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Erasteel se soude à un fonds belge

La filiale d’Eramet spécialisée dans les aciers rapides, qui a affiché 273 M€ de chiffre d’affaires en 2022, est l’objet d’un spin-off orchestré par Syntagma Capital qui souhaite accentuer son positionnement sur le recyclage de métaux.

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© Adobe Stock

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Une page est en train de se tourner chez Eramet, qui s’apprête à finaliser son plan de recentrage sur l’amont et l’extraction des minerais. Le groupe métallurgique tricolore vient de signer une promesse de vente de sa dernière entité de transformation des métaux : Erasteel. Cette filiale franco-suédoise spécialisée dans les aciers rapides et la métallurgie en poudre de 273 M€ de chiffre d’affaires 2022 était en effet la dernière positionnée sur l’aval, après les désengagements d’Aubert & Duval, signée il y a un an et qui doit se conclure d’ici fin mars (il ne resterait plus qu’une dernière autorisation réglementaire) et la vente de l’usine de Sandouville, finalisée début 2022. Accompagné par la Société Générale CIB dans ce processus, Eramet fait ici affaire avec Syntagma Capital. Cet investisseur belge opérait, entre sa création en 2009 et 2019, sur un modèle plutôt deal-by-beal,  mais s'est structuré comme une société de gestion en 2020 et déploie actuellement plus de 300 M€ pour son premier millésime institutionnel. Il est conseillé par Lincoln International pour cette nouvelle opération, qui se chiffrerait entre 100 et 150 M€, en incluant une enveloppe de cash in « en dizaine de millions d’euros », selon nos informations.

Trois carve-out en six mois

Le financier signe ici son troisième carve-out en six mois, après la reprise des activités à destination de l’industrie papetière d’Imerys, en septembre dernier, puis tout récemment, l’entrée en négociations exclusives avec Nexans pour acquérir ses activités télécoms. L’opération Erasteel, doit encore recevoir les feux verts réglementaires usuels, avant d’atteindre le stade du closing, attendu avant la fin du premier semestre. « Le processus a été formellement lancé durant l’été dernier, explique une source proche du dossier. Il y a eu des candidats industriels et des fonds, mais après les remous de la vente d’Aubert & Duval, Syntagma avait l’avantage d’être, au-delà des termes financiers, un acquéreur qui n’allait pas poser de problème pour l’antitrust ou le contrôle des capitaux étrangers. » Le cédant ne commente pas outre-mesure mais précise simplement que : « Comme dans toutes ses opérations de cession, Eramet a choisi la meilleure offre avec un repreneur ayant l’expertise nécessaire pour accélérer le développement d’Erasteel en valorisant au mieux ses activités et en s’appuyant sur ses compétences existantes. »

23 M€ d’Ebitda 2022

Christel Bories, ERAMET

Christel Bories, ERAMET

La transaction porte sur une filiale « qui affiche un historique de rentabilité compliqué, bien que rentable », relève un observateur. D’ailleurs, Syntagma se positionne comme un acteur spécialisé dans la « transformation de la complexité en performance » et mène cette opération sans endettement. Les comptes annuels du groupe métallurgique coté sur le Compartiment A d’Euronext Paris, révèlent qu’Erasteel a affiché un résultat net négatif de 121 M€ en 2022, contre un bénéfice net de 15 M€ en 2021. « Il n’y a pas eu de détérioration de l’activité en 2022, ces chiffres peuvent indiquer une dépréciation d’actifs passée par Eramet », juge un proche du dossier. Une piste confirmée dans l’annonce des résultats annuels du groupe spécialisé dans l’extraction des métaux dirigé par Christel Bories, qui a ainsi passé 126 M€ de dépréciation pour Erasteel en 2022. La dynamique serait même très positive pour Erasteel, avec un chiffre d’affaires qui a progressé de 48 % en 12 mois et un Ebitda qui a presque doublé, pour passer de 12 à 23 M€, entre 2021 et 2022. Une source proche de la société cible explique que « la progression des ventes et de l’Ebitda ne tient pas qu’à un effet conjoncturel inflationniste avec la répercussion des hausses des prix des matières premières et énergétiques. De nouveaux débouchés dans les véhicules électriques et l’électroniques, plus rémunérateurs, ont contribué à l’amélioration des résultats. » En plus de ces deux marchés, la société, qui se présente comme l’un des leaders mondiaux des aciers rapides, fabriqués de manière conventionnels dans des aciéries ou par atomisation sous forme de poudre, écoule ses produits auprès des industries automobiles, aéronautiques et de l’outillage complexe.

Cap sur le recyclage

Sebastien Kiekert Le Moult, Syntagma Capital

Sebastien Kiekert Le Moult, Syntagma Capital

« Nous avons la volonté d’investir dans la R & D, les produits ou encore le réseau commercial, explique Sébastien Kiekert Le Moult, fondateur et managing partner de Syntagma Capital. L’objectif est de renforcer la position de leader mondial d’Erasteel, avec ses 28 % de parts de marché sur les aciers rapides en poudres, en passant potentiellement par des croissances externes. Mais aussi de mettre l’accent sur l’activité recyclage qui est encore naissance et dont le potentiel est très important, car il y a des besoins industriels importants et que cela renforce l’indépendance européenne en termes d’approvisionnements. » Si 90 % des aciers rapides produits par Erasteel sont déjà fabriqués à partir de matériaux recyclés, l’ambition de Syntagma va être de porter ce chiffre à 100 % dans les années à venir. Surtout, si la future ex-filiale d’Eramet utilise une partie des métaux qu’elles recycle, à partir de piles, de batteries ou encore des catalyseurs, pour sa propre production une partie de ces minerais sont revendus auprès d’autres métallurgistes. Ces revenus directement issus du recyclage ont pesé 21 M€, l’an dernier.

 

Les opérations de carve-out et spin-off valorisées plus de 20 M€ depuis janvier 2022 © CFNEWS.net

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