Eurofeu s’apprête à changer d’actionnaire de contrôle. Détenu par Capza depuis 2020, le groupe sénonchois de sécurité incendie est en passe d’être acquis par IK Partners. Conseillé par Edmond de Rothschild CF, le GP s’est distingué d’un processus de vente animé par Natixis Partners qui aurait attiré une dizaine d’offres émanant notamment d’Astorg, Dentressangle, Triton, Ardian et Cobepa. Ces deux derniers étaient d’ailleurs en phase finale face à l’investisseur d’origine scandinave qui a remporté la mise en offrant un peu plus de 400 M€, selon nos informations. Ce prix pourrait grimper à 460-470 M€ en incluant une croissance externe en Italie, qui rajouterait un peu plus de 5 M€ d’Ebitda au groupe pour le porter légèrement sous les 35 M€. Cette opération n’est pas encore finalisée – tout celle sur Eurofeu qui doit notamment encore passer sous les fourches caudines réglementaires -, mais son financement est déjà assuré. En effet, celle-ci est comprise dans le financement du LBO prenant la forme d’une unitranche apportée par Hayfin. Cette dette serait d’un montant total – en incluant la transaction italienne - de l’ordre de 175 M€ pour un levier net tournant autour de 5 fois l’Ebitda. Le management conseillé par Sycomore CF – comprenant une centaine de cadres et emmené par Eric Hentgès - va réinvestir significativement, tout comme Capza. IK Partners va cependant être majoritaire seul.
Cap vers l’Europe
« Notre approche sectorielle nous a amené à analyser le marché de la protection incendie, que nous connaissons bien, expose Diki Korniloff, associée chez IK. Nous avons déjà accompagné trois entreprises de ce secteur Minimax Viking et SVT en Allemagne, respectivement cédées en 2014 et 2018, puis le suédois BST jusqu’en 2021. Ce marché combine plusieurs facteurs que l’on apprécie, comme le potentiel de consolidation, la résilience notamment assurée par des normes réglementaires ou encore la récurrence des revenus. Eurofeu était une cible idéale, avec un beau parcours déjà réalisé en organique et par croissance externe depuis 2020 et la reprise par Capza et Eric Hentgès. Nous souhaitons désormais densifier le maillage en France et déployer la société en Europe. » Affichant un peu plus de 200 M€ de chiffre d’affaires en 2023, le groupe pourrait rapidement atteindre le cap des 20 % de revenus générés hors de France grâce à la cible italienne, dont le nom n’a filtré. Mais IK, présent dans de nombreux pays européens, a déjà repéré des entreprises sur d’autres géographies et pourrait bénéficier de lignes de croissances externes apportées par Hayfin si besoin. A date, Eurofeu génère l’ensemble de son activité en France. Il assure la fabrication, la distribution, l’installation et la maintenance d’équipements de protection contre les incendies (extincteurs, signalisation, matériel de secours…) grâce à 1 850 collaborateurs répartis entre 42 agences et deux usines. Le groupe assure aussi des formations et dispose ainsi d’environ 160 000 clients B to B.
Doublement de taille
Avec l’aide d’IK, son objectif va être d’au moins doubler de taille d’ici quatre ans. Un changement d’échelle qu’il a déjà réussi à mener depuis 2020. A l’époque contrôlé par la famille Lahouati (encore majoritaire malgré trois OBO), Eurofeu avait été repris en juillet, juste après le premier confinement, par Capza dans le cadre d’un MBI conclu sur un prix légèrement inférieur à 100 M€ (comprenant 24 M€ d’earn out payé en 2022). L’opération qui permettait à Eric Hentgès de prendre les rênes opérationnels, portait alors sur un acteur qui affichait 100 M€ de chiffre d’affaires. « La moitié de la croissance a été organique et l’autre moitié provient d’une dizaine d’acquisitions, dont deux structurantes (Isogard et AMI2S), retrace Fabien Bernez, associé chez Capza. Il y a encore beaucoup de cibles potentielles en France et plusieurs pays recèlent des thèses de consolidation, avec des marchés très atomisés. C’est pourquoi nous avons commencé à regarder ces deux dernières années vers l’international, et notamment l’Italie. Nous avons entamé des discussions avec une belle entreprise locale active dans la maintenance. D’autres opportunités s’ouvrent à Eurofeu et nous avons donc souhaité adosser le groupe à un fonds et une équipe qui puissent accompagner cette croissance à l’échelle européenne. »