
© Adikteev
Devenus majoritaires avec les salariés lors d'une opération sponsorless début 2022, Xavier Mariani et Émilien Eychenne prennent seuls le contrôle d'Adikteev. Le duo fondateur de l'éditeur d'une solution de reciblage pour réengager les utilisateurs d'applications mobile se relue jusqu'à une soixantaine de pourcents contre 45 % précédemment, selon nos informations, à l'occasion d'un MBO monté avec AgilaCapital. L'investisseur en growth pioche dans son pool de 200 entrepreneurs pour réunir 28 M€ et occuper une place de solide minoritaire. « Les fondateurs Xavier et Emilien voulaient absolument redevenir majoritaires. Nous les avons aidés à le faire, en leur proposant l'investissement de 70 entrepreneurs de la tech, dont trois fondateurs de licornes rentables qui entrent à leur board pour les accompagner opérationnellement », commente Laurent Foata, associé fondateur d'AgilaCapital.
Ventech retire 7 fois sa mise
La dette senior, apportée par Arkéa Banque Entreprises et Institutionnel, déjà prêteur il y a trois ans, s'élève à 30 M€, soit un faible levier correspondant à deux fois l'Ebitda 2024. Des critères ESG sont indexés à ce financement. La réorganisation du capital, finalisée il y a cinq mois le 30 avril, voit la sortie des business angels, de Ring Capital entré fin 2017, et de l'historique Ventech, présent depuis l'amorçage de 600 K€ début 2013. Seul le britannique Kennet Partners, invité dans l'actionnariat lors de la vente, en partie en échange de titres, de sa participation allemande Trademob, n'a pas accepté de céder. Ventech retire un peu plus de sept fois sa mise, selon nos sources, pour son fonds 4 ("Ventech F") toujours investi dans les pépites Botify et Ogury, autre acteur du reciblage mobile.
30 M$ d'Ebitda attendu en 2025
Après le boom de 2020 et 2021 du secteur des jeux vidéo, premier client d'Adikteev, le parcours de l'adtech s'avéra plus difficile. « Quand les ventes de jeux vidéo ont reculé de 10 % en 2022, nos revenus sont restés "flat". Et en 2023, nous n'avons que très légèrement progressé. Mais après ces deux années sans croissance, notre activité se développe très vite, autour de 50 % désormais », note Xavier Mariani. La marche en avant fut aussi ralentie par l'échec de Tempr, une start-up sur laquelle le spécialiste parisien de la fidélisation pour les éditeurs d'applications mobile avait misé 3 M€ entre 2022 et 2023 afin de se doter d'un outil orienté vers l'acquisition clients. Actionnaire à 49 %, il n'avait jamais exercé son option de rachat de sa cible, aujourd'hui liquidée. Il a cependant lancé cette année son propre produit dans le domaine. L'entreprise, s'étant plusieurs fois repositionnée, a trouvé la bonne recette puisque son chiffre d'affaires s'élevait à 89 M$ en 2024 (86 M€ au taux de change de l'époque), et elle table pour l'exercice en cours sur 150 M$ (128 M€ au dernier taux), soit 68 % de croissance. Dans le même temps, la marge d'Ebitda passe de 18 à 20 %.
98 % du chiffre d'affaires hors de France
Travaillant pour les éditeurs d'applications mobile, à 80 % de jeux vidéo, dans la rétention et l'acquisition d'utilisateurs, Adikteev génère 98 % de ses ventes à l'étranger. Son effectif de 120 personnes se répartit entre Paris, San Francisco - le bureau de New York a été fermé -, et Séoul ouvert il y a plus d'un an pour attaquer l'énorme marché sud-coréen des jeux vidéo. La zone Europe et Moyen-Orient contribue à 62 % des revenus, devant les États-Unis (33 %) et la Corée du Sud (5 %). L'adtech ajoutera prochainement une implantation à Barcelone. Renouer avec des acquisitions fait partie des options, même si la forte croissance organique ne la rend pas indispensable. Pas plus que la diversification à d'autres secteurs que le gaming, « dans un marché à 45 Md$, il y a de quoi faire une boite à 1 Md$ », glisse Xavier Mariani.