Courtepaille sait désormais à quelle sauce elle sera mangée. Le Tribunal de Commerce d’Evry vient de trancher en faveur de Buffalo Grill pour la reprise de l’enseigne de restauration en difficulté, au détriment de l’offre du groupe Bertrand qui avait pourtant la faveur du management et des salariés, estimant le premier groupe indépendant de restauration français plus à même de garantir la pérennité de l’emploi. Sauf que la proposition de ce dernier était moins disante financièrement : 10,5 M€ contre 17 M€ pour Buffalo Grill et socialement : 1981 emplois sauvés vs 2208 pour le repreneur. Le critère arithmétique l’a donc emporté dans un secteur où aucune enseigne n’est sortie indemne du confinement, sans parler de celles qui soufraient bien avant la crise sanitaire. Courtepaille en faisait partie. Cinq ans après son lender-led avec ICG, la chaîne de restauration n’ayant pu obtenir de PGE pour faire face à l’impact Covid, s’est donc placée en RJ pour faciliter sa reprise, sous la houlette des administrateurs judiciaires Hélène Bourbouloux et Frédéric Abitbol. Mais son acquéreur, Buffalo Grill, n’affichait pas non plus une santé éclatante avant la crise sanitaire. Il a lui-même été refinancé in extremis par un PGE, à l’issue d’un bras de fer musclé entre ses multiples créanciers qui ont fini par majoritairement céder la dette, avec une forte décote, à l’actionnaire majoritaire TDR Capital allié au fonds de dette Albacore.
Dupliquer le plan de transformation
Repris en 2017 en LBO bis par le fonds britannique TDR Capital pour une valorisation de 400 M€ signant la sortie d’Abénex et Nixen (lire ci-dessous), Buffalo Grill affiche un chiffre d’affaires de 600 M€ en 2019 avec 360 établissements, dont une centaine en franchise, employant au total 8.000 salariés. L’enseigne spécialisée dans les grillades a mené un plan de transformation en 2018 et 2019 afin de moderniser son offre et rajeunir sa clientèle. Ce qui a d’ailleurs contribué à convaincre le tribunal du « savoir-faire de place dans ce secteur » de l’actionnaire de Buffalo Grill et de son management mené par Jocelyn Olive. Le projet industriel a donc paru crédible avec « un business plan plus ambitieux à la fois dans son périmètre et dans ses objectifs de retour à la rentabilité fondé sur un projet similaire dans ses composantes à celui appliqué apparemment avec succès à Buffalo Grill » d’après le jugement que s’est procuré CFNEWS. Reste à voir si la première enseigne de restauration à thème française saura digérer son confrère pour un périmètre aussi ambitieux de 145 restaurants en propre en plus des 92 franchisés.