Médiascience est désormais bien rompu à l'exercice du LBO. Pour sa quatrième réorganisation de capital, le groupe spécialisé dans la conception et la distribution de matériel scientifique pour l'éducation s'entoure de trois nouveaux actionnaires : Arkéa Capital, BNP Paribas Développement et IRD Invest. L'opération découle d'un process initialement lancé début 2020 par Aurignac Finance, avant que la fermeture des écoles ne reporte le projet de sortie du pool mené par Siparex, entré en 2012 (lire ci-dessous). « Constatant que l'activité de l'entreprise avait bien résisté du fait des actions mises en place par le management, nous avons relancé le process début 2021 d'abord à destination d'industriels. Mais les corporates américains et européens, confrontés à des confinements plus longs, n'étaient pas encore prêts pour une opération aussi structurante », retrace Raphaël Brenier, partner chez Aurignac Finance.
Le choix d'un actionnariat de long terme
Face à ce trou d'air imputable à la conjoncture, la recherche de financiers de long terme s'est, plus que jamais, justifiée. « Ce marché présente une certaine forme de stabilité. Pour autant, l'évolution stratégique souhaitée par Médiascience nécessitait de s'entourer d'actionnaires capables de l'accompagner à bien plus longue échéance que 4 ou 5 ans », poursuit Raphaël Brenier. Selon nos informations, les financiers apporteraient conjointement un ticket de près de 12 M€ pour détenir une « large majorité du capital » aux côtés de Patrick Esnault, président-directeur général du groupe et de son équipe managériale. Le montage s'appuie sur une dette senior fournie par Crédit Agricole Normandie-Seine, CIC Nord-Ouest, BNP Paribas et Société Générale. « Nous avons privilégié une structuration raisonnable pour permettre au groupe de continuer à se développer et à assurer sa croissance tant en France qu'à l'étranger », commente Cyril Miller, directeur régional chez Arkéa Capital.
Une acquisition concomitante
Basé à Evreux dans l’Eure, Médiascience conçoit et distribue du matériel éducatif scientifique principalement à destination des collèges et lycées. Puisant ses origines à 1925, il bénéficie d’une notoriété parfois centenaire auprès de la communauté des enseignants via trois marques : Jeulin, Technologie Services et Ovio Instruments. Un portefeuille étoffé grâce à l'acquisition Sordalab, société dont le groupe normand signe l'acquisition concomitamment à son LBO quaternaire. La cible dispose notamment d'une offre fournie en Science de la Vie et de la Terre (outils de dissection, instruments d'étude de la géologie...), complémentaire à celle de Jeulin, historiquement orienté vers la physique-chimie. Avec 13 M€ de chiffre d'affaires et 50 collaborateurs, Sordalab est né en 1987 sous l'impulsion de l'enseignant-chercheur Patrick Moreau. Ce dernier profite de l'opération pour prendre du recul, tandis que son directeur général, Sylvain Maurel, entre au capital du nouvel ensemble. L’intégration de la société Sordalab au sein de Médiascience permet au groupe de porter son chiffre d’affaires à 60 M€, et de compter 250 salariés, devenant ainsi le leader européen de son marché.
Accélérer à l'étranger et sur le digital
Avec cette recomposition de capital et cette acquisition, financée en partie par des OR apportées par Picardie Investissement, Médiascience entend bien consolider sa position de leader en France et se développer à l'international. Le groupe, qui réaliserait aujourd'hui près de 20 % de ses ventes à l’étranger via des ventes directes ou des appels d’offres (notamment en dans les lycées français internationaux ou en Afrique francophone), s'attachera aussi à accompagner la mutation de son secteur. « Le groupe mène des réflexions sur l'accompagnement à apporter à ses clients autour des nouveaux usages du monde éducatif, tout en conservant le point essentiel qu'est de permettre aux élèves de réaliser leurs expériences de façon concrète », complète Cyril Miller.