Un soleil rayonnant, 25 degrés au mercure, 5 343 visiteurs (vs 2 904 en 2021), 18 000 m2 de stands sur trois niveaux et plus d'une centaine de tables rondes et panels. Tous les voyants étaient au vert pour cette nouvelle édition de l'IPEM tenue du 20 au 22 septembre. La première à Cannes depuis la survenue du Covid début 2020. Il faut dire que l'événement - qui n'attendait initialement « que » 4 000 participants - était très attendu, après une édition 2021 qui n'avait pas su conquérir unanimement son public. Et le changement de date de cette septième édition, initialement prévue pour mars avant qu'une nouvelle vague ne vienne contrecarrer les plans du CEO de l'IPEM Antoine Colson, n'a finalement pas fait retomber le soufflé. « Etant en phase de levée avec un closing prévu pour l'année prochaine, nous jugeons le timing encore plus opportun que lorsque l'IPEM se tenait en janvier car les LPs sont encore en phase de due diligence pour leur budget 2023 », note ainsi la RI d'un fonds américain fraîchement installé en France. Une dynamique qui profite avant tout aux fonds basés outre-Atlantique, aidés par le cours du dollar, avance en outre un agent de placement.
Une disette annoncée sur le venture
Entre les stands et les bulles de champagne, la bonne humeur des participants détone avec l'actualité macro-économique morose dont les journaux se font l'écho depuis quelques semaines. « Malgré la conjoncture, il est assez déroutant de voir que tous les indicateurs sont au vert dans les comptes des participations en portefeuille des fonds », note ainsi le patron de la business unit Corporate Finance d'un cabinet international de conseil stratégique aux entreprises. Celui-ci avertit toutefois sur la nécessité pour les entreprises de « rationaliser leur structure de coûts » en raison de la « surchauffe » en cours sur les prix de l'énergie et les perturbations sur les supply chains amenant déjà quelques dossiers de restructuring chez les TPE et les PME.
Les entreprises du haut du panier ne semblent pas épargnées pour autant : les deals supérieurs à 500 M€ « ne passent plus, pour des raisons d'accès au financement », admet le head of Europe d'un des plus gros fonds Tech d'origine américaine. Cet adepte du buy-and-build à l'approche hands on se dit néanmoins « plus opportuniste que jamais, à condition d'être prêt à mettre les mains dans le moteur ». Sur les plus petits segments de marché, un avocat évoque quant à lui « une disette à venir sur le venture, avec une prise de conscience qu'un retour à des niveaux de valorisation plus raisonnables est nécessaire ».
Certains de ses clients - ayant déjà passé le cap du milliard d'euros levés - « préférant même parfois ne pas annoncer publiquement être devenus licornes, l'éclat étant désormais retombé ». A cet égard, Alain Godard, ex-CEO du Fonds européen d’investissement (EIF), a déploré que les ¾ des start-up européennes soient soutenues par des VCs anglosaxons ou asiatiques. Constat qui a d’ailleurs motivé la création d’un fonds européen pour la souveraineté digitale pour pallier le manque de financement late stage des pépites tech européennes que le même Alain Godard chapeautera à partir de janvier 2023.
La confirmation de l'ESG
A l'inverse, les stratégies ESG semblent continuer de traverser les cycles économiques sans turbulence (lire la septième édition de l'annuaire ESG de CFNEWS). L'IPEM a d'ailleurs été l'occasion d'officialiser le lancement de nouvelles stratégies autour de l'impact (fonds autour de la reforestation, du capital humain, de la réduction de l'empreinte carbone des entreprises...) dans le cadre des panels dédiés à la thématique, mais aussi en marge des discussions officielles. « Les entreprises qui innovent sur la thématique de l'environnement sont portées par des trends forts qui nourrissent leur croissance », martèle avec conviction un fonds pure player de l'ESG. Pour autant, le greenwashing n'est jamais bien loin. « Certains sont prêts à tout pour surfer sur la vague. Je viens de croiser un fonds qui se targue de faire de l'impact simplement car il investit dans le Made In France », raillait un conseil croisé dans les allées du salon.
L'enjeu de la mesure
Mais l’ère du concret semble toutefois prendre le pas sur les déclarations de bonnes intentions et à l’affichage cosmétique. La maturation de l’écosystème de conseils autour de l’ESG était bien visible dans les stands et panels du salon avec l’apparition de nouveaux acteurs rodés aux contraintes du private equity, comme Carbometrix, co-fondé par l’ancien associé d’Astorg Christian Couturier positionné sur la mesure des émissions carbone Scope 3 des portefeuilles des GPs. L'enjeu de la mesure semble donc clé, notamment sous l'impulsion de la réglementation, comme s'attachera à démontrer le prochain magazine de CFNEWS en novembre prochain. La prochaine édition de l'IPEM, elle, devrait être annoncée pour le début de l'année prochaine. L'événement réunirait GPs et LPs à Cannes, précédant un second événement réunissant quant à lui tous les acteurs à Paris.