomics à ses anciennes filiales pour les recherches scientifiques qu'il a menées sur les candidats médicaments et cette somme sera payée par Domain. Prestwick Chemical renforcera les capacités en chimie médicinale de Domain alors que Neurofit apportera sa plateforme de pharmacologie animale et ses nouvelles approches pharmacologiques in vivo. Pour ces opérations, Domain Therapeutics étaient conseillés par Bird & Bird (Emmanuelle Porte, Anne-Charlotte Le Bihan, et Pierre Lagresle).
Matériel médical : Interchim / Junzheng, Advion (France / Chine, États-Uni)
Basé à Montluçon (l'Allier), Interchim, fabricant de matériel médical générant près de 50 M€ de revenus, passe du giron d'une famille auvergnate à un actionnaire asiatique, Junzheng (coté à Shanghai), fort d'1,3 Md€ de revenus. Pilotée par Degroof Petercam, la transaction avait été actée en octobre dernier, pour 57,7 M€ en cash. Coiffant les sociétés Interchim, Interchim Instruments, Orgabiochrom et Novaquest, le groupe Interchim, employant 120 collaborateurs, avait été créé en 1970 par un ancien de Sanofi, père de l’actuel dirigeant Dave Patteson. L'export représente quelque 80 % de ses revenus. Le développement d'Interchim passera d'ailleurs par de nouveaux appuis aux États-Unis grâce à un rapprochement juridique en cours avec l'une des sociétés sœurs de Junzheng et partenaire d'Interchim depuis 2012 : l'américaine Advion. Dave Patteson, sera amené à diriger le périmètre fusionné. Il veillera à combiner les ressources commerciales, industrielles et de recherche d'Interchim et Advion pour proposer une offre intégrant leurs spécialités respectives : la chromatographie liquide (méthodologie de séparation de matière) et la spectrométrie de masse (identification de molécules selon leur masse) (lire aussi l’article CFNEWS : Interchim étale sa science en Chine).
Logiciels : Lodecom / TSG (France / Nouvelle-Zélande)
Après l’acquisition de l’éditeur lillois Stadline réalisée en avril dernier, la PME occitane Lodecom entretient l'appétit et la forme de Transactions Services Global (TSG), pour les éditeurs français spécialistes de la gestion de clubs de sports et de fitness. La cible salarie une trentaine de personnes, équipe actuellement plus de 1 500 sites, principalement en France, ainsi qu'au Maroc, alors que TSG génère plus de 100 M$ de revenus (lire aussi l’article : Lodecom se refaçonne).
Transports : ADP / GMR Airports (France / Inde)
Le groupe ADP a finalisé sa prise de participation de 49 % dans GMR Airports, dans des conditions révisées pour tenir compte de l'impact de la pandémie de Covid-19 sur le secteur aérien et ses perspectives à moyen terme dans les aéroports du groupe indien. Pour mémoire, en février dernier, ADP s’était engagé à reprendre, pour un peu plus d'1,3 Md€, 49 % du groupe familial indien, valorisé plus de 2,6 Md€ par cette opération (soit 13x l'Ebitda). Une opération a été réalisée en deux tranches : une première prise de participation de 24,99% en février, et 24,01 % au cours des mois suivants. Aux termes de l'amendement, le montant payé au deuxième closing est réduit de 126 M€ par rapport au montant prévu initialement de 658 M€. En détail, la deuxième tranche est désormais structurée en deux parties : un montant ferme pour un montant net de 532 M€ et un complément de prix (earn-out), pour 126 M€, « conditionné à l'atteinte de certaines cibles de performance des activités de GMR Airports d'ici à 2024 » (lire aussi l’article CFNEWS IMMO : Conditions revues pour la prise de participation d'ADP dans les aéroports indiens).
TIC : Cloudpic / Cathay Innovation (Chine / France)
Cathay Innovation a mené, en mai dernier, la levée de fonds (série A+) Cloudpick pour un montant confidentiel (une dizaine de millions d’euros). Fondée en 2017 et basée à Shanghai, la cible utilise plusieurs technologies d’IA comme reconnaissance visuelle, machine learning et moteur algorithmique de reconnaissance du comportement pour identifier les produits et les comportements d'achat des clients sur le lieu de vente au détail, elle est ainsi capable de fournir une expérience d’achat (Grab & Go) avec paiement sans contact. Cette technologie a aujourd’hui équipée une centaine de magasins aux États-Unis, au Canada, Japon, à Singapour, en Corée du sud et Chine.
Nomination : Bignon Lebray (Lyon et Desk Inde)
Jean-Marie Tocchio rejoint le bureau lyonnais de Bignon Lebray en qualité d’associé pour renforcer les practices de droit des sociétés - Fusions & Acquisitions et de droit des contrats ainsi que pour créer un Desk Inde. Formé à l’IEP de Grenoble, à l’université Montpellier I ou encore l’Oxford Brookes University, il dispose d’une expérience de plus de 21 ans chez Adamas, d’abord en tant que collaborateur puis en tant qu’associé. Il sera accompagné d'Amair Farooqui, collaborateur établi à New Dehli et chargé du suivi quotidien des activités du Desk Inde.
Télécom : Jio Platforms (Inde)
La liste d’investisseurs du nouveau géant indien télécom Jio Platforms s’actualise avec trois géants américains : Intel Capital, Qualcomm Ventures et Google. Ils ont injecté respectivement 253 M$, 97,2 M$ et 4,49 Md$ pour 0,39 %, 0,15 % et 7,73 % du capital. Les opérations portent ainsi le montant total des levées de Jio Platforms à 1,52,056 crores de roupies indiennes (environ 20,2 Md$) depuis sa création en novembre tout en regroupant les activités télécom et de services numériques de Reliance Industries, dirigé par Mukesh Ambani. Cette opération a pour ambition de donner naissance à un groupe comparable aux géants numériques mondiaux. Sa filiale Jio, premier opérateur mobile du pays, compte aujourd’hui 388 millions de clients. Les levées étaient spectaculaires surtout dans le contexte de la crise sanitaire mondiale liée au Covid-19, auprès de Facebook (9,99 %), Google (7,73 %), Silver Lake (2,08 %), Vista Equity Partners (2,32 %), General Atlantic (1,34 %), KKR (2,32 %), Mubadala (1,85 %), ADIA (1,16 %), TPG (0,93 %), L Catterton (0,39 %), Public Investment Fund (PIF) de l’Arabie saoudite (2,32 %), Intel (0,39 %) et de Qualcomm (0,15 %). Et les opérations étaient quasiment toutes établies sur une même valorisation de 65 Md$ en equity pour une valeur d’entreprise de 69 Md$.
Internet : Sina (Chine)
Coté au Nasdaq depuis 2000, Sina, groupe de l’internet et de média chinois, fait l’objet d’une opération de privatisation en vue d’un retrait de la cote, sur une valorisation de 2,7 Md$, initialisée par son management emmené par son fondateur Charles Cao Guowei. L’offre représente une prime de 20 % par rapport au cours moyen des 30 jours passés, la capitalisation s’affiche aujourd’hui environ 2,6 Md$. L’activité de média de Sina, en déclin, est dépassé par ses concurrents comme Tencent News (Tencent Holdings, coté à Hong Kong) et Jinri Toutiao (Groupe ByteDance, propriétaire de Tiktok), ses revenus proviennent principalement de Weibo, réseau social au même profil que Twitter, à la hauteur d’environ 80 %. Coté aussi au Nasdaq, Weibo, fort d’un chiffre d’affaires de 2,2 Md$, revendique 500 millions d’utilisateurs actifs mensuels. Il est détenu à 45 % par Sina, mais ce dernier possède 71 % du droit de votes.
En raison des tensions politiques et commerciales entre les deux puissances mondiales, une vague de retraits de la cote et de cotations secondaires apparait parmi les plus importantes sociétés chinoises cotées aux bourses américaines. Alibaba, NetEase et JD.com ont successivement réussi leurs cotations secondaires à Hong Kong. Le site web des petites annonces en ligne chinoises 58.com, coté sur NYSE, fait également l’objet d’une opération de LBO en vue d’un retrait de cote sur une base de valorisation de 8,7 Md$, l’opération en cours étant lancée par le fondateur s’associant à Warburg Pincus et General Atlantic (lire aussi notre chronique précédente). D’ailleurs, coté également au Nasdaq, Changyou.com, spécialiste de jeux vidéo en ligne massivement multijoueur fondée en 2007 et spin-off du groupe chinois Sohu en 2009, a été reprise par Sohu au début de l’année sur 579 M$.
Fintech : JD Digits (Chine)
JD Digits (ex JD Finance), filiale de la fintech du groupe de l’e-commerce chinois JD.com (coté au Nasdaq), pourrait s’introduire en bourse sur la nouvelle plateforme à Shanghai, Star Market, qui aura l’ambition de concurrencer le Nasdaq, selon les documents rendus aux autorités locales et des courtiers boursiers. Spin-off de JD.com en 2017, la cible, fournissant des crédits aux particuliers et entreprises, des services de gestion privée, et des produits avec l’application des technologies comme l’IA et la blockchain pour la gouvernance urbaine et d’agriculture, avait été valorisée 133 milliards de yuans (environ 18,8 Md$) avec sa dernière levée de 13 milliards de yuans (environ 2 Md$) en été de 2018 (lire aussi notre chronique précédente). En juin dernier, JD.com vient de réussir sa cotation secondaire à la place boursière de Hong Kong avec une levée d’environ 3,87 Md$.
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