L'euphorie post-Covid subit un coup d'arrêt. Selon l'étude menée par France Invest et Grant Thornton sur l’activité des acteurs du capital-investissement français au premier semestre 2023*, les levées de capitaux ont ainsi enregistré un léger retrait, renouant ainsi avec les moyennes historiques observées. Dans le détail, 8,1 Md€ ont été levés au S1 2023, loin derrière le record de 16,1 Md€ au S1 2022 mais en ligne avec les 8,7 Md€ collectés en moyenne entre le S1 2016 et le S1 2020. Toutefois, « les levées sont plus longues à se concrétiser », souligne l'étude, puisque les véhicules ont mis sept mois de plus que le temps nécessaire ces dernières années (S1 2016 - S2 2022) pour atteindre leur closing final. Dans ce contexte, la proportion des capitaux levés à l'étranger reste stable, à 51% (vs 50% l'an dernier), mais les particuliers (FO et personnes physiques) gagnent du terrain puisqu'ils représentent 26% des engagements (+39% par rapport à la moyenne historique). Ces LPs individuels, qui pèsent au total 2,3 Md€ des engagements et deviennent ainsi les premiers investisseurs en PE, ont souscrit quelque 231 M€ à travers des unités de compte d'assurance-vie.
Le capital-innovation... immunisé
Mais tous les fonds ne sont pas logés à la même enseigne. Ceux ayant réuni moins de 100 M€ se maintiennent à un haut niveau historique, avec 3,7 Md€ collectés par 182 véhicules (contre 3,3 Md€ pour 160 fonds au S1 2022), tandis que leurs plus gros homologues renouent avec les niveau pré-Covid, avec un ralentissement particulièrement fort sur les fonds de plus d'1 Md€, puisqu'aucun n'a été levé au S1 2023, contre 6,6 Md€ agrégés via deux véhicules sur la même période l'an passé. En matière de segment de marché, le capital-innovation reste à des niveaux relativement stables (1,4 Md€ levé avec 51 fonds vs 1,6 Md€ au S1 2022) tandis que le capital-développement se maintient à 107 fonds, ces derniers ayant toutefois collecté 2,2 Md€, soit 60 % de moins que début 2022. Même sanction sur le LBO avec 56 véhicules qui ont réuni au total 4 Md€ (vs 8,9 Md€ au S1 2022), ainsi que sur le growth, qui enregistre 457 M€ réunis par 14 fonds, soit moitié moins (en valeur) qu'au premier semestre de l'année passée.
1 296 entreprises accompagnées
Les investissements ont, eux aussi, ralenti. Au premier semestre, quelque 9,5 Md€ ont été déployés à travers 1 296 opérations de capital-investissement. En montant, cela représente un recul de 22 % par rapport au S1 2022 (qui comptait 13,1 Md€ investis via 1 534 opérations), mais le nombre d'opérations reste supérieur à tous ceux enregistrés avant 2022- et même sur une année entière en moyenne entre 2006 et 2017 (8,2 Md€ en moyenne). Dans le détail, les transactions primaires ont diminué de 15 %, de même que l'ensemble des opérations de plus de 50 M€ par rapport à la moyenne S1 2016-S2 2022. Pour ce dernier segment, la baisse est encore plus marquée si on compare aux moyennes des semestres depuis le S1 2021, qui ont été marqués par une forte reprise post-covid. Une accélération des investissements dans les territoires est par ailleurs à noter : 59 % des investissement (en montants) ont été réalisés hors Île-de-France au premier semestre, contre 47 % au S1 2022 .
Des cessions ralenties
En bout de course, les sorties se trouvent - elles aussi - en recul. 623 cessions recensées pour un montant total de 3,9 Md€ (vs 733 pour 4,8 Md€ au premier semestre 2022). Cela représente une « baisse mesurée » en volume, -15 % par rapport à la moyenne des S1 2021 et S1 2022, « après deux années particulièrement actives qui correspondent à une phase de rattrapage à la suite du ralentissement observé lors de la crise sanitaire en 2020 », note France Invest.
(*Dans cette édition, 354 membres de France Invest ont été interrogés et 318 ont répondu)