L’environnement actuel (inflation, remontée des taux, tensions géopolitiques…) est loin d'être idéal pour optimiser son financement. Cela n’a pas empêché Ceva Santé Animale de remettre à plat la majeure partie de son endettement, en obtenant des conditions plutôt favorables. Conseillé dans cette opération par Lazard, le laboratoire girondin de vaccins et médicaments pour animaux aux 1,54 Md€ de chiffre d’affaires 2022 est parvenu à réunir 2,3 Md€ de term loan B (TLB). Celui-ci se compose d’un crédit syndiqué en euros de 1,8 Md€ assorti d’un taux de SOFR + 4,24 % et d’un en dollars de 540 M$ (500 M€) SOFR + 4,25 %. Ces prêts à terme arrivent à échéance en novembre 2030. Les bookrunners de la ligne en euros sont Barclays et JP Morgan, le second étant à la baguette pour celle en dollars, alors que Crédit Agricole, Natixis et Nomura se sont joints à eux sur la syndication de ce financement. En plus de ces 2,3 Md€, Ceva a obtenu un nouveau crédit revolver (RCF) de 100 M€. La TLB permet de refinancer le prêt à terme existant de 2 Md€ et 50 M€ de ligne de capex, levés en 2019 et qui étaient assortis d’un taux de 4,25 %, mais celui-ci flottait sur l’Euribor à trois mois. Le surplus de la nouvelle dette permet également de rembourser une partie de la dette mezzanine levée à l’occasion du LBO quinte de 2020.
440 M€ d’Ebitda
Cette opération, qui valorisait Ceva un peu moins de 5 Md€, permettait d’élargir le cercle des actionnaires en intégrant Téthys Invest, PSP Investments, Mitsui & Co, Continental Grain Company et Klocke Gruppe. Ces derniers rejoignaient Sofiproteol, Merieux Equity Partners, Temasek, EMZ, Sagard et Hopu Investments, qui réinvestissaient de leurs côtés. Le groupe restait cependant contrôlé par son management emmené par Marc Prikazsky et ses salariés. Celle-ci s’appuyait donc sur la TLB levée un an plus tôt mais aussi sur une mezzanine PIK de 600 M€ arrivant à échéance en 2027 et d’un tôt Euribor 12 mois + 7,5 %. En mars 2022, 58 M€ d’intérêts avaient été capitalisés après 54 M€ l’année précédente et les intérêts courus étaient de 44 M€, capitalisable en mars 2023. Ceva réduit donc le poids de cette mezzanine de 200 M€ à 250 M€, d’après Fitch, qui assigne au laboratoire girondin la note issuer default rating (IDR) de B+ et de BB- pour la TLB de 2,3 Md€. Mais ce refinancement aurait aussi un coût, estimé à 40 M€ de frais de transaction, toujours d’après l’agence de notation. Le groupe peut arbitrer entre ses différents crédits grâce à son fort développement. Il a affiché 415 M€ d’Ebitda en 2022 contre environ 270 M€ en 2020, d’après ses comptes consolidés. Cet agrégat serait même de 440 M€ à fin aout 2023 sur 12 mis glissants d’après S&P. Cette agence de notation assigne de son côté un B à Ceva.
Marge de manœuvre limitée
Et la croissance du groupe employant plus de 6 700 collaborateurs à travers 47 pays devrait se maintenir dans les années à venir. S&P estime que Ceva va pouvoir délivrer entre 6 et 7 % de croissance en 2023 et 2024 alors que Fitch parie sur 6,5 % cette année et 5 à 6 % lors des trois millésimes suivants. Cependant, la seconde agence pointe la faible marge de manœuvre pour mener des build-up à cause du levier d’endettement senior élevé, qu’elle estime à 5,9 x pour 2023 – S&P parle fait même référence à un levier de 9,7 à 10 fois l’Ebitda en 2023 en incluant les obligations convertibles ORA et ORANBSA émises lors du LBO. Fitch estime ainsi que Ceva peut financer jusqu’à 20 M€ de bolt-on chaque année grâce à ses flux de trésorerie mais qu’au-delà, elle devrait s’appuyer sur le soutien de ses actionnaires. Elle précise ainsi que si « des fusions et acquisitions à grande échelle étaient financées par la dette, cela constituerait un risque événementiel et pourraient mettre la notation de Ceva sous pression. » Le laboratoire bénéficie cependant de ressources, tant par la diversité et l’assise financière de ses actionnaires, que l’orientation de ses marchés. En 2022, toutes ses zones géographiques ont augmenté, avec +7 % pour l’Asie, + 9 % pour l’Europe de l’Est, Moyen Orient et Afrique, + 17 % pour l’Amérique du Nord et Pacifique et + 34 % pour l’Amérique Latine. Seule la zone Europe de l’Ouest - qui pèse un peu moins d'un tiers de ses revenus - s’est contractée de 2 %. Tous ses secteurs ont aussi augmenté, la volaille a crû de 16 %, les animaux de compagnie de 5 %, comme le porc et les ruminants de 7 %.