Le retour à la normale suit son cours. C'est en substance l'enseignement du dernier indice Argos réalisé avec Epsilon Research, lequel prend pour mémoire en considération les opérations comprises entre 15 M€ et 500 M€ de valeur des titres en Europe.
Après de très hauts niveaux au deuxième trimestre 2021 à 11,6x, puis une correction amorcée au Q3 avec des valorisations descendues à 11 x l'Ebitda (lire ci-dessous), le Q4 2021 affiche une baisse de 9 % ramenant les multiples moyens à 10x. « Cela représente un retour à la normale après un peu de chahut "covidesque", et un retour aux niveaux de 2019 et dans la moyenne des deux dernières années », analyse Louis Godron, associé chez Argos Wityu. Cette correction uniforme selon les segments de marchés se double d'une convergence entre les multiples payés par les fonds et ceux payés par les entreprises (constituées à 72 % de grands corporates cotés), lesquels s'établissent respectivement à 10x et 9,9x (vs 11,3x et 10,9x au Q3 2021). « L'écart entre les stratégiques et les fonds s'est complètement gommé sur les deux derniers trimestres dans un contexte de baisse collective reflétant notamment les tensions sur les chaînes d'approvisionnement et les risques liés à l'inflation » explique François Becque, directeur de participations chez Argos Wityu.
Un record de transactions à plus de 15x
Pour autant, de nombreuses opérations continuent de se réaliser sur la base de multiples importants. L'étude recense un niveau record de 26 % des transactions valorisées plus de 15x (vs 25 % au trimestre précédent). De l'autre côté du spectre, les transactions payées moins de 7x l'Ebitda explosent, représentant 15 % des deals, après avoir baissé pendant le Covid, « notamment au deuxième semestre 2020, où le marché était très concentré sur des opérations Santé et Tech », analyse François Becque. Cette fois, les secteurs traditionnels tels que l'industrie et les services représentent environ 70 % de l'échantillon, à des niveaux proches de l'avant-crise. Mais l'écart de multiples entre ces secteurs et la Tech-Santé reste très marqué, à plus de 4x l'Ebitda en moyenne.
Des perspectives inchangées
Au 4ème trimestre 2021, l'activité M&A du mid market européen progresse de 2 % en volume, mais baisse de 13 % en valeur. Cela s'explique notamment par le déficit d'opérations de taille importante induit par le rééquilibrage sectoriel opéré vers l'industrie et les services. Ce recul représente un fort contraste avec le marché mondial, qui affiche selon Refinitiv une croissance de plus de 60 % en valeur en 2021 (à 5,8 tn$), soit son niveau le plus élevé depuis 40 ans. En Europe, ces multiples moyens d'environ 10x devraient néanmoins durer, dans un contexte où les taux longs (OAT) restent proches de 0 %. « Les nombreuses liquidités des fonds et des entreprises ne trouvent pas à s'employer de manière très utile sur les marchés financiers. Il est donc toujours très favorable de procéder à des acquisitions », explique Louis Godron.